Espèce invasive - Christophe Esnault

Sortie chez Milagro Editions d’un petit opuscule qui, comme on dit, ne donne pas envie de danser, Espèce invasive , du poète Christophe Esnault. Quoique… Où mieux danser que sur le volcan ? Une espèce invasive, si on en croit la définition que donne le Muséum d’histoire naturelle est « une espèce vivante dont la prolifération provoque des dégâts dans le milieu dans lequel elles s’installent » . Le Ministère de la transition écologique etc. est plus explicite, précisant que « ces espèces représentent une menace pour les espèces locales, car elles accaparent une part trop importante des ressources (espace, lumière, ressources alimentaires, habitat…) dont les autres espèces ont besoin pour survivre. Elles peuvent aussi être prédatrices directes des espèces locales. » et « sont aujourd’hui considérées comme l’une des principales menaces pour la biodiversité. Elles constituent un danger pour environ un tiers des espèces terrestres et ont contribué à près de la moitié des extinctions connue

Tokyo Ghost - Remender - KO debout


Suite (et fin?) du Tokyo Ghost de Remender et Murphy. Après l'Eden atomique du tome 1, voici qu'arrive l'Enfer atomique.

Le fiasco de la fin du premier tome semble avoir offert la totalité du pouvoir à Flak. Sur les ruines de Tokyo, celui-ci a construit une nouvelle cité ordurière de divertissement, différente de LA en ceci qu'elle sera réservée aux riches et aux beaux ; « les gens biens » en d'autres termes. Flak compte bien y être le roi du 0,01%, protégé par son ancien ennemi passé sous le contrôle du psychopathe Davey. Mais les mailleurs plans ont des failles. Dans le fief même de Flak, le fantôme de Tokyo – une ombre guerrière dotée de pouvoirs EMP – s'en prend aux opérations et au personnel du magnat, provoquant peu à peu le chaos.
Pour le fantôme, il s'agit de venger Tokyo, de sauver son amour, de tenter de remettre l'humanité sur des rails plus satisfaisants. Un vaste programme, difficile à réaliser, et sûrement très coûteux à tous points de vue. Pour les fous qui tiennent les rênes, l'objectif est plus simple : conserver, voire accroître si possible, leur pouvoir.

Le contexte est toujours celui du tome 1. On assiste, atterré, à la désintégration du monde humain entre gamification, hypersexualisation, brutalisation, et primauté de la gratification immédiate au détriment de toute perspective ; une désintégration dont on peut se demander si elle n'est pas l'avenir qui nous guette.

Remender, superbement secondé par les dessins impressionnants de violence dynamique de Murphy, raconte son histoire et lance son cri d'alarme d'une façon extrêmement convaincante. Il oppose le rêve foudroyé d'amour et de pureté de Debbie au cynisme, à la folie, et à l'indifférence d'une humanité qui ne mérite guère d'égards. Il décrit l'innocence piétinée de Led. Il montre un monde si tordu qu'il empêche tout espoir crédible d'exister. Il met en scène des sacrifices que leur inéluctable nécessité ne rend pas moins atrocement douloureux.

C'est d'une dureté et d'une crudité extrême. Ca tord l'estomac. Et, en dépit d'une fin qui permet d'espérer (bien que son ambiguïté ne laisse d'inquiéter), c'est d'une noirceur terrifiante, même au sein d'un genre dystopique qui n'est en général pas gai. Oppressant, étouffant, "Tokyo Ghost" est une belle histoire d'amour, de combat, d'adversité, de malheur, de sacrifice, d’espoir (un peu). Porté par une action permanente et des personnages inoubliables, "Tokyo Ghost" est un comic à lire absolument, en sachant bien qu'on en sortira ébranlé.

Tokyo Ghost t2, Enfer atomique, Remender, Murphy, Hollingsworth

Commentaires

GeishaNellie a dit…
Ah la la, je ne sais plus. Je n'ai pas trop aimé le premier volume. Je n'accrochais pas aux dessins et j'hésitais pour !e deuxième. On m'avait pourtant dit que le deuxième est moins bon que le premier.
Gromovar a dit…
J'avais vraiment aimé le premier et le second va plus loin dans le même style. Alors à toi de voir.

Sur ce qu'on t'a dit, la fin est un peu fantastique, c'est peut-être ça que certains ont moins aimé.