La Nuit ravagée - Jean-Baptiste Del Amo

Milieu des années 90, Saint-Auch (une petite ville résidentielle non loin de Toulouse) , entre les lotissements des Acacias et des Genêts. Alex, Max, Mehdi et Tom sont quatre copains d'enfance auxquels vient de s'adjoindre Léna, qui arrive de Montauban. Les cinq vivent la vie des lycéens de l'époque, et même si Léna, nouvelle venue, est à la fois plus proche de Mehdi que des trois autres et de surcroît une fille, la bande s'entend bien et partage à peu près tout. Ils traînent leurs espérances – qui à défaut d'être grandes ont au moins le mérite d'exister – entre les pavillons de leurs parents, le lycée Melville, et les serres désaffectées dont ils ont fait leur base. Une vie sans originalité ni aspérité, c'est ce qui caractérise le quotidien des cinq amis, de leurs familles et de leur voisinage. Mais à Saint-Auch, un lycéen est mort récemment dans des conditions qu'on dit étranges, et il y a, aux Genêts, cette maison abandonnée au bout de l’impasse des O...

L'appel de Cthulhu - Tanabe d'après Lovecraft


Bon, parfois il faut prendre des décisions des décisions radicales, comme par exemple de faire une brève revue de BD, parce qu'on vient d'en lire trois (avec une quatrième à suivre pour demain) et qu'on n'a pas vraiment le temps de faire de tout ça une recension détaillée (restent plein de fraises à cueillir, Sibeth comprendra).

Commençons par l'adaptation manga de "L'appel de Cthulhu" par Gou Tanabe, cinquième opus du cycle qu'il consacre aux Chefs d’œuvre de Lovecraft.

Après une Couleur tombée du ciel décevante car incapable de rendre sur son média propre l'étrangeté fondamentale de la « couleur » lovecraftienne, "L'appel de Cthulhu" est imho une vraie réussite.
Le récit en enchâssement (résumé ici), fondateur du mythe bien qu'il n'en forme pas l'origine, est parfaitement adapté dans le manga. Et surtout, c'est une réussite graphique incontestable, tout le contraire du précédent volume.

Ici, le noir et blanc ne pose pas problème et Tanabe parvient à illustrer les horreurs lovecraftiennes sans les trivialiser. Superbes doubles pages cosmiques, maritimes, ou architecturales, magnifiques tablettes d'argile ou statuettes antédiluviennes, bâtiments résolument cyclopéens et angles aussi non-euclidiens que possible, tout est parfaitement rendu, jusqu'à Cthulhu lui-même, assez précis pour être vu et assez indistinct pour être de la matière dont on fait les songes ou les cauchemars, terrifiant de par son impossible matérialité, son implacable poursuite mutique qui en fait une force élémentaire plus qu'une volonté consciente, et son inintelligibilité radicale.

On pourra si on veut reprocher à Tanabe d'avoir allongé la sauce sur deux scènes de combat qui ne représentent que quelques lignes dans le texte original (petit plaisir de dessinateur sans doute et syndrome Jackson's The Hobbit sûrement), mais là où mon collègue et néanmoins estimé blogueur Feyd Rautha voit une magnification du racisme de Lovecraft qui fait de Noirs l'ennemi, je n'ai vu que lutte contre des cultistes dont les actes et peintures de guerre même les mettent en dehors de toute espèce humaine, alliés qu'ils sont des Grands Anciens, nos ennemis mortels et immémoriaux. Je crains qu'un filtre trop contemporain ne nuise ici à l'appréhension de l’œuvre.

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