The End of the World as we Know it - Anthologie The Stand

Il y a des années j’ai lu et apprécié The Stand – même si j’ai un peu allégé ce très (trop) long roman. J’ai ensuite lu l’adaptation BD , ce qui prouve que mon appréciation n’était pas fake. Voilà que sort une anthologie coécrite par certains des bons auteurs du moment. Elle revisite l’univers de The Stand , y retourne, nous en dit plus sur des choses que King n’avait pas trouvé le temps de raconter, nous offre le plaisir coupable de retourner arpenter une terre ravagée. Edité par Christopher Golden et Brian Keene, doté d’une introduction de Stephen King, d’une préface de Christopher Golden et d’une postface de Brian Keene, The End of the World as we Know it rassemble des textes de Wayne Brady et Maurice Broaddus, Poppy Z. Brite, Somer Canon, C. Robert Cargill, Nat Cassidy, V. Castro, Richard Chizmar, S. A. Cosby, Tananarive Due et Steven Barnes, Meg Gardiner, Gabino Iglesias, Jonathan Janz, Alma Katsu, Caroline Kepnes, Michael Koryta, Sarah Langan, Joe R. Lansdale, Tim Lebbon, Josh...

La grande méchante vulgate


"Tandis que la règle du capitalisme américain est "permettre aux nouvelles entreprises de voir le jour", il semble que celle du capitalisme français soit "permettre aux vieilles entreprises de ne pas mourir" ! Mais le capitalisme français ne peut obtenir ce résultat contre nature sans une intervention active de l'Etat. C'est ce qui doit changer." Cette phrase n'est pas de Von Hayeck, chef de file des ultra libéraux, mais de Léon Blum, le leader historique du Front Populaire. Elle est citée dans "Le grand méchant marché".
Dans leur petit livre publié récemment Augustin Landier, prof de finance à NY University, et David Thesmar, prof à HEC et lauréat du prix du meilleur jeune économiste, s'attaquent à la vulgate anti-libérale française.
Au fil d'une démonstration rigoureuse appuyée sur un nombre très important d'études économiques de référence, les auteurs tentent de comprendre quelle est l'origine de la défiance française envers le marché, en posant comme prémisse que l'explication culturaliste est historiquement fausse et que, de surcroit, les explications culturalistes n'expliquent en fait jamais rien.
L'ouvrage est structuré en trois parties, courtes mais efficaces. D'abord, les auteurs tentent de vérifier si les assertions anti libérales décrivent une réalité objective. Par exemple l'idée très couramment reprise que les investisseurs financiers privilégient le court terme est passée au crible des statistiques. Et on s'aperçoit qu'elle est d'un point de vue statistique objectivement fausse. De nombreuses autres affirmations péremptoires sont ainsi réfutées par l'étude des chiffres. Ensuite, une histoire du capitalisme français s'attaque au mythe culturaliste des "français viscéralement anti libéraux et colbertistes". On y apprend que la France n'est un pays dirigiste que depuis la Seconde Guerre Mondiale, que la France précédente était un pays libéral où la Bourse était très active et où l'Etat n'intervenait que très peu dans l'économie. Il n'y guère que pour les règles sur la concurrence, inexistantes, que la France des Années Folles sort de l'orthodoxie libérale : les cartels sont forts en France, ils sont même encouragés par l'Etat. Après guerre les nécessités de la reconstruction et de la modernisation amènent dans l'économie un Etat qui n'en sortira plus, même quand reconstruction et modernisation seront terminées. Enfin, dans la troisième partie, les auteurs montrent que, confrontés à l'inefficacite d'un modèle d'économie mixte qui n'était plus adapté à l'époque, Pierre Bérégovoy a tenté de libéraliser le capitalisme français, et y est parvenu en partie, mais sa réforme inachevé crée une situation névrotique dans laquelle les entreprises se financent en Bourse alors que les français détiennent peu d'actions (d'où l'intervention des fonds étrangers), les chefs des grandes entreprises sont d'anciens hauts fonctionnaires, la concurrence sur le marché des biens est très inférieure à ce qu'elle est dans des pays comparables, un marché du travail rigide produit, à contre-emploi, un chômage massif.
Ce petit ouvrage est de facture très rigoureuse, extrèmement référencé, il ne peut qu'intéresser l'honnête homme.
Le grand méchant marché, Augustin Landier et David Thesmar

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