L'arbre vient - Munir Hachemi

Munir Hachemi est un auteur espagnol qui arrive aujourd'hui en France avec son roman L'arbre vient publié chez Christian Bourgois. Salto en dit qu'il « déracine les conventions littéraires ». Phrase creuse idéal-typique ou saillie drolatique. Quant à Christian Bourgois, il parle d'une littérature nécessaire. Diable ! Aussi nécessaire que respirer, manger ou boire ? Qu'en est-il réellement ? Futur indéterminé, sur un monde qui l'est tout autant. Les Mulaï sont un peuple à l'effectif faible qui vit chichement sur un monde qui n'est pas le sien. Descendants de l'expédition Futur, qui a un jour quitté la Terre pour une autre planète, leurs ancêtres y ont été oubliés avant qu'eux-mêmes ne soient redécouverts à l'occasion d'une communication radio inattendue. Sur le monde des Mulaï, on vit dans un cercle d'une centaine de kilomètres, protégé des froids polaires extérieurs par, sans doute, un système imparfait de contrôle climatique – à l...

1984 pour les (très) nuls

"Oink" est une BD dystopique (vraiment ?) one-shot de John Mueller, auteur et dessinateur de BD donc mais connu aussi comme illustrateur et directeur artistique sur des jeux vidéo tels que Quake 3, Unreal Tournament ou Dark Millenium entre autres.

"Oink" est un BD qu'il a écrite et publiées durant les années 90. Elle jouit aujourd’hui d'une version remasterisée sur laquelle Mueller a travaillé cinq années durant.

Créée par un illustrateur, la BD est objectivement très belle, faites de planches composées de cases vastes et aérées, souvent muettes, au design et aux couleurs travaillés, dans lesquelles s'expriment la violence et la noirceur d'un monde en déréliction. Le mise en image est dynamique et vraiment réussie. On verrait avec plaisir une exposition de nombre de ces planches (appel du pied aux Utopiales) ; magnifiques, elles méritent le grand format et un public nombreux.

L'histoire en revanche - un hybride homme-cochon se lance dans une équipée amok pour lutter contre un système qui fait des hybrides des esclaves et des cochons de la nourriture - est assez navrante. Mueller dit lui-même qu'il l'a écrite jeune, et qu'elle est une allégorie sur le caractère totalitaire du système éducatif américain et les difficultés qu'il a eu à s'extraire du mainstream pour devenir artiste. Dont acte. Pourquoi pas, même si ça fait un peu thématique de clip glam metal des années 80 ? Sujet intéressant si bien traité, et allusion à 1984 que le slogan « L'ignorance c'est le bonheur, le bonheur c'est le sacrifice, le sacrifice est exigé » rend explicite.
Seul problème mais de taille : le scénario complet pourrait tenir en trois lignes. Les personnages aussi peu nombreux que sous-développés évoluent dans un monde vide, le world building est proche de zéro (une vague société eugéniste religieuse sans passé ni fin), le nombre d'actions et de lieux où se déploie (j'ai du mal à ne pas rire) le récit est extrêmement faible. Et je tairai par indulgence ce qui concerne les « forces de l'ordre », quatre espèces de zombies Frankenstein à la genèse inexpliquée.

La tentation puérile de ressembler à 1984 met cruellement en lumière la pauvreté de l'ensemble, que seule la jeunesse de l'auteur peut excuser si on parvient à oublier qu'adulte il écrit aimer : « créer des trucs cools ». Des trucs cools ? C'est un peu court Monsieur Mueller. Encore un effort pour devenir profond.

Oink, Le boucher du paradis, John Mueller

Commentaires