Rich Larson - The Sky Didn’t Load Today and Other Glitches

Quelques mots sur The Sky Didn’t Load Today and Other Glitches , le tout récent recueil de micro-nouvelles de Rich ‘ Fabrique des lendemains ’ Larson . 30 textes, chacun lisible en une à six minutes, grand maximum  (une ou deux déjà traduites en français dans le recueil susnommé) . Du court, du court, du court, du bon, du bon, du bon. De la SF, du post-apo (voire très post-apo) , du cyber, du body-horror/weird, du genemod. Je ne peux pas raconter, même un peu car, les nouvelles étant courtes et parfois à chute, ça spoilerait trop. Qu’on sache juste que c’est globalement très bon, que lorsque ça l’est moins c’est court, et que, même si le background n’est pas toujours cyber, ça forme, par la noirceur et l’inventivité technologique de l’ensemble, ce qui se rapproche le plus aujourd’hui d’un très bon recueil cyberpunk/SF. Pour donner un peu envie (si ce qui précède ne te suffit pas, ingrat de lecteur) , je liste ci-dessous, en vrac, quelques-uns des tropes que tu croiseras dans les pages

After the End of the World - Jonathan Howard


J'avais beaucoup apprécié Carter and Lovecraft de Jonathan L. Howard. J'ai donc vite lu "After the End of the World", sa suite directe. Et j'en sors déçu.

SPOILER WARNING : Ne pas lire cette chronique si on a l'intention de lire le premier tome sinon on se spoilera gravement !

A la fin du roman précédent, le monde de Carter et Lovecraft – notre monde – a été transformé de manière drastique. La réalité dans laquelle vivaient les deux héros du livre y fut remplacée par celle, alternative, qui abritait les vies de HPL et de son ami Randolph Carter. Le détective privé new-yorkais et la libraire noire de Providence vivent donc maintenant dans le monde d'HPL. Providence a été remplacée par Arkham, une bien jolie ville de l'avis même de Lovecraft, l'université locale est Miskatonic, les Grands Anciens existent et agissent – inconnus de tous sauf de quelques-uns parmi lesquels la paire de héros et le flic qui les avait aidés –, les grimoires qui permettent de connaître et/ou de contrôler les choses du mythe sont rares mais disponibles – Lovecraft découvre d'ailleurs qu'elle en détient quelques-uns dans le stock de sa librairie. Pour les autres humains, le monde est le seul qu'ils aient jamais connu. Sauf pour l'étrange « avocat » qui, une fois encore, met Carter sur le coup d'une affaire à traiter qui l'impliquera dans des machinations bien plus occultes et graves qu'il n'y paraissait au début – mais cet « avocat », est-il seulement humain ?

Last but not least, le monde nouveau amené par le « dépliage » de la réalité du tome précédent est une uchronie. L'Allemagne nazie y a gagné la guerre en lâchant la première bombe atomique de l'histoire sur Moscou dès 1941. Elle est depuis devenue la première puissance mondiale, face à des Etats-Unis second et loin devant une Grande-Bretagne complètement marginalisée. Pas d’Holocauste dans ce monde mais une élimination et/ou mise en esclavage des populations slaves – Lebensraum toussa.
Dans ce monde, moins de droit international des individus ce qui fait que les droits civiques ont moins progressé que dans le nôtre, et le fameux N word est Nazi, pas Nigger. Lovecraft hait ce monde et ne rêve que d'une chose : d'un retour à la réalité précédente, ce qui impliquerait de savoir comment « replier » le réel – vaste tâche.

Alors quand il s'avère que le nouvelle mission de Carter consiste à découvrir si les résultats d'une expérience scientifique internationale à Miskatonic sont faussés et que les deux compères découvrent que le savant allemand qui a engagé Carter est membre de la Gestapo, ça fait beaucoup pour les deux. Jusqu'à ce qu'ils réalisent que l'homme de la Gestapo est peut-être le plus inoffensif d'une équipe qui comprend aussi des agents de l'Abwehr. Et le pire est à venir, car il y a plus maléfique que les nazis, et que certains parmi les nazis sont prêts à devenir les esclaves consentants d'entités inhumaines.

Le premier tome, Carter and Lovecraft, trouvait un bel équilibre entre différents niveaux de lecture et modernisait le mythe en tenant compte à la fois de ses lecteurs avertis et de ceux qui étaient plus occasionnels, voire béotiens.
Ici, dans "After the End of the World", on est dans du Indiana Jones pur et dur, version Ahnenerbe et Thule Society, qui transporte ses personnages – les gentils, les méchants, les traîtres, les héros, et les repentants – de la vieille Arkham aux Aléoutiennes ; la référence à l'aventurier archéologue est d'ailleurs explicite dans le texte.

C'est largement un roman d'espionnage et d'action que propose Howard ici – de nouveau avec des références explicites à James Bond et à SPECTRE. Certes l’ennemi ici est surhumain mais ça ne change pas grand chose à la forme du récit. Il y a certainement un public – enthousiaste même – pour ce type de roman, mais ce n'est pas moi car en banalisant et en trivialisant l’œuvre d'HPL on la transforme en un simple background qui ne présente guère d’intérêt particulier.
Et ce ne sont pas les quelques allusions à l'actualité – avec par exemple un « We are making Germany great again » qui sauvent l'ensemble imho. Sans compter que l'obsession antinazie presque névrotique de Lovecraft paraît difficilement crédible alors qu'en revanche le racisme structurel de la société américaine dépliée n'est quasi pas développé.

La guerre dans les cieux dont on perçoit l'existence ici ne suffira pas à me faire revenir pour un troisième tome à venir qui sera clairement la suite logique de la partie d'échec cosmique dont les humains sont les « pions » et Carter et Lovecraft les « cavaliers ».

After the End of the World, Jonathan L. Howard

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