Bog People - Hollie Starling

Bog People est une « Working-class anthology of folk horror » , éditée par Hollie Starling.   Working-class anthology car, dixit Starling en préface, les textes rassemblés dans ce volume parlent de cette classe populaire britannique qui est l’objet d’une attention ambivalente de la part des CSP+, dans une société où le système des classes est bien plus évident et prégnant qu’en France. Working-class anthology encore, car dixit toujours Starling, les auteurs réunis ici ont montré patte blanche sur leur appartenance présente ou passée à la classe populaire. Une forme de #OwnVoices donc. Fidèle à l’assertion de Max Weber selon laquelle il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César, je suis toujours aussi peu fan de cette approche ; nous verrons bien, rien ne dit que ça nuise.   Folk horror ensuite car c’est du peuple tel qu’en lui-même que veulent nous parler ces textes, de ce peuple britannique qui continue à exister loin de la modernité mo...

Insecticide - Steven Saylor


La maison d’édition indépendante Le passager clandestin est une toute petite maison radicale, engagée et militante contre une certaine forme insatisfaisante du monde. Au milieu des non fictions, on y trouve la collection Dyschroniques qui remet à l’honneur des textes anciens de grands noms de la SF.

Nouvelles ou novellas posant en leur temps les questions environnementales, politiques, sociales, ou économiques, ces 18 textes livrent la perception du monde qu’avaient ces auteurs d’un temps aujourd’hui révolu. Et si certaines questions semblent moins d’actualité, d’autres, en revanche, sont devenues brûlantes et illustrent, hélas, la pertinence des craintes exprimées par les auteurs de SF.

On notera que chaque ouvrage à fait l’objet d’un joli travail d’édition, chaque texte étant suivi d’une biographie/bibliographie de l’auteur, d’un bref historique des parutions VO/VF, d’éléments de contexte, ainsi que de suggestions de lectures ou visionnages connexes. Une bien jolie collection donc.


Parlons ici de "Insecticide", de Steven Saylor - que j'ai connu dans un autre genre pour avoir lu tous ses romans historiques sur la période qui suit la guerre civile romaine.
Dans "Insecticide", lecteur, tu feras la connaissance de John Moreland, un citoyen banal d'une société future. Dans les USA de Moreland existe une firme, Bund, qui visiblement produit biens et services à grande échelle pour satisfaire un grand nombre des « besoins » de la vie courante, de la recherche scientifique militaire à la santé en passant par la...désinsectisation.
Le jour où Moreland voit son appartement envahi de cafards, il fait appel à une filiale de Bund - comment faire autrement d'ailleurs ? Mal lui en prend. Le prestataire qu'on lui envoie inonde littéralement son appartement d'un insecticide qui, contrairement aux assertions officielles, se révèle toxique.

Dans une ambiance qui rappelle plus Kafka ou Brazil que Damasio - et c'est tant mieux -, Saylor raconte un monde des années 80 dans lequel les firmes géantes commencent leur entrée dans la vie des gens, où le complotisme devient assez prégnant pour faire des ravages en attisant les braises de vérités mal digérées (sur les expériences de la CIA ou tout autre sujet), où l'isolement des citoyens face à des entités de plus en plus éloignées de lui devient progressivement la norme (et où, pour ce qui est du privé, l'extension du domaine de la lutte commence à montrer son vilain museau).

Un texte intéressant et angoissant - qui aurait pu être un épisode de Twilight Zone - auquel on ne reprochera qu'une fin trop abrupte.

Insecticide, Steven Saylor

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