France, 2050 environ. Une technique nouvelle permet de numériser la conscience
individuelle des mourants. Largement illégale, la procédure est néanmoins
pratiquée par une discrète clinique proche d'un mouvement sectaire : la Voie
du futur. Se faire numériser, c'est la décision qu'a pourtant prise Michèle
Vidal, une vieille dame qui est incidemment la mère d'un fils unique, Raphaël.
Au grand dam de celui-ci.
Cerise sur le gâteau, Michèle, non contente de se faire numériser, organise un
download de sa conscience numérique dans le corps d'un robot de service
domestique – et pour que ce soit vraiment drôle elle choisit un modèle nommé «
pulpeuse », en d'autres termes une « bombasse » robotique. Le but avoué de
l'opération est de rester pour l'éternité proche de son fils, de pouvoir
continuer à l'aider, le conseiller, le soutenir, quoi que ce dernier puisse en
penser.
Elle va alors lui pourrir la vie, nuire à sa relation sentimentale, et
provoquer un bordel sans nom en intervenant sur les réseaux comme un virus
intrusif jusqu'à être perçue comme une menace par les services secrets. Car à
sa présence physique, Michèle va ajouter la traque numérique de son fils, par
le biais des lifelogs qui enregistrent tout ce que fait une personne, et
quelques modifications manipulatrices de la réalité augmentée du pauvre garçon
et de son entourage.
Que ce livre est mauvais !
Style appliqué et consciencieux, futur si proche de nous qu'il n'a guère
d'intérêt, banalité du contexte
(un vaudeville quelconque comme seule illustration envisagée par l'auteur
des questions posées par la numérisation des consciences), délires scientifiques censés être amusants
(la puce porteuse de la conscience qui peut provoquer une explosion
atomique si on essaie de la forcer), situations qui se veulent drôles et cocasses sans jamais l'être
(la mère « pulpeuse » dont l'auteur ne fait rien du physique),
personnages taillés à la hache – l'épitomé de la caricature étant atteint avec
Michèle, sorte de mère juive abusive entre Madame Sarfati et la Marthe
Villalonga d'Un éléphant ça trompe énormément. Et puis des services
secrets qui apparaissent par flashes et semblent, dans leur ton et leurs
résultats, devoir plus aux Tontons Flingueurs qu'à Matrix. S'y
ajoutent un sexisme bon enfant à bas bruit qui aurait été normal seulement
dans un roman écrit il y a cinquante ans, une marchande de fleurs, des phrases
involontairement drôlatiques
« Parée par toi, je me sens digne d’affronter le monde », et un lexique
vieux, même les prénoms sont vieux.
J'arrête là, je ne voudrais pas tirer plus sur l'ambulance qui, un jour,
emporta Michèle. "
Ce matin, maman a été téléchargée" est un roman pour
vieilles gens qui veulent s'initier aux dangers d'une modernité bien
mystérieuse sans perdre pour autant leur bonne humeur. Ils pourront l'acheter
pour la bibliothèque de l'Ehpad, ou se le faire lire par le facteur de
Veiller sur mes parents
lorsqu'il passera prendre le café.
Ce matin Maman a été téléchargée, Gabriel Naëj
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