Les Diables - Joe Abercrombie

Les Diables est le dernier roman de Joe Abercrombie, le pape du grimdark. C'est un roman fantasy/action très dynamique, sanglant, violent et parfois drôle. Il est aussi plus profond que son début ne le laissait présager, et c'est le traitement des personnages qui fait sa qualité. Je ne peux en dire plus car ma chronique sera dans le Bifrost n° 120, et elle ne reviendra ici qu’un an après la sortie de la revue (c’est à dire, pfff…). Je peux au moins donner le résumé de la couv’ car celui-ci est disponible partout : L’Europe est au bord du gouffre. La peste et la famine la ravagent, des monstres rôdent dans l’ombre et des princes avides ne songent qu’à leurs dévorantes ambitions. Une seule certitude demeure : les elfes reviendront, et ils mangeront tout le monde. Mais parfois, les chemins les plus sombres mènent à la lumière. Des routes sur lesquelles les Justes n’ont pas l’audace de s’engager. Enfouie dans les entrailles du splendide Palais Céleste, le fief de la foi...

Méchante sorcière


L'an dernier j'avais beaucoup apprécié "Rituels sanglants" de Craig Russell. Son nouveau roman publié en poche, "Contes barbares", est largement au niveau. Dans ce second roman d'un triptyque, l'auteur situe de nouveau l'action à Hambourg, ville du nord de l'Allemagne, membre de la ligue hanséatique, à l'âme au moins autant scandinave qu'européenne. C'est dans ce décor, qui évoque plus des temps reculés que l'Allemagne moderne, que frappe un assassin aux motivations obscures qui reproduit les contes de Grimm dans ses mises en scène.
Je peux reprendre quasiment mot pour mot ce que j'avais écrit sur le premier roman. L'action est parfaitement rationnelle, aucun lapin ne sort du chapeau pour sauver la mise à une enquète enlisée. Les détails s'ajoutent les uns aux autres dans une lente progression qui conduit à la résolution. Aucun défaut de mon point de vue donc. Et la lecture du court chapitre 2 donne d'emblée le ton d'un ouvrage qu'on va adorer dévorer.
Mais ce qui est fascinant dans cette série c'est le fait que l'Allemagne des légendes nordiques qui y est mise en scène est si différente de celle que nous pensons connaitre. La vieille saxonnie, malgré sa proximité géographique avec la France, est un monde culturel résolument différent de celui, gallo-romain, qui est nôtre, et le dépaysement est total dès que l'enquète commence et que les enquéteurs pénètrent mentalement dans le landscape archaïque du tueur. C'est un monde de forêts profondes, de monstres chtoniens, de sacrifices sanglants, un monde crépusculaire que n'auraient pu imaginer des habitants du Sud, baignés de soleil. Il me semble que ces romans permettent d'approcher l'âme allemande et font donc oeuvre ethnographique si on prend le temps de lire sans se contenter de se ruer sur le whoddunit.
A lire en attendant le volet final, "Immortel", en poche.
Contes barbares, Craig Russell

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