La Nuit ravagée - Jean-Baptiste Del Amo

Milieu des années 90, Saint-Auch (une petite ville résidentielle non loin de Toulouse) , entre les lotissements des Acacias et des Genêts. Alex, Max, Mehdi et Tom sont quatre copains d'enfance auxquels vient de s'adjoindre Léna, qui arrive de Montauban. Les cinq vivent la vie des lycéens de l'époque, et même si Léna, nouvelle venue, est à la fois plus proche de Mehdi que des trois autres et de surcroît une fille, la bande s'entend bien et partage à peu près tout. Ils traînent leurs espérances – qui à défaut d'être grandes ont au moins le mérite d'exister – entre les pavillons de leurs parents, le lycée Melville, et les serres désaffectées dont ils ont fait leur base. Une vie sans originalité ni aspérité, c'est ce qui caractérise le quotidien des cinq amis, de leurs familles et de leur voisinage. Mais à Saint-Auch, un lycéen est mort récemment dans des conditions qu'on dit étranges, et il y a, aux Genêts, cette maison abandonnée au bout de l’impasse des O...

14-18 Verdun - Le colosse d'ébène - Aux pieds d'argile


"Le colosse d'ébène" est le cinquième tome de la série fleuve 14-18 de Corbeyran et Le Roux. Il est le premier à être un peu décevant.

Février 1916. La bataille de Verdun vient de commencer. Les combattants suivis depuis le tome 1 sont toujours au front et, malchance pour eux, précisément à Verdun. Pris dans des ordres contradictoires, ils sont envoyés à la défense de Douamont, qu'ils évacueront durant l'assaut allemand, juste avant sa capture. Arsène, blessé, laissé en arrière, et qui aurait dû y mourir, est ramené in extremis derrière les lignes par Mamadou, un tirailleur sénégalais qu'il avait pourtant insulté en bon raciste colonial qu'il est.

Deux choses sont bien faites dans ce tome.

D'abord, au début, la lecture de la lettre d'Arsène à Nini, qu'elle lit alors qu'elle vaque à ces activités que les femmes ont récupérées faute d'hommes, permet d'établir un parallèle clair entre les sacrifices des uns et des autres et de montrer que, même si la vie de femmes à l'arrière n'était pas directement menacée, elle était néanmoins profondément bouleversée.

Ensuite, la diversité des réactions des poilus à la présence des tirailleurs sénégalais révèle, même si ce n'est guère original, la perception qu'avait le Français de base du colonialisme et le regard qu'il portait sur les colonisés. On y voit donc le racisme essentialiste d'Arsène, plein de la mission civilisatrice de la France, les objections claires de quelques-uns de ses amis à son discours, et l'indifférence de la plupart.
On voit même - est-ce volontaire ? si oui, c'est bien pensé - la mauvaise humeur d'un des troufions qui se plaint du fait que certains de ses amis prennent la défense de Mamadou alors que personne ne "monte au créneau" pour le défendre lui, alors qu'il a "faim", "froid", des "poux", et des "engelures". On croirait entendre un discours de petit blanc partisan de Trump ou du FN.

Le reste est trop conventionnel pour être passionnant. La bataille de Verdun, décidément, est difficile à montrer, même si ici elle n'est guère plus qu'un décor, de toute façon. Et le mécanisme de tourmenteur humilié par la générosité du tourmenté est un artifice scénaristique facile. Il y a pourtant tant à développer sur ces pauvres diables d'Africains qu'on envoya se faire tuer en France, voire qu'on fit s'entretuer chez eux même, dans une guerre qui ne les concernaient en rien. On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, c'est une tarte à la crème et c'est pourtant vrai.

Ca reste très joliment dessiné, et, concernant l'histoire, on attend mieux pour la suite.

14-18 t5, Le colosse d'ébène, Corbeyran, Le Roux

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