Tolkien une biographie - Humphrey Carpenter

Sortie récente de la troisième édition de la biographie de Tolkien par Humphrey Carpenter, dont la v1 date de 1977. Juste quelques mots sur un texte qui a déjà été maintes fois commenté dans la presse ou sur des blogs. Enrichi de photos, l’ouvrage raconte Tolkien de sa naissance à sa mort. Il raconte l’homme derrière l’auteur. Et, écrit par un biographe qui a rencontré son sujet et eu accès à pléthore de documents originaux, il est passionnant. La vie de Tolkien est d’abord celle d’un homme de la toute petite bourgeoisie du début du XXe siècle. Né en Afrique du Sud où son père dirige une agence bancaire, Tolkien rentre en Angleterre avec sa mère et son jeune frère car le climat ne convient guère à la jeune femme ni, dit-on, à ses enfants. Son père, qui doit les rejoindre, meurt de maladie avant de pouvoir le faire. Tolkien sera donc élevé par sa mère – avec dans un premier temps un soutien familial –  jusqu’à la mort de celle-ci, des complications de son diabète. Doublement orphelin à

La grande méchante vulgate


"Tandis que la règle du capitalisme américain est "permettre aux nouvelles entreprises de voir le jour", il semble que celle du capitalisme français soit "permettre aux vieilles entreprises de ne pas mourir" ! Mais le capitalisme français ne peut obtenir ce résultat contre nature sans une intervention active de l'Etat. C'est ce qui doit changer." Cette phrase n'est pas de Von Hayeck, chef de file des ultra libéraux, mais de Léon Blum, le leader historique du Front Populaire. Elle est citée dans "Le grand méchant marché".
Dans leur petit livre publié récemment Augustin Landier, prof de finance à NY University, et David Thesmar, prof à HEC et lauréat du prix du meilleur jeune économiste, s'attaquent à la vulgate anti-libérale française.
Au fil d'une démonstration rigoureuse appuyée sur un nombre très important d'études économiques de référence, les auteurs tentent de comprendre quelle est l'origine de la défiance française envers le marché, en posant comme prémisse que l'explication culturaliste est historiquement fausse et que, de surcroit, les explications culturalistes n'expliquent en fait jamais rien.
L'ouvrage est structuré en trois parties, courtes mais efficaces. D'abord, les auteurs tentent de vérifier si les assertions anti libérales décrivent une réalité objective. Par exemple l'idée très couramment reprise que les investisseurs financiers privilégient le court terme est passée au crible des statistiques. Et on s'aperçoit qu'elle est d'un point de vue statistique objectivement fausse. De nombreuses autres affirmations péremptoires sont ainsi réfutées par l'étude des chiffres. Ensuite, une histoire du capitalisme français s'attaque au mythe culturaliste des "français viscéralement anti libéraux et colbertistes". On y apprend que la France n'est un pays dirigiste que depuis la Seconde Guerre Mondiale, que la France précédente était un pays libéral où la Bourse était très active et où l'Etat n'intervenait que très peu dans l'économie. Il n'y guère que pour les règles sur la concurrence, inexistantes, que la France des Années Folles sort de l'orthodoxie libérale : les cartels sont forts en France, ils sont même encouragés par l'Etat. Après guerre les nécessités de la reconstruction et de la modernisation amènent dans l'économie un Etat qui n'en sortira plus, même quand reconstruction et modernisation seront terminées. Enfin, dans la troisième partie, les auteurs montrent que, confrontés à l'inefficacite d'un modèle d'économie mixte qui n'était plus adapté à l'époque, Pierre Bérégovoy a tenté de libéraliser le capitalisme français, et y est parvenu en partie, mais sa réforme inachevé crée une situation névrotique dans laquelle les entreprises se financent en Bourse alors que les français détiennent peu d'actions (d'où l'intervention des fonds étrangers), les chefs des grandes entreprises sont d'anciens hauts fonctionnaires, la concurrence sur le marché des biens est très inférieure à ce qu'elle est dans des pays comparables, un marché du travail rigide produit, à contre-emploi, un chômage massif.
Ce petit ouvrage est de facture très rigoureuse, extrèmement référencé, il ne peut qu'intéresser l'honnête homme.
Le grand méchant marché, Augustin Landier et David Thesmar

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