Mu Ming : Mes Utopiales de B à V

Comme chaque année, vers Samain, se sont tenues les Utopiales à Nantes. 153000 visiteurs cette année, et moi et moi et moi. Ne faisons pas durer le suspense, c'était vraiment bien !!! Genre grave bien !!!! Aux Utopiales il y a surtout des auteurs qu'on va retrouver jour après jour ci-dessous (ou dessus, ça dépend dans quel sens vous lisez) , sur plusieurs posts successifs (survivance d'un temps où on économisait la bande passante – « dis ton âge sans dire ton âge ») . Tous les présents aux Utos n'y sont pas, c'est au fil des rencontres que les photos sont faites, la vie n'est pas juste. AND NOW, LADIES AND GENTLEMEN, FOR YOUR PLEASURE AND EDIFICATION, THE ONE AND ONLY MU MING en compagnie de son traducteur GWENNAEL GAFFRIC

The Department of Truth t3 - Tynion - Simmonds - Bidikar


Le TPB 3 de Department of Truth sort de la chronologie précédente pour se centrer sur les Histoires alternatives et le personnage de Lee Harvey Oswald, en réunissant les issues #6-7 et les #14-17. Il est nécessaire de lire les chroniques précédentes pour savoir où on met les pieds.


C'est dans les Archives que commence la « carrière » d'Oswald au sein du Département, juste après son « assassinat » par Jack Ruby. Il y apprend à quel niveau de globalité peut se réécrire la « vérité », à quel point une telle réécriture peut avoir un effet apocalyptique aussi bien dans l’espace connu que dans le temps long passé et futur, comment des organisations puissantes ont toujours cherché – et parfois réussi – à maîtriser le narratif et par là-même à altérer de manière définitive la réalité. Dans cette partie, avec Lee, on croise l'Empire roman, l'Eglise catholique, Charlemagne et le Saint-Empire Romain Germanique. Rien de moins.


Suit la montée en puissance d'un Oswald qui veut comprendre, prouver, trouver, ramener quelque chose de ses investigations, dans un monde où les grandes puissances combattent pour imposer leur narratif à la totalité du réel.

Entre ufologues, men in black, mothmen, et effondrement du Silver Bridge, Oswald, de plus en plus convaincu que la femme rouge malfaisante qu'il a déjà vue est une entité cherchant à transformer si radicalement le monde que rien n'y survivra, se lance dans une quête personnelle – presque une croisade – qui lui apprend beaucoup sur l'origine de la « démone » (jusqu'aux liens de celle-ci avec l'inénarrable Ron Hubbard) et sur la lutte qui se mène en coulisse entre les blocs géopolitiques de son temps – jusqu'à leur dérivation dans le hippisme de Ashbury Heigts.


C'est sur une mystification/réécriture de très grande ampleur (mystification devenue l'une des clefs de voûte du conspirationnisme contemporain) qu'Oswald prendra la tête du Département, altérant le réel au profit de l'Amérique triomphante tout en devant résister aussi aux volontés de manipulations politiciennes de dirigeants sans scrupule. Dans son esprit, Oswald sert l'Amérique, pas tel ou tel occupant temporaire de la Maison Blanche.

Mais lui-même, Oswald, qui est-il ? Quel est le statut réel du croquemitaine le plus intrigant de l'Amérique ? Est-il seulement une vraie personne ? Ou un Tulpa, produit fantasmatique de la croyance partagée en des complots unissant deep state et mafia ? Ou encore l'une de ces entités douées de volonté dont la femme en rouge est l'exemple le plus terrifiant ? Réponse – on espère – dans le TPB 4, dans un temps, je le crains, un peu éloigné.

Se renouvelant tant sur le plan de la forme narrative que sur le plan graphique, ce TPB est encore une bonne pioche pour une série qui, en dépit de son caractère foisonnant, retombe toujours sur des pattes logiques.

Note pour moi-même : Si on veut se donner un exemple récent de réécriture du narratif, les allégations poutiniennes concernant l'existence même de l'Ukraine comme nation forment un exemple de la plus belle eau. Réécriture ratée pour l'instant, en Occident en tout cas. Les choses sont différentes en Russie et sûrement aussi dans une bonne partie du monde non occidental.


The Department of Truth, t3, Free Country, Tynion, Simmonds, Bidikar

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