Les Nominés du Prix Planète-SF 2025

Le scrutin pour désigner la short list du Prix Planète SF 2025 est maintenant clos. Les forumeuses et forumeurs ont voté et choisi : Requiem pour les fantômes de Katherine Arden traduit par Jacques Collin (Denoël Lunes d’Encre) Les membres du jury ont voté et choisi : La Cité des lames de Robert Jackson Bennett traduit par Laurent Philibert-Caillat (Albin Michel Imaginaire) Une Valse pour les grotesques de Guillaume Chamanadjian (Aux Forges de Vulcain) Les Champs de la Lune de Catherine Dufour (Robert Laffont Ailleurs & Demain) Autrement dit, A B C D. L’univers est bien organisé. Le jury dispose maintenant de tout l’été pour faire les rattrapages de lecture nécessaires avant une délibération à la rentrée pour décider lequel de ces quatre romans deviendra le Prix Planète-SF 2025.

La solution à sept pour cent - Nicholas Meyer


"La solution à sept pour cent" est un amusant pastiche de Sherlock Holmes, écrit par Nicholas Meyer.

Enfin, pour être exact, le texte auquel accède le lecteur est la mise en forme lisible d'un témoignage retrouvé par hasard dans un grenier. Un texte dicté, en 1939, par un docteur Watson vieillissant à une sténo/dactylo qui proposait ses services d’écriture aux résidents de la maison de retraite dans laquelle il finissait paisiblement ses jours. Une confession qui, depuis, dormait, inconnue de tous. Un témoignage qu'après de longues années la chance et Nicholas Meyer auront rendu accessible au grand public.

Et quel témoignage !!!

Le lecteur découvrira ici plusieurs vérités si bouleversantes qu'on pourrait qualifier cette Solution à sept pour cent de Manuscrits de la mer morte du holmesisme.

Le texte ayant été largement authentifié, tout holmesien conséquent devrait le lire, pour passer derrière l'écran de fumée et découvrir le vrai que dissimulait le mythe.

Brace yourself ! lecteur holmesien, c'est à une révolution copernicienne que tu vas être confronté.
Tu apprendras que certains des récits rapportés par John Watson étaient des faux, écrits dans l'unique but de protéger un secret d'Etat et des vies privées.
Tu sauras pourquoi Holmes est vraiment allé en Autriche, et pourquoi il n'en revint pas.
Tu loueras le grand détective pour avoir repoussé de plusieurs années une guerre atroce.
Tu découvriras qui est vraiment le Professeur Moriarty et quel rôle il joua dans la vie de Sherlock (et accessoirement de Mycroft) Holmes.
Tu assisteras à une rencontre entre deux des plus grands esprits de l'époque, un détective du monde et un détective des âmes.
Tu verras Holmes vaincre son plus grand ennemi.
Tant d’incroyables merveilles !
Si tu es toujours là, et pas encore à lire, ne te prétends plus holmesien !

Documenté, le récit de Meyer rend un bel hommage au corpus holmesien. Notes de bas de pages, références, allusions, ton, rien ne détonne dans cette Solution à sept pour cent. Et néanmoins, plein de rouerie, Meyer prend la peine de prévenir son lecteur, par l'entremise d'un avant-propos écrit par John Watson, qu'il trouvera peut-être des différences de style entre ce témoignage et les écrits habituels du docteur – différences dues aux années écoulées, à l'absence de notes, à une dictée orale.

On appréciera le souci du détail de l'auteur. On aimera aussi, des rues embrumées de Londres aux fastes chatoyants de la Vienne des Habsbourg, suivre à nouveau les traces du plus brillant esprit du siècle, ici singulièrement handicapé. Et quelle joie d'assister à la rencontre improbable entre deux géants du siècle finissant : l'illustre Londonien et le controversé Viennois.

Si l'histoire n'est guère complexe, elle fait la part belle à l'aventure et aux rebondissements, dans un genre qu'on ira jusqu'à qualifier de mélodramatique. Comploteurs, assassins, victimes en grande détresse, Holmes, une fois encore, prend tous les risques pour rendre justice à l'innocence meurtrie tout en s'impliquant dans la marche du monde ; sans oublier de régler avec courage et brio le problème majeur qui empoisonna toute son existence. De la belle ouvrage.

On regrettera juste une haletante poursuite en train qui, si elle est spectaculaire, paraîtra peut-être un peu longue au fanatique d'enquête et de déductions. Et on signalera que le roman a été adapté au cinéma par Herbert Ross en 1976.

La solution à sept pour cent, Nicholas Meyer (lu en VO)

Commentaires

Thomas Day a dit…
Le film est très très bien. La scène-clé où est révélée la véritable identité de Moriarty est excellente. Dommage qu'on ne le trouve pas en DVD ou en bluray à un prix décent, mais j'ai peut-être mal cherché. Par contre on trouve assez facilement La vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder. Excellent aussi. Et drôle (les scènes en Ecosse !).
Gromovar a dit…
Merci, je note les deux références.
Et bonne année à toi.
Baroona a dit…
Ça me donne envie de devenir holmesien, d'être capable de lire un roman en anglais et de passer mes réticences sur les oeuvres référencées/réutilisant des personnages connus. Rien que ça.
*cède à la facilité et s'en retourne lire "Les Quatre de Baker Street"*
Gromovar a dit…
Achète toi quelques-unes des nouvelles et commence à découvrir.