La Première ou Dernière - L.L. Kloetzer

BLOG EN MODE DÉGRADÉ ON REFERA MIEUX QUAND ON POURRA MIEUX. JUSQUE LÀ, LECTEUR, POUR ENCORE QUELQUES MOMENTS, IL TE FAUDRA ACCEPTER DE ME FAIRE CONFIANCE SUR JUSTE DEUX OU TROIS LIGNES. Sortie très prochaine de La Première ou Dernière , suite du succulent Noon du soleil noir de L.L. Kloetzer. Lis, lecteur, ma chronique précédente et tu sauras quel univers est pastiché avec brio par le duo Kloetzer.   Dans le cas improbable où tu n'aurais lu ni le premier opus (les deux sont indépendants, mais il est dommage de s'en priver) ni ma chronique précédente, sache que c'est dans une Lankhmar qui ne dit pas son nom que se déploient les aventures de Noon, magicien extraordinaire clairement hors du monde et de ses conventions, que Meg, sa disciple, l'assiste, et que c'est Yors, son garde du corps aussi bourru que blanchi sous le harnois, qui raconte. Sache que les aventures narrées dans cet opus sont encore plus incroyables que celles rapportées dans le précédent. Sache que

Judge Dredd Démocratie - Wagner - Mac Neil


Le travail d’édition de Délirium sur Judge Dredd continue et c’est toujours de haut vol.

Voici donc "Démocratie", un gros volume hardbound dans lequel sont réunis trois récits : America, Terror, et Mega-City Confidential.

Les trois histoires, liées lâchement pour les deux premières et simplement proche dans la thématique pour la dernière, racontent le prix que le gouvernement des Juges fait payer à la Liberté (avec un grand L), aux libertés publiques pour être plus concret, et à cette Recherche du Bonheur qui, si elle n’est pas un Droit de l’Homme, est néanmoins l’un des objectifs que la Constitution donnait au gouvernement américain.

On a vu dans Origines comment et pourquoi le gouvernement des Juges a pris le pouvoir. On voit dans "Démocratie" comment il viole quotidiennement les droits les plus élémentaires de chaque citoyen pour se maintenir.
Les lecteurs de Dredd savent bien que le système pénal de Méga City One est d’une dureté extrême, ils savent que même les plus petites déviances sont sanctionnées avec une très grande sévérité et que le principe de tolérance zéro conduit à remplir les cubicles d’emprisonnement de citoyens innombrables, ceci dès leur plus jeune âge : « il faut dresser les « juves » pour qu’ils deviennent des citoyens craignant les Juges ». Mais les lecteurs ont ici sous les yeux, dans une approche méthodique, la manière dont fonctionne le système. Et ce n’est pas beau à voir.

On voit les Juges chercher à se faire craindre de tous et y parvenir sans peine.
On voit la certitude morale dans laquelle ils se drapent pour justifier leur action à leurs propres yeux (avec un léger bémol pour Dredd).
On voit le Mouvement Démocrate échouer à obtenir pacifiquement des réformes du fait des manipulations de Juges qui ne veulent pas rendre leur pouvoir.
On voit les citoyens (le tiers qui a voté en tout cas) préférer par référendum la dictature des Juges à une vraie démocratie, ouvrant ainsi la voie à une légitimation des pratiques « judiciaires » les plus contestables.
On voit les Démocrates verser dans le terrorisme, ciblé d’abord, puis aveugle ensuite selon le célèbre principe qui dit qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œuf (toujours demander à voir d’abord la gueule de l’omelette).
On voit les pressions qui transforment des citoyens en délateurs, des amis en délateurs, des amants en délateurs.
On voit les enlèvements extrajudiciaires qui permettent d’installer caméras et mouchards dans le corps même des suspects à leur insu.
On voit la presse, même « d’investigation », muselée. Clin d’œil à Hush-Hush ici.
On voit un système de surveillance généralisée qui rappelle celui de la NSA.
On voit le sort réservé aux lanceurs d’alerte et  leurs proches.
On voit surtout des vies détruites, des amours aussi, des tragédies sans nombre dont le fonctionnement du système, pourtant censé avoir été créé au bénéfice des citoyens, est la cause unique.

C’est joliment raconté par John Wagner. C’est joliment dessiné par Colin Mac Neil dans trois styles différents.
Et ça se lit aujourd’hui, car il faut avoir vu à quoi ressemble une exécution judiciaire au pied de la Statue de la Liberté.

Judge Dredd Démocratie, Wagner, Mac Neil

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