Daredevil Redemption - Hine - Gaydos

Redemption, Alabama. Un enfant du coin est retrouvé tué et mutilé. Après une enquête expéditive le shérif et ses hommes mettent la main sur trois suspects qui font des coupables idéals. Deux garçons et une fille du coin, se disant satanistes tous les trois. Dans le contexte explosif de la mort d’un enfant dans une petite communauté l’affaire est pliée, c’est la chaise électrique qui attend les trois jeunes en dépit de leurs protestations d’innocence. Cette affaire désespérée, pourtant, c’est le brillant Matt Murdoch, plus connu sous le nom de Daredevil, qui la prend en charge en défense de l’accusé principal, sur l’insistance d’une mère sure de l’innocence de son fils. En terrain hostile, l’avocat new-yorkais mettra toute son énergie à disculper son client et à découvrir le vrai coupable. Car, dans une ville où le fanatisme religieux règne et où de sombres secrets obscurcissent la vue, seul l'aveugle qu'il est peut espérer y voir clair. Daredevil Redemption est un one-shot réé

La reine en jaune - Anders Fager - Tiède


Il y a trois ans, je chroniquais Les Furies de Boras. J'avais apprécié le recueil de Fager même s'il m'avait un peu laissé sur ma faim. Avec "La reine en jaune", la fringale est pire.

Même ambiance fantastique, même volonté de s'inscrire dans la tradition lovecraftienne, même construction en récits liés et fragments qui s'intercalent, même espace scandinave enfin, parcouru d'une vie souterraine que dissimule l'hypocrisie de rapports sociaux policés. Mais ici, Fager pousse à l'excès cette retenue qui gâchait un peu le plaisir dans Les Furies.

La première nouvelle, Le Chef-d’œuvre de mademoiselle Witt, en est l'illustration parfaite. Voilà un récit audacieux, mêlant habilement sexe, art, et magie, qui monte à grande vitesse vers des extrêmes promis qu'il n'atteindra jamais. Excellent jusqu'à l'avant-dernière page, il se conclut sur une scène plus digne d'un comics d'horreur à la House of Mystery qu'au monument de l'annihilation personnelle qu'il semblait vouloir être.

Cérémonies, avec ses rites ancestraux dans une maison de retraite, est bien léger.

Quand la mort vient à Bodskär, comme elle vint à Innsmouth (pour les aficionados) mais avec d'autres conséquences, est trop désincarné, trop peu graphique, pour être poignant. Inutilement mystérieux (personnage de Carter), il rappelle de surcroît le visuel des vagues d'assaut de La peau froide de Pinol.

La reine en jaune déploie la longue histoire d'une reprise de contrôle de soi pour fuir les maltraitances d'une institution psychiatrique. Bien des pages et des efforts qui se concluent par une toute petite vengeance.

Le voyage de Grand-Mère rappelle le coïtus interruptus du premier texte en moins décevant. Un road-movie fou à travers l'Europe qui offre une montée en tension vraiment intéressante et se conclut de manière trop abrupte.

Les Fragments sont à l'avenant, laissant penser, laissant dire, laissant faire, sans jamais exploser.

Toujours bloqué au milieu du gué, Fager n'est ni dans la violence graphique d'un roman d'horreur classique, ni dans l'angoisse matérialiste d'un Lovecraft (auquel les quelques références explicites font plus name-dropping qu'autre chose), ni dans le nihilisme existentiel absolu d'un auteur comme Ligotti par exemple.

Et pourtant, il y a de belles pages. La folie mégalomaniaque de My Witt, le traitement réservé aux vieillards dans la maison de retraite ou celui que subit My à l'asile, l'évocation du temps qui passe et flétrit les corps, tout ceci est bien fait et touche le lecteur. Fager évoque bien la souffrance, le désarroi, le dépit. Mais il y manque une part de folie, de conviction peut-être. Fager, would-be Lovecraft suédois, fait le travail sérieux d'un admirateur zélé mais il lui manque le fond. Il a l'air mais pas la chanson et propose donc au lecteur un mythe de Cthulhu aseptisé, comme mâtiné de Wallander.

La reine en jaune, Anders Fager

Commentaires

Apophis a dit…
Je n'étais déjà pas très chaud pour relire du Fager après un premier recueil qui, pour moi aussi, était en demi-teinte, mais ton avis vient définitivement de me convaincre de ne pas retenter l'expérience. Merci pour ta critique !
Gromovar a dit…
Je t'en prie :)