Le Monde et vice versa - James Morrow

James Morrow est un auteur américain de romans aussi caustiques qu'irrévérencieux . Après son drolatique Lazare attend , il revient, encore Au Diable Vauvert, avec Le monde et vice versa , traduit par Sara Doke. Ici et maintenant, sans doute. La planète qu'habite Eamon Keen est la nôtre, avec ses inégalités et son réchauffement climatique. Eamon fut longtemps porte-plume pour des politiques de tous bords. Un exemple de ses œuvres : « il travailla à rendre le jeune sénateur d'Ohio, un républicain intelligent et cultivé nommé Dudley Prong, suffisamment rustre et bibliophobe pour être réélu à une large majorité » . Finalement, dégoûté de n'être qu'un mercenaire sans idéologie comme son père avant lui, Keen lâcha tout. Il tente depuis d'écrire un roman de fantasy épistémologique (de la fantasy qui se la pète, comme on en voit hélas tant) et à son grand dépit n'arrive à convaincre aucun éditeur de publier un texte sans doute aussi chiant que pompeux. Un soir de ...

Comme une odeur de Diable - Seignolle - Encore une histoire, mémé


Cette année, Claude Seignolle a 100 ans. Ce grand et trop méconnu conteur et romancier a fait œuvre de recueillir les légendes paysannes avant qu’elles ne disparaissent dans le naufrage du monde qui les portait.
A cette occasion, Mosquito publie un recueil de cinq nouvelles du maitre, adaptées en BD par Laurent Lefeuvre.

L’album s’ouvre sur l’histoire de deux rencontres. D’abord celle de Pierre Dubois avec celui qu’il admira longtemps avant d’en devenir l’ami proche, puis celle de Seignolle et Lefeuvre, pour laquelle Dubois sert d’entremetteur. L’album, les cinq récits qu’il contient, est le fruit de cette double rencontre, de l’amour aussi que les trois hommes portent aux contes, légendes, récits du petit peuple des haies et des forêts. Quatre histoires entre Morbihan et Sologne, plus une cinquième, urbaine, qui est la moins convaincante ; la voix de la terre porte moins bien en ville.

Seignolle nous ramène dans un monde perdu, magique et terrifiant à la fois, parmi ces paysans, dont Mendras disait la fin dès 1967, qui vivaient assez aux marges pour entrevoir, la nuit, la faërie aux portes et le Malin dans l’ombre.

Cinq courts récit horrifiques à chute, de ceux que les grands-mères racontaient à la veillée pour effrayer les enfants, les mettre en garde, ou faire passer une valeur morale. Différents mais, dans le fond, les mêmes que ceux, venus de Naples, qu’on me raconta jadis.

Chaque histoire est introduite par une page de présentation qui évoque celles des House of Mystery.
On croise ici un terrifiant visiteur du soir, une incantation incroyablement complexe pour provoquer la lycanthropie, une prophétie autoréalisatrice de malheur, la malédiction d’une hedge witch, et une plus anecdotique histoire de vampirisme.

C’est agréable à lire, écrit dans un français rustique, rocailleux, rural, plein d’images d’une naïve poésie paysanne. On sent toujours vite venir la chute, mais la tension monte quand même grâce à la densité de la narration et à la qualité du graphisme.

Graphiquement enfin, c’est très beau, dans le style NB traits fins et aplats des histoires d'horreur qu'on lit en France chez Délirium par exemple.

Un beau livre à s'offrir et à offrir.

Comme une odeur de Diable, Lefeuvre, Seignolle

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