Première lecture (mieux vaut tard que jamais !) d'une série publiée entre 2003 et 2015 : Fables.
150 exemplaires (avec un redémarrage récent au numéro 151) écrits par Bill Willingham, avec principalement Mark Buckingham aux pinceaux, 14 (et même un peu plus) Eisner Awards.
Après une Intégrale en 10 tomes chez Urban, voici qu'arrive la même en « poche » à petit prix chez Urban Comics Nomad. Les deux premiers numéros sont sortis il y a peu et c'est là qu'enfin je suis entré dans l'histoire.
Je ne vais pas chroniquer longuement ici une série bien connue que quantité d'entre vous, lecteurs, ont déjà lue et appréciée, j'en suis convaincu.
Disons simplement que Buckingham transporte les personnages des contes (dans leur immense diversité et profusion) dans le monde moderne. Fuyant un Adversaire qui les a conquis et massacrés royaume de conte après royaume de conte, les Fables survivantes ont trouvé refuge dans notre monde il y a quelques siècles déjà ; entre leur monde et le nôtre, ne restent que quelques rares et gardés points de passage.
Dissimulés aux yeux des simples humains sous des voiles complexes d'enchantement, les Fables vivent dans un quartier dédié de New York, ou dans une ferme au Nord où résident ceux qui ne peuvent décidément pas prendre forme humaine, ou parfois encore éparpillés à l'étranger. Organisés en minuscule mais vivace « nation », les Fables ont pour objectif principal de survivre, et pour cela de ne pas être repérés par les humains. Mais les problèmes et les dangers sont nombreux, et l'intervention des Fables les plus connues est régulièrement nécessaire pour protéger le discret statu quo qui assure la survie de tout ce petit monde.
Dans les pages de Fables, au rythme d'aventures toujours entraînantes, on croise, entre innombrables autres, le roi Cole, Blanche-Neige, le Prince charmant, le Grand méchant loup, Cendrillon, la Belle et la Bête, la Belle au bois dormant, des géants, des dragons, des gobelins, des petits soldats, Pinocchio, des rats bien courageux, la poule aux œufs d'or, Jack (celui du haricot), des sorcières (celle de la maison de pain d’épice par exemple) ou encore les trois petits cochons sans oublier les trois ours et Boucle d'or, etc.
Aucun des personnages n’est là pour faire la claque, chacun a une forte personnalité propre et un rôle à tenir dans l'histoire, dans l'administration de la « nation » Fables, ou comme adversaire à combattre.
Rythme, fils rouges, interactions entre personnages et graphismes, Fables m'a fortement rappelé les anciens Marvel, violence graphique en plus. On y trouve le même mix réussi et addictif de développement au long cours des personnages et d'aventures sous haute tension dans un traitement graphique largement « réaliste ». J'ai adoré. J'attends avec impatience les tomes suivants.
Et voilà ! Je voulais le signaler. Je me couvre la tête de cendres d'arriver ainsi après la bataille.
Fables Intégrale Urban Nomad, Willingham, Buckingham
Commentaires
J'ai découvert et lu les 10 tomes de l'intégrale grâce à mes médiathèques d'amour. L'hétérogénéité des arcs et/ou des styles graphiques fait partie du plaisir de la découverte, et certaines idées sont dantesques, dont l'identité et le mode d'action d'un des antagonistes ! J'ai souvent été embarrassé par le poids des références que je subodorais derrière cette flopée de personnages mais ça ne m'a gâché la fête. J'ai le sentiment que, sans avoir tiré sur la corde, la série choisit de se clore après son véritable final, dans une perte progressive d'inertie pas forcément plaisante. Haletants, foisonnants et cruels, le récit trempe évidemment dans la meta-fiction, le plus souvent adroitement, mais en tombant dans l'excès dans un arc vraiment meta qui m'a paru un rien lourd, ce que à quoi confine si rapidement le procédé en général. Ça peut aussi nourrir des passages poignants, voire métaphysiquement angoissants. Mieux vaut ne pas se trouver du mauvais côté des pages !
J'ai surtout une pensée pour Bill Willingham, qui a dû tout donner jusqu'à en être exsangue. Je lui souhaite tout sauf de vivre à l'ombre de Fables, écrasé par son propre édifice.
Willingham est grand.