Bog People - Hollie Starling

Bog People est une « Working-class anthology of folk horror » , éditée par Hollie Starling.   Working-class anthology car, dixit Starling en préface, les textes rassemblés dans ce volume parlent de cette classe populaire britannique qui est l’objet d’une attention ambivalente de la part des CSP+, dans une société où le système des classes est bien plus évident et prégnant qu’en France. Working-class anthology encore, car dixit toujours Starling, les auteurs réunis ici ont montré patte blanche sur leur appartenance présente ou passée à la classe populaire. Une forme de #OwnVoices donc. Fidèle à l’assertion de Max Weber selon laquelle il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César, je suis toujours aussi peu fan de cette approche ; nous verrons bien, rien ne dit que ça nuise.   Folk horror ensuite car c’est du peuple tel qu’en lui-même que veulent nous parler ces textes, de ce peuple britannique qui continue à exister loin de la modernité mo...

Hautes Tensions - Imbert - Lucazeau - Paquet - Chery - Bündgen


Deux siècles écoulés depuis les débuts d’une Révolution industrielle qui a fait du charbon d’abord puis du pétrole et du gaz ensuite ses sources d’énergie principales. Des énergies fossiles toujours, résultat de la captation antédiluvienne du carbone de l’atmosphère par les végétaux et animaux de temps immémoriaux.

Carbone capté il y a si longtemps, puis carbone rejeté lors de la combustion des fossiles, à un rythme que le climat ne peut pas supporter. Svante Arrhenius, en 1896, l’avait annoncé dans un article qui n’eut hélas que peu d’échos.


Il faut donc urgemment, peu de doute là-dessus, changer de source d’énergie si on veut préserver ce qui peut encore l’être d’un climat en plein bouleversement. Changer de source d’énergie et non pas abandonner, car, comme l’a montré l’économiste Gaël Giraud, l’énergie est sans doute le facteur principal de la croissance, et que, mis à part les décroissants, personne ne veut, pour d’évidentes raisons de niveau de vie individuel et collectif, abandonner la croissance.


Il est donc logique qu’un énergéticien comme EDF se penche sur la question de la transition énergétique. Il est plus original qu’il appelle des auteurs de SF comme prospectivistes.

Marguerite Imbert, Romain Lucazeau, Olivier Paquet, Lloyd Chery et Amaury Bündgen ont répondu à l’appel et livrent, après avoir alimenté leur imagination à la source des spécialistes d’EDF, neuf histoires qui sont autant de futurs possibles entre 2040 et 2150, entre renouvelables et nucléaire, grille intelligente et autonomie énergétique, hydrogène blanc et sobriété raisonnable.


Le recueil commence par une courte BD du duo Chery/Bündgen, une forme de cauchemar dans lequel on voit une firme organiser et rendre profitable la commodification du dérèglement climatique.

Suivent 8 textes qui montrent d’autres voies, d’autres avenirs possibles.


Les deux premiers parlent de réensauvagement volontaire du monde dans un contexte de décroissance démographique et d’énergie décarbonée (comme dans Le Ministère du futur), ou de nostalgie pétrolière dans une resucée motarde de la Querelle des Anciens et des Modernes. Les suivants entrent dans le dur et excitent plus l’intérêt.


Hydrogène blanc, déstabilisation et simulacre de réalité sur les réseaux sociaux, domotique devenant folle quand un monopoleur veut augmenter le prix de l’électricité, transmission de l’expérience technique des salariés âgés (comme le font les entreprises prévoyantes qui gèrent bien leur GPEC), les trois suivantes sont speed et très sympas à lire.

Suivent une forme d’utopie réalisée rendue concrète par un activiste emprisonné au fin fond des terres et qui parvient à « hacker » son pénitencier pour en faire un lieu de survie quand le pire arrivera, une amusante mais éclairante fable sur l’autonomie énergétique et les tentatives non moins amusantes de revitaliser des centres-villes moribonds à grand coups d’argent public, et, pour finir, une petite guerre dans laquelle des féodalités postmodernes s’allient comme l’ont toujours fait les féodalités, par des mariages qui évitent des bains de sang – ou du moins les retardent.


L’ensemble est plutôt sympa à lire, pas absurde du tout ; on peut s’amuser à tenter de deviner qui a écrit quoi (il y a des tropes) car les auteurs des nouvelles ne sont pas explicitement nommés (ou alors je l’ai raté).

Voilà, je te laisse, lecteur, avec une fée Electricité qui a encore beaucoup à nous apporter – fais une expérience, ferme les yeux, imagine ton appartement et tout ce qui n’y fonctionnerait plus sans électricité (autrement dit à peu près tout sauf les toilettes, à condition qu’elles ne soient pas japonaises).


Hautes Tensions, Collectif

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