Bog People - Hollie Starling

Bog People est une « Working-class anthology of folk horror » , éditée par Hollie Starling.   Working-class anthology car, dixit Starling en préface, les textes rassemblés dans ce volume parlent de cette classe populaire britannique qui est l’objet d’une attention ambivalente de la part des CSP+, dans une société où le système des classes est bien plus évident et prégnant qu’en France. Working-class anthology encore, car dixit toujours Starling, les auteurs réunis ici ont montré patte blanche sur leur appartenance présente ou passée à la classe populaire. Une forme de #OwnVoices donc. Fidèle à l’assertion de Max Weber selon laquelle il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César, je suis toujours aussi peu fan de cette approche ; nous verrons bien, rien ne dit que ça nuise.   Folk horror ensuite car c’est du peuple tel qu’en lui-même que veulent nous parler ces textes, de ce peuple britannique qui continue à exister loin de la modernité mo...

Urban t4 - Brunschwig - Ricci - Le crépuscule du lapin


Sortie du tome 4 de la série dystopique Urban. C'est toujours d'aussi haut niveau. Indispensable.

L'enquête immobile commence après l'arrestation du « terroriste » par Zach, et la sanction inique qui le frappe pour avoir refusé de l'abattre à vue. Car la direction du parc – Springy Fool en tête – veut clore l'affaire au plus vite, autant pour satisfaire le désir de vengeance des clients du parc et relancer le cours normal des lucratives affaires que pour éviter une commission d'enquête extérieure. De fait, pour la première fois ici, on comprend les liens qui unissent le génial et névropathe Springy Fool à l'administration politique de l'humanité en diaspora. Concéder à un seul homme le droit de s'enrichir jusqu'à l’obscénité en abrutissant les masses, parfait, déraper un peu, pourquoi pas si ça n'affecte que des anonymes, mais les plus riches doivent être préservés et, plus globalement, paix et bonheur doivent régner à Montplaisir ; sinon les politiques reprendront son jouet au fou et l’administreront directement. Le temps presse pour le lapin dément. D'autant que les motivations des attentats sont aussi obscures que leurs auteurs véritables, et que la campagne de terreur continue. Ca sent mauvais pour Springy.

L'histoire continue à se développer et le lecteur à passer un voile après l'autre vers la vérité. Alternant présent et flashbacks, Brunschwig propose ici au lecteur des moments de la création de Montplaisir, de la mise au point d'une A.L.I.C.E. (l'IA centrale) qui semble plus autonome qu'on ne le croyait tous, de la vie d'inadapté sentimental et sexuel de Springy Fool, de la biographie de Niels Colson (la petite victime pas si aléatoire de la fusillade dont Zach se fait le reproche) et de celle de sa mère, de la survie amputée d'Ishtar. Il n'oublie pas de montrer l'exaspération des autorités politiques et les espoirs des honnêtes Christiansen. Et puis il y a la sœur de Zach (!), comprenne qui aura lu la série. Et le mystérieux Overtime.
Le mal que les hommes font vit pour toujours.

Ce tome 4 est aussi excellent que ceux qui l'ont précédé. C'est écrit au cordeau, cohérent, dur, cruel jusqu'à l’écœurement.
Le lecteur espère, comme le très pur Zach et sans plus oser y croire, que justice sera faite. Il faudra hélas attendre le tome final pour le savoir. Sans trop espérer, car la chute du fou ne signifiera pas forcément la fin du système obscène de Montplaisir.
Graphiquement, l'explosion visuelle est toujours au rendez-vous. Dessin et couleurs sont magnifiques, éclairant sans cesse d'une foultitude de petits détails l'horreur de la dystopie imaginée par Brunschwig.

Urban t4, L'enquête immobile, Brunschwig, Ricci

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