Les habitués de ce blog ont peut-être lu
ma chronique de 2013 du roman de Jean Teulé "
Mangez-le si vous voulez".
Le roman de Teulé raconte par le détail et minute après minute une abomination commise par une foule périgourdine durant la guerre de 1870-71. Une barbarie si ignoble que même les graves condamnations prononcées ne sauraient l'équivaloir.
Je ne reviendrai pas ici sur les faits ni sur ses« causes », il suffit d'aller lire mon post précédent, et celui de Nébal auquel il renvoie.
Je dirai juste que la mise en image du récit par Gelli est une vraie réussite, offrant un album très pénible à lire (infiniment moins pénible que ce que subit Alain de Moneys de la part de gens qui étaient des voisins ou des amis).
Traits à l'encre, traitement à la couleur noire. Seule autre couleur, le rouge, rouge du vin et rouge du sang, puis rouge du corps martyrisé de de Moneys, seule tache de couleur dans un univers traité en tons de noir. Quelques visages surnagent, le reste c'est la masse, la foule. La bêtise, l'ignorance, la folie collective, toute l'horreur qu'est une foule, à laquelle s'ajoutent au départ de l'affaire des informations tronquées et des citations imparfaites ; les réseaux sociaux à l'heure du téléphone arabe.
Sans oublier la lâcheté, la peur d'intervenir, l'idée coupable selon laquelle si on ferme les yeux et qu'on ne voit plus une chose, elle cesse d'exister.
A lire absolument, comme un hommage, et pour la façon dont ça illustre certains de nos questionnements contemporains, onze jours seulement après que la société française ait découvert comme par magie ce qui se passait au coeur même de son système éducatif.
Mangez-le si vous voulez, Gelli, d'après Teulé
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