Les Nominés du Prix Planète-SF 2025

Le scrutin pour désigner la short list du Prix Planète SF 2025 est maintenant clos. Les forumeuses et forumeurs ont voté et choisi : Requiem pour les fantômes de Katherine Arden traduit par Jacques Collin (Denoël Lunes d’Encre) Les membres du jury ont voté et choisi : La Cité des lames de Robert Jackson Bennett traduit par Laurent Philibert-Caillat (Albin Michel Imaginaire) Une Valse pour les grotesques de Guillaume Chamanadjian (Aux Forges de Vulcain) Les Champs de la Lune de Catherine Dufour (Robert Laffont Ailleurs & Demain) Autrement dit, A B C D. L’univers est bien organisé. Le jury dispose maintenant de tout l’été pour faire les rattrapages de lecture nécessaires avant une délibération à la rentrée pour décider lequel de ces quatre romans deviendra le Prix Planète-SF 2025.

Sector 5 - Bec - Pacurariu - Guimaraes


Bucarest, aujourd'hui.


Marian Ferentari est un inspecteur de la police locale, peu en cour et clairement à la ramasse. Il est mis sur une affaire sordide, le meurtre d'un avocat sans histoire tué devant ses enfants avant d'être énucléé. Dans une pièce de l'appartement du mort un matériel vidéo pro, et dans son ordinateur des milliers de photos de femmes nues dans des poses lascives. Dans quoi trempait la victime ? Et que va découvrir Ferentari ?


Avec Sector 5 – du nom d'un quartier de Bucarest – Christophe Bec livre un one-shot assez long dont l'action se situe dans une ville et un quartier qu'il connaît bien pour les avoir fréquentés à titre privé du fait de ses attaches conjugales.

Documenté par son expérience propre et par le vécu de sa femme roumaine, Bec déroule le fil d'une intrigue policière solide qui met en exergue l’ambiance très particulière régnant à Bucarest : mafia omniprésente, corruption endémique, police au mieux peu efficace, industrie du sexe banalisée jusqu'à l'excès dans une société patriarcale et misogyne.

Concernant ce dernier domaine on apprend ici que la ville roumaine est l'une des capitales mondiales des camgirls, ces modèles professionnelles ou amatrices qui, par webcam et Internet interposés, satisfont à distance les fantasmes de clients du monde entier, gagnant ainsi, malgré les pourcentages confiscatoires prélevés par les studios – légaux – qui les emploient, des revenus souvent dix fois supérieurs au salaire moyen du pays.

Si cette industrie est légale, des studios illégaux existent bien sûr aussi et c'est peut-être de ce côté que l'enquête de Ferentari le conduira. Il faudra agir vite et faire preuve de plus d'initiative que d'habitude car le meurtre de l'avocat ne semble pas être un cas isolé.

Vengeance mafieuse ou serial killer hors de contrôle, pour espérer résoudre l'affaire Ferentari va devoir plonger dans le milieu glauque des voyeurs online, entre misère sexuelle, mépris réciproque, simulations d'orgasme, fantasmes et délires d'amour partagé. Un milieu qu'il ne méconnaît pas complètement.


Avec Sector 5, Bec offre au lecteur un album pour lecteurs avertis. Le thème comme le traitement sont clairement sexuels, car c'est d'un marché du sexe qui a pignon sur rue que veut parler l'auteur. Et il le fait sans aucune pusillanimité.

Il est aidé en cela par Christi Pacurariu au dessin et Alex Guimaraes à la couleur. Si ce dernier propose une Bucarest sombre et glauque en accord avec le thème traité, les dessins de Pacurariu sont parfaits pour les scènes de rue et d'architecture mais ils pêchent un peu par des visages pas toujours évidents à distinguer et des cases parfois trop petites (question de pagination max. ?).


Long story short, Sector 5 c'est 104 pages d'enquête et de plongée dans les bas-fonds d'une ville qui a peut-être tiré le pire de sa liberté, 104 pages qui se lisent avec plaisir comme un bon polar dont la progression et la résolution sont logiques et justement rythmées.


Sector 5, Bec, Pacurariu, Guimaraes 

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