Mariana Enriquez - Un lieu ensoleillé pour personnes sombres

Des voix magnétiques, pour la plupart féminines, nous racontent le mal qui rôde partout et les monstres qui surgissent au beau milieu de l’ordinaire. L’une semble tant bien que mal tenir à distance les esprits errant dans son quartier bordé de bidonvilles. L’autre voit son visage s’effacer inexorablement, comme celui de sa mère avant elle. Certaines, qu’on a assassinées, reviennent hanter les lieux et les personnes qui les ont torturées. D’autres, maudites, se métamorphosent en oiseaux. Les légendes urbaines côtoient le folklore local et la superstition dans ces douze nouvelles bouleversantes et brillamment composées, qui, de cauchemars en apparitions, nous surprennent par leur lyrisme nostalgique et leur beauté noire, selon un art savant qui permet à Mariana Enriquez de porter, une fois de plus, l’horreur aux plus hauts niveaux littéraires. Un lieu ensoleillé pour personnes sombres , le dernier recueil de nouvelles de Mariana Enriquez, sort en VF aux Editions du Sous-Sol dans une trad...

1984 pour les (très) nuls

"Oink" est une BD dystopique (vraiment ?) one-shot de John Mueller, auteur et dessinateur de BD donc mais connu aussi comme illustrateur et directeur artistique sur des jeux vidéo tels que Quake 3, Unreal Tournament ou Dark Millenium entre autres.

"Oink" est un BD qu'il a écrite et publiées durant les années 90. Elle jouit aujourd’hui d'une version remasterisée sur laquelle Mueller a travaillé cinq années durant.

Créée par un illustrateur, la BD est objectivement très belle, faites de planches composées de cases vastes et aérées, souvent muettes, au design et aux couleurs travaillés, dans lesquelles s'expriment la violence et la noirceur d'un monde en déréliction. Le mise en image est dynamique et vraiment réussie. On verrait avec plaisir une exposition de nombre de ces planches (appel du pied aux Utopiales) ; magnifiques, elles méritent le grand format et un public nombreux.

L'histoire en revanche - un hybride homme-cochon se lance dans une équipée amok pour lutter contre un système qui fait des hybrides des esclaves et des cochons de la nourriture - est assez navrante. Mueller dit lui-même qu'il l'a écrite jeune, et qu'elle est une allégorie sur le caractère totalitaire du système éducatif américain et les difficultés qu'il a eu à s'extraire du mainstream pour devenir artiste. Dont acte. Pourquoi pas, même si ça fait un peu thématique de clip glam metal des années 80 ? Sujet intéressant si bien traité, et allusion à 1984 que le slogan « L'ignorance c'est le bonheur, le bonheur c'est le sacrifice, le sacrifice est exigé » rend explicite.
Seul problème mais de taille : le scénario complet pourrait tenir en trois lignes. Les personnages aussi peu nombreux que sous-développés évoluent dans un monde vide, le world building est proche de zéro (une vague société eugéniste religieuse sans passé ni fin), le nombre d'actions et de lieux où se déploie (j'ai du mal à ne pas rire) le récit est extrêmement faible. Et je tairai par indulgence ce qui concerne les « forces de l'ordre », quatre espèces de zombies Frankenstein à la genèse inexpliquée.

La tentation puérile de ressembler à 1984 met cruellement en lumière la pauvreté de l'ensemble, que seule la jeunesse de l'auteur peut excuser si on parvient à oublier qu'adulte il écrit aimer : « créer des trucs cools ». Des trucs cools ? C'est un peu court Monsieur Mueller. Encore un effort pour devenir profond.

Oink, Le boucher du paradis, John Mueller

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