The End of the World as we Know it - Anthologie The Stand

Il y a des années j’ai lu et apprécié The Stand – même si j’ai un peu allégé ce très (trop) long roman. J’ai ensuite lu l’adaptation BD , ce qui prouve que mon appréciation n’était pas fake. Voilà que sort une anthologie coécrite par certains des bons auteurs du moment. Elle revisite l’univers de The Stand , y retourne, nous en dit plus sur des choses que King n’avait pas trouvé le temps de raconter, nous offre le plaisir coupable de retourner arpenter une terre ravagée. Edité par Christopher Golden et Brian Keene, doté d’une introduction de Stephen King, d’une préface de Christopher Golden et d’une postface de Brian Keene, The End of the World as we Know it rassemble des textes de Wayne Brady et Maurice Broaddus, Poppy Z. Brite, Somer Canon, C. Robert Cargill, Nat Cassidy, V. Castro, Richard Chizmar, S. A. Cosby, Tananarive Due et Steven Barnes, Meg Gardiner, Gabino Iglesias, Jonathan Janz, Alma Katsu, Caroline Kepnes, Michael Koryta, Sarah Langan, Joe R. Lansdale, Tim Lebbon, Josh...

Les contes drolatiques - Paul et Gaëtan Brizzi d'après Honoré de Balzac


Publié à partir de 1832, Les Cent Contes drolatiques sont une amusette d'Honoré de Balzac qui y pastichait tant le Décaméron que le style rabelaisien. Affirmant vouloir y « demourer soy-mesme en pastissant devant le moule d’aultrui », le grand auteur, usant de force néologismes et inventions, y narrait pour des lecteurs étonnés, séduits ou scandalisés, des historiettes truculentes, souvent à chute, qui se passait le plus souvent dans la Touraine encore médiévale du XVe siècle.

Pris par son œuvre plus sérieuse, Balzac n'écrivit finalement que trente de ces histoires irrévérencieuses, grivoises, drôles et surprenantes. Qu'importe ! C'est l'intention qui compte.


Presque deux siècles plus tard, les brillants jumeaux Paul et Gaëtan Brizzi, qui créèrent il y a peu une version illustrée de L'écume des jours de la meilleure eau, ont choisi d'en adapter quatre en bande dessinée : La belle Impéria, Le péché véniel, L'héritier du Diable, La connétable.


La belle Impéria raconte comment un jeune moine naïf devient l'ami et le « sauveur » de la belle Impéria, une prostituée de luxe soumise aux caprices bien peu moraux de prélats réunis pour un concile de la plus haute importance dans la ville de Constance. Egratignant sur le mode du vaudeville la luxure d’hommes d'église peu scrupuleux, le récit montre comment le diable tente et comment pureté et bonté sont les meilleures armes pour le vaincre. Satisfaisant et réjouissant.


Le péché véniel est une amusante histoire de mariage arrangé et de pucelage jamais perdu dans les normes. Décrivant la « responsabilité » des femmes nobles comme génitrices ainsi que le désir sexuel qui habite une toute jeune femme, Balzac crée un petit récit émoustillant dans lequel la rusée dame du château parvient à obtenir satisfaction dans tous les domaines, se jouant tant de la morale catholique que du contrôle social sur la pureté des lignées. Drôle et exaltant.


L’héritier du Diable met en scène deux bien mauvais fils qui attendant, des décennies durant, le trépas de leur père pour en hériter. Allant jusqu'à l'espionner voire pire, ils introduisent dans la maisonnée paternelle, sans le réaliser, celui qui saura aimer le vieil homme et s'en faire aimer. Moins prévisible que le début ou mon résumé le laissent supposer, l'héritier du Diable est un conte palpitant, réjouissant dans sa conclusion.


La Connétable, enfin, raconte comment une châtelaine esseulée intrigue pour sauver son amant d'un mari aussi jaloux que puissant avant de réaliser qu'elle n'est pas la seule à passer son ennui avec de beaux et jeunes damoiseaux. La plus courte, c'est aussi la moins réussie imho même si elle offre quand même son lot de rebondissements. Ça arrive.


Traitant ses histoires sur le mode du vaudeville, les dotant d'un rythme enlevé, n'hésitant jamais à malmener l'église ou la morale, donnant raison aux petits contre les grands et aux femmes contre les hommes, Balzac livre quatre "contes drolatiques"à la fois amusants, captivants et subversifs ; Rabelais aurait été fier de son successeur. Leur adaptation est une réussite. Elle rend un bel hommage aux textes originaux

L'édition est belle et luxueuse, présentant tous ses personnages dès la couverture rigide. Les quatre histoires font une trentaine de pages chacune (moins pour la dernière) ce qui est bien suffisant pour développer une intrigue.

Elles sont superbement illustrées en crayonnés de gris, entre castels cossus, villes médiévales, robes ecclésiastiques, gorges généreuses et croupes rebondies.

Elles sont annoncées et liées entre elles par un Honoré de Balzac pantagruélique et assoiffé de café qui, de sa propriété de Touraine, s'adresse au lecteur avant et après chaque récit pour annoncer histoire et/ou morale comme le font Caïn et Abel dans les House of Mystery. Balzac en Caïn il fallait oser, les Brizzi l'ont fait, et bellement fait.


"Les contes drolatiques", de Paul et Gaëtan Brizzi d'après Honoré de Balzac, est un petit bijou à mettre entre toutes les mains hormis les plus désespérément prudes.

C'est un bien joli album à offrir ou, mieux, à s'offrir pour les fêtes.


Les contes drolatiques, Paul et Gaëtan Brizzi d'après Honoré de Balzac

Commentaires