Mary Shelley à 20 ans, de Macha Séry, est une biographie des jeunes années de l’autrice qui créa Frankenstein et fit entrer le monde de l’Imaginaire dans la modernité. Elle fait partie de la collection « à 20 ans » du Diable Vauvert.
Mary Shelley, quelle vie extraordinaire !
Née Mary Wollstonecraft Godwin en 1797, Mary ne devint Shelley qu’après avoir épousé le poète Percy Shelley en 1816. Ironie de l’histoire, Mary est sûrement aujourd’hui plus célèbre que son époux dans le grand public.
Mary Shelley, donc, était d’abord, avant de devenir Shelley, la fille de deux intellectuels militants.
Elle était la fille de Mary Wollstonecraft, une philosophe et militante féministe, morte quelques jours après sa naissance d’une fièvre puerpérale.
Elle était la fille aussi de William Godwin, philosophe, éditeur et théoricien anarchiste.
Une ascendance riche qui ne manqua pas d’influencer la formation, la vie, les pensées, et la carrière de Mary. Qu’on en juge ! Durant son enfance, Mary Shelley fut formée aux meilleures sources, dans un milieu où elle côtoyait l’élite intellectuelle de l’époque, près de parents qui conversaient avec Thomas Malthus, Thomas Paine ou Benjamin Franklin, entre autres.
A l’époque, Godwin est célèbre et respecté, Wollstonecraft aussi. Leur fille le sera autant qu’eux, voire plus.
Après des années d’enfance passées aux bras de son père et auprès de sa demi-sœur illégitime Fanny, Mary – qui ne s’entendra jamais avec la désagréable deuxième femme de son père mais aura en revanche une relation très proche avec la fille de celle-ci, Claire – est une jeune fille à l’esprit vif sans cesse en activité.
Mais, passée l’innocence, les temps ont changé et les tensions entre la France et l’Angleterre rendent un Godwin favorable à la Révolution française politiquement infréquentable. L’argent se fait rare, il ne reviendra jamais et, si la maisonnée Godwin est toujours aussi bien fréquentée, il n’en reste pas moins que le père de Mary passera le reste de sa sa vie à chercher de l’argent auprès de généreux donateurs. Un destin désargenté et prodigue à la fois que Mary partagera régulièrement pour d’autres raisons.
Devenue une jeune fille de 15 ans, après des années d’apprentissage dans un milieu qui l’a nourrie intellectuellement au-delà du raisonnable – pensez Coleridge –, Mary part passer du temps chez un ami de son père près de Dundee en Ecosse. Elle aimera le lieu et les paysages ; comme sa mère, Mary sera, sa vie durant, une amoureuse de voyages qui apprécie la nouveauté et tient un journal de ses pérégrinations. Ceci explique assez pourquoi son père dit d’elle que sa soif de connaissances est sans limite.
De 1812 à 1814, Mary approfondit donc la formation de son esprit et fait des aller-retours entre Londres et Dundee. Ce sont ses dernières années de « célibat ».
En 1814, elle rencontre Percy Shelley, un jeune poète en rupture dynastique qui était devenu un habitué de la maison de son père, ce Godwin à qui le jeune noble prodiguait, par admiration, compliments et libéralités.
Shelley est marié et père. Qu’importe ! Les deux tomberont passionnément amoureux. Jusqu’à fuir en juillet sur le continent, avec la demi-sœur de Mary. Ils voyagent à travers plusieurs pays puis rentrent en Angleterre. Etonamment, le libéral Godwin condamne l’union illégitime de sa fille. Qu’importe encore ! Mary ne change pas d’avis, Shelley non plus.
Ils restent ensemble et elle l’épousera officiellement en 1816, après le suicide de sa première femme.
Long story short :
Mary et Percy ne se quittent plus. Ils fréquentent intensivement Lord Byron (sans oublier quantité d’autres expatriés cultivés et esthètes) et voyagent de villes en villes et de pays en pays.
Durant ces années, Mary continue sa formation (lecture, écriture, langues anciennes, philosophie, etc, une vie entière consacrée à l’élévation spirituelle). Shelley n’est pas en reste.
Le couple a, aussi, des enfants qui, hélas, ne vivront guère vieux. C’était courant à l’époque.
A l’été 1816, lors d’un séjour en Suisse, durant l’année sans été, Shelley et Mary (et Polidori) sont dans la villa Diodati que loue Lord Byron près du Lac Léman. Pour se distraire, ce dernier propose aux convives d’inventer chacun une histoire de fantômes.
De cet amusement naîtra Frankenstein, par lequel Mary tourne le dos au fantastique gothique encore à la mode (qu’elle a lu avec intérêt) et embrasse avec force cette science qui sera la force et le projet du XIXe siècle.
Son « fantôme » ne sera pas magique, il sera le fruit de la science dans sa version folle, arrogante, prométhéenne. Il sera suisse. Il parcourra l’Ecosse. Il sera le résultat d’une victoire sur la mort (quand Mary a tellement été environnée de morts, de sa mère à ses enfants sans oublier ceux encore à venir). Il aura donc de nombreux points de tangence avec sa créatrice.
Une créatrice dont le roman terminé sera publiée deux ans plus tard – la première édition date de 1818. Et qui continuera jusqu'à sa mort en 1851 une vie de rencontres, de travail, d’élévation, de voyages, de journaux. Une vie auprès de son dernier enfant survivant. Une vie vite privée de Shelley, mort dans un naufrage en 1822. Une vie comme on en voit peu. Exceptionnelle. Comme elle.
Il y aurait bien d’autres choses à dire et à raconter mais ceci est un post de blog. Il n’a d’autre but que de t’inciter, lecteur, à aller chercher plus de détails dans le livre lui-même. Où se trouve approfondie la vie époustouflante de Mary Shelley.
Mary Shelley a 20 ans, de Macha Séry

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