Les Lunatiques - Fyda d'après Zulawski

En 1903, l’auteur polonais Jerzy Zulawski publiait Sur le globe d’argent, Manuscrit de la Lune , le premier tome de sa Trilogie lunaire écrite durant la première décennie du vingtième siècle. Très populaire en Pologne, cette trilogie va bien plus loin dans le temps que la duologie lunaire de Jules Verne , par exemple. Aujourd’hui son premier volume a été adapté en BD par l’illustrateur polonais Adam Fyda, et la version française de cet album est sortie chez Blueman Ed . Let’s have a look ! Dans le monde imaginé par Zulawski, divers types de fusées parcourent l’espace depuis quelques décennies avec la Lune en ligne de mire lorsque l’astronome irlandais O’Tamor émet l’hypothèse que la face cachée de la Lune – à l’aspect inconnu de tous – est apte à soutenir la vie. Convaincu et capable de convaincre, le scientifique réunit autour de lui une petite équipe, financée par un mécène, qui décollera de la Terre à destination de la face visible. Arrivé à destination au milieu de Sinus Medii , l...

Une pluie sans fin - Michael Farris Smith - Retour de Bifrost 80


Impossible de commencer cette chronique sans dire aux lecteurs potentiels un mot de la 4ème de couv’. Mad Max 2 ? Je ne comprends pas cette référence (ou je ne la comprends que trop, hélas). La Route ? Pourquoi pas. Mais l’écriture n’a rien à voir, à fortiori pour moi qui ai détesté le laconisme de McCarthy. Reste Faulkner et sa southern-lit. Là oui. Sûrement.

Futur proche. USA, précisément la Gulf Coast. Le changement climatique a fait de tout le sud des USA une zone de passage d’ouragans de plus en plus violents et rapprochés. Lassé de perdre un combat sans fin contre les eaux, le gouvernement fédéral a décidé d’évacuer les Etats du Sud, largement inondés, puis de tracer une Limite en dessous de laquelle il n’exerce plus aucune autorité. Des millions sont partis vers une vie de réfugiés dans le nord du pays, les plus chanceux y ont de la famille. Restent quelque illuminés, losers, aventuriers, menant une vie difficile et souvent courte en fouillant dans les ruines pour tenter de survivre. Cohen, seul contre toute raison dans la maison qui aurait du abriter une vie heureuse avec sa défunte femme et leur fille à naitre, est de ceux-là. Bloqué en pleine névrose. Une rencontre douloureuse avec une « communauté » organisée autour d’un fou violent qui se prend pour Noé va l’obliger à sortir de sa torpeur. Il conduira alors, en Moïse post-apocalyptique et fortuit, un petit groupe de survivants vers la Terre Promise d’au-delà de la Limite. Un Exode pénible et dangereux au cours duquel il retrouvera une part de son humanité.

La littérature post-apo a le vent en poupe aujourd’hui. Au vu du réchauffement à venir, difficile de ne pas le comprendre. Dans ce qui est devenu un genre à part entière où le meilleur côtoie souvent le pire, Une pluie sans fin apparaît comme une très bonne surprise. Farris Smith décrit fort bien les lentes pérégrinations de Cohen et des siens, odyssée qui s’apparente à un chemin de croix moderne dans ce monde inondé et ruiné qui était, il n’y a pas si longtemps, le nôtre. Il construit finement des personnages dont le passé et les épreuves fondent la richesse, en équilibre instable entre ce qui fut (perdu pour l’essentiel), ce qui est, et ce qui sera peut-être. Il le fait en usant d’une écriture riche et complexe, qui suggère avant de décrire, saute sans transition d’un scène dialogique à l’autre, et utilise souvent des techniques proches du « courant de conscience ».

Une pluie sans fin est un roman dur, riche, très écrit, souvent hypnotique, éminemment recommandable.

 Une pluie sans fin, Michael Farris Smith

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