The End of the World as we Know it - Anthologie The Stand

Il y a des années j’ai lu et apprécié The Stand – même si j’ai un peu allégé ce très (trop) long roman. J’ai ensuite lu l’adaptation BD , ce qui prouve que mon appréciation n’était pas fake. Voilà que sort une anthologie coécrite par certains des bons auteurs du moment. Elle revisite l’univers de The Stand , y retourne, nous en dit plus sur des choses que King n’avait pas trouvé le temps de raconter, nous offre le plaisir coupable de retourner arpenter une terre ravagée. Edité par Christopher Golden et Brian Keene, doté d’une introduction de Stephen King, d’une préface de Christopher Golden et d’une postface de Brian Keene, The End of the World as we Know it rassemble des textes de Wayne Brady et Maurice Broaddus, Poppy Z. Brite, Somer Canon, C. Robert Cargill, Nat Cassidy, V. Castro, Richard Chizmar, S. A. Cosby, Tananarive Due et Steven Barnes, Meg Gardiner, Gabino Iglesias, Jonathan Janz, Alma Katsu, Caroline Kepnes, Michael Koryta, Sarah Langan, Joe R. Lansdale, Tim Lebbon, Josh...

La Peste du léopard vert - Walter Jon Williams


Terre, dans quelques siècles. Michelle est une sirène depuis peu. Contrairement aux nôtres qui ne sont sirènes que dans la dinguerie de leur tête, Michelle est vraiment, biologiquement, une sirène ; depuis qu’elle n’est plus un singe. Il faut dire que, dans la société visiblement post-scarcity de Michelle, on manipule le génome à volonté – et les changements phénotypiques qui vont avec – pour satisfaire les caprices essentialistes des individus ; un rêve devenu réalité pour les individualistes de notre époque en quelque sorte.

Michelle, une très compétente détective du numérique, est engagée par un auteur de biographies qui veut savoir ce qu’a fait le philosophe politique Jonathan Terzian, inventeur de la théorie de la Corne d’Abondance, pendant les quelques semaines où il a disparu des radars.

Michelle se lance alors, sans bouger de sa retraite insulaire, sur les traces numériques de Terzian, pour une enquête qui lui permettra de répondre à la question de son commanditaire et de faire le lien entre ces moments occultés et les changements majeurs qui ont affecté, depuis, l’espèce humaine.


Walter Jon Williams, pour moi, c’est le gars qui a écrit Cablé – dont l’un des personnages est, comme ici, dead/undead – et surtout Plasma – où il imagine une source d’énergie qui sent bon le phlogiston même si elle ressemble furieusement au pétrole. C’est donc le gars qui n’hésite pas à proposer des mondes et des histoires parfois très barrés, à la limite de ce que le cyberpunk autoriserait décemment. Ici aussi, dans une histoire qui n’est que peu punk mais vaut son pesant de cyber, WJW met encore en scène un personnage (secondaire) que la mort n’a pas arrêté et une source d’énergie qu’on dira surprenante. Je me retrouve donc en terrain connu ou au moins attendu.


La Peste du léopard vert est une novella traduite par Jean-Daniel Brèque dans laquelle WJW déploie le type d’imagination sans limite qui le caractérise. Il développe – dans une histoire qui date de 2004 donc plus près de l’apex cyberpunk qu’aujourd’hui – une notion qui était au cœur de bien des romans cyberpunk au moins depuis le Shockwave Rider de Brunner, celle des traces numériques. Michelle enquête, longtemps après la mort de Terzian et le point de bascule civilisationnel, à partir des innombrables empreintes que produit la vie numérique des individus.

Photos, vidéos, prises par soi ou d’autres, réseaux sociaux, opérations bancaires mémorisées, etc. A côté du monde réel, la vie humaine numérique produit sans répit un monde numérique qui en est le reflet, un monde en expansion constante et virtuellement éternel dans lequel une personne compétente peut aller chercher les signes de ceux qui sont ou les fossiles de ceux qui furent – Damasio dit vrai, même s’il est dingo !

Chercheuse de fossiles, c’est précisément ce qu’est Michelle. Une chercheuse de fossiles à partir desquels elle reconstitue des vies, comme les paléontologues le font des traces biologiques qu’ils mettent à jour. Des fossiles ici à partir desquels elle va reconstituer les jours perdus de Jonathan Terzian et ceux d’une femme anonyme qui l’inspira, reconstituer aussi, au moins en creux, les moments qui changèrent le monde. En creux mais qu’importe, dans une pensée comme dans un texte littéraire ce qui est tu est au moins aussi signifiant que ce qui est dit.

Texte très engageant sur son aspect enquête et un peu moins sur le volet vie de Michelle, La Peste du léopard vert raconte, à travers une histoire agréable à lire, l’origine d’un monde qui n’est qu’entrevu. Un monde dont la faim a été bannie par la science et sans appareil de production externe aux individus, résolvant ainsi l’une des apories d’un droit à la paresse qui oublie le Fourastié de Pourquoi nous travaillons (dont je vous offrirai un extrait ci-dessous). Un monde qui, par sa solution scientifique à un problème central de l’humanité rappelle, dans un genre très différent, le Angel Era de Liu Cixin qu’on peut lire en VF dans le recueil L’Equateur d’Einstein.


La Peste du léopard vert, Walter Jon Williams

L'avis d'Anudar et de Feyd Rautha

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