Une purge !!! Je ne peux en dire plus car ma chronique sera dans le Bifrost n° 117, et elle ne reviendra ici qu’un an après la sortie de la revue (c’est à dire, pfff…). Je peux au moins donner le résumé de la couv’ car celui-ci est disponible partout : Leigh a toujours été attirée par la mer. Dans son enfance, à Rotterdam, elle plongeait dans les eaux de la mer du Nord pour échapper à une vie de famille malheureuse et à un père instable. Adulte, elle décide de se consacrer à la biologie marine et d’arpenter le globe pour étudier des organismes anciens. Après la découverte d’une fosse en plein océan Atlantique, Leigh se joint à une équipe de recherche dans l’espoir d’y détecter la trace des premières formes de vie terrestre, mais ce quelle trouve remet en question tout ce que nous croyons savoir sur nos origines. Ses recherches la conduisent bientôt dans le désert de Mojave, au sein d’une nouvelle agence spatiale d’une ambition sans précédent. Toujours plus impliquée dans
- Obtenir le lien
- Autres applications
Commentaires
Ce qui m’étonne le plus (mais peut-être faut-il remettre le tout dans le contexte des années 60 ?), ce n’est pas tant que les occasions de photographier, ou même le matériel avec lequel l’on photographie, puissent dépendre de la condition sociale mais plutôt que le rapport au « beau » soit aussi vulgairement associé à l’argent (finalement plus que l’apprentissage car la classe sociale ne détermine pas forcément le degré d’érudition de l’individu).
Mais admettons même que position sociale élevée et connaissance se confondent, il n’en reste pas moins une drôle d’association.
Il y aurait une beauté du pauvre (ou du crétin) et une beauté, implicitement plus « belle », du riche ou de l’être pensant et intelligent ?
C’est alors tout un rapport à l’art qui serait dévoyé.
Car, la photographie, comme la peinture, la littérature, le cinéma ou la bande dessinée, s’adressent certes à l’esprit mais aussi au cœur de l’individu.
Comprendre est essentiel, il serait vain de le nier, mais ressentir n’en reste pas moins un pont, bien réel, entre une œuvre et le lecteur/spectateur.
Que le « beau » puisse être déterminé par l’appartenance à une classe sociale, cela me navre. Pire, cela me désespère, car, ce jugement, subjectif par nature, devrait être ce qu’il y a de plus libre, de plus sauvage, de moins quantifiable au monde ! Nous faudra-t-il, bientôt, par le biais des études sociologiques, admettre que le couillon moyen tombe plus facilement amoureux des rousses ? Ou des blondes ?
La beauté d’une photo, d’un visage, d’une peinture, d’un paysage, ne dépend pas d’une soi-disant appartenance à une classe ou une catégorie. Elle dépend d’un vécu, d’une sensibilité, d’une histoire, de mille choses qui font que, jamais, une même image ne sera reflétée de manière égale dans les yeux de deux personnes. Et encore moins dans leurs esprits.
Certains autistes, par exemple, ont une grande sensibilité artistique, ils réagissent de manière très violente aux images, aux photos, eux-mêmes arrivent parfois à créer des œuvres ahurissantes (de précision ou de complexité). Dans quelle classe les « ranger » ?
A mon très humble niveau, il m’arrive d’écrire. Et lorsque je suis publié, je m’adresse autant au type soignant ses vaches en Ardèche ou en Meuse qu’à l’érudit parisien (ou au trou du cul parisient, finalement plus courant). Parce que l’art, donc le « beau », est, par nature, transversal.
Moi, par exemple, je trouve que la Joconde, c’est immonde, je voudrais même pas de l’original dans mes chiottes. Cela ne m’empêche pas d’être ému par Verlaine, fasciné par Racine, époustouflé par Lejeune, tenu en haleine par King, ou scotché par Friedlandler pour en revenir à l’impact visuel.
C’est un mélange de neurones, de couilles et de ce petit quelque chose que l’on ne peut classer nulle part. Le Beau n’appartient à personne. Il doit se défier des classes et se méfier des modes. Et ne jamais être pesé par les sociologues. Car c'est un poids qui n'appartient qu'à l'âme.
Bon, je sais, pour un simple idiot de village, qui habite dans une ville en plus, je vais trop loin.
Mais justement.
Imaginez ce qu’un type intelligent aurait pu dire à ma place...
mais j'essaierais ici de te rassurer:
La sociologie ne prétend pas que les hommes prisonniers de leur condition. Je ne sais pas pour le livre dont il est question ici, mais Bourdieu insiste sur cet aspect dans un autre de ses livres, "la domination masculine".
La sociologie étudie des tendances auxquelles n'échappent ni le peuple ni les élites. Chacun, comme individu, est à la fois l'objet des pressions sociales et un être humain libre capable de s'arracher à sa condition et aux déterminants sociologiques, de devenir lui-même, grâce à son vécu, à sa volonté, à son âme.
Tu l'exprime toi-même très bien:
"La beauté d’une photo, d’un visage, d’une peinture, d’un paysage, ne dépend pas d’une soi-disant appartenance à une classe ou une catégorie. Elle dépend d’un vécu, d’une sensibilité, d’une histoire, de mille choses qui font que, jamais, une même image ne sera reflétée de manière égale dans les yeux de deux personnes. Et encore moins dans leurs esprits."
Un vécu, une histoire: la sociologie s'intéresse avant tout à ces aspects. Car ceux qui appartiennent à une classe ou une catégorie ont souvent dû faire face à des histoires semblables, voilà réalité sociologique. Ces aspects pèsent, mais n'enlèvent aucune liberté aux individus, et n'affecte en rien la part d'inné (indéterminable) qui fait les individus. À la fin, il reste toujours un choix et une individualité.
La différence entre les sociologues et les psychologues c'est que les sociologues ne cherchent jamais à savoir pourquoi untel à fait telle chose. Ca c'est la marge de liberté et d'imprévisibilité de la personne humaine. Mais ce qui est mesurable et explicable c'est pourquoi en majorité les hommes font plus telle chose que les femmes, ou pourquoi les pauvres font plus souvent telle chose que les riches. Par exemple ce que montre Bourdieu c'est que les classes populaires ont un habitus qui se caractérise par le goût (imposé) de ce qui est nécessaire car le luxueux n'est pas accessible. Aussi toute photo est jugée à l'aune de son utilité possible. Si elle montre la famille réunie, ou des images de vacances qui sont des éléments probants de la réalité du voyage et de son impoortance, alors c'est "une bonne photo", car elle sert à quelque chose. En revanche, toute photo dont la finalité strictement utile n'est pas perceptible est considérée comme un gachis de pellicule (on est avant le numérique). L'art s'adresse au coeur mais il passe le filtre de la raison ; certains ne peuvent regarder une photo d'une belle femme car il la juge luxurieuse.
Je ne crois pas qu'on ressente hors de tout cadre de référence.