La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Anthologie des dystopies - Jean-Pierre Andrevon


"Anthologie des dystopies" est, comme son nom l'indique, une anthologie portant sur les sociétés dystopiques qu'on peut rencontrer tant en littérature qu'au cinéma

Jean-Pierre Andrevon, écrivain et critique bien connu, se donne ici pour tâche de livrer une présentation, la plus exhaustive possible, des œuvres donnant à voir des sociétés dystopiques. Pour donner plus de chair à son ouvrage, Andrevon ne se limite pas aux dystopies stricto sensu, c'est à dire aux sociétés dans lesquelles un Etat ou un collectif politique hégémonique maintiendrait, par la force ou la suggestion, des sujets sous une domination aliénante. Il étend son propos à toute société dans laquelle la vie est profondément difficile en raison de déterminants qui ne sont pas toujours strictement politiques, et aborde même des cas dans lesquels c'est à une échelle plus petite – région, bâtiment – que la dystopie est présente.
Il se limite en revanche aux dystopies terrestres, crédibles ou vraisemblables, excluant de ce fait les dystopies de fantasy, les dystopies extraterrestres, ou encore celles dont l'essentiel prend place dans le cyberspace.

C'est donc à un voyage en dystopie qu'Andrevon entraîne le lecteur.
Après une brève présentation historique illustrée du concept d'utopie, il aborde la dystopie qui en est la face noire, sans oublier de montrer que l'une contient souvent l'autre en germe.
De la première dystopie répertoriée, Le monde tel qu'il sera, publiée en 1846 par Emile Souvestre, il progresse en présentant Les cinq cent millions de la Begum, de Jules Verne, entre autres.

Puis arrivent les « quatre piliers » : Le talon de fer, de Jack London, Nous, de Evgueni Zamiatine, Le meilleur des mondes, de Aldous Huxley, et 1984, de George Orwell. Chaque texte est présenté à l'aide d’explications, d'extraits, et de mises en contexte.

Passée cette archéologie dystopique, et après un passage par les premières dystopies cinématographiques (notamment Metropolis, de Fritz Lang) le livre se divise en encore dix chapitres, chacun traitant d'une forme particulière de dystopie, de « Place à la lutte des classes » à « Après la catastrophe » en passant par « La société du spectacle » ou « Les méfaits de la religion ».
Chaque chapitre donne lieu à une présentation introductive du thème, suivie d'un certain nombre d’œuvres, littéraires ou cinématographiques, expliquées par Andrevon, remises en contexte, et illustrées par des extraits.

On y parle donc du trop méconnu en France Régis Messac, auteur de Quinzinzinzili et de La cité des asphyxiés, du Brazil de Terry Gilliam, ou encore de La machine à explorer le temps de Wells ou de La ferme des animaux d'Orwell, entre autres. Etat, politique, classes, lutte des classes.

On parle aussi de robots, de connections intrusives, de surpopulation, de contrôle sexuel ou eugénique, de censure violente. Et à chaque fois, après une introduction qui pose le cadre, c'est par les œuvres qu'Andrevon développe son thème, faisant montre d'une connaissance très étendue du genre sous toutes ses formes.

Je n'essaierai même pas de citer une partie qui ne rendrait pas justice au tout, je ne parlerai pas de Blade Runner car il faudrait alors parler de Minority Report, pas de Farenheit 451 (Bradbury) car il serait nécessaire alors de parler aussi des Olympiades truquées (Wintrebert), et pas plus de A l'aube des ténèbres (Leiber) car la justice alors voudrait que je parle aussi de Make Room ! Make Room ! (Harry Harrison). Et ainsi de suite dans une suite sans fin d’œuvres à ne pas oublier sous peine d'être taxé de négligence.

Négligent, Andrevon ne l'est pas, et, en dépit d'un ou deux petits oublis, le nombre d’œuvres citées et commentées est très important. C'est la force de ce livre.
L'honnêteté oblige à dire qu'il a aussi une vraie faiblesse. Car s'il propose bien une bibliographie et une filmographie, le manque d'un index se fait cruellement sentir et risque de fortement amoindrir la possibilité d'utiliser vraiment "Anthologie des dystopies" comme un ouvrage de référence. Dommage.

Anthologie des dystopies, Jean-Pierre Andrevon

Commentaires

Anonyme a dit…
La ferme des animaux, de Huxley ? X_X
Gromovar a dit…
Mince, mon doigt a fourché. Je corrige. Merci.