Bog People - Hollie Starling

Bog People est une « Working-class anthology of folk horror » , éditée par Hollie Starling.   Working-class anthology car, dixit Starling en préface, les textes rassemblés dans ce volume parlent de cette classe populaire britannique qui est l’objet d’une attention ambivalente de la part des CSP+, dans une société où le système des classes est bien plus évident et prégnant qu’en France. Working-class anthology encore, car dixit toujours Starling, les auteurs réunis ici ont montré patte blanche sur leur appartenance présente ou passée à la classe populaire. Une forme de #OwnVoices donc. Fidèle à l’assertion de Max Weber selon laquelle il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César, je suis toujours aussi peu fan de cette approche ; nous verrons bien, rien ne dit que ça nuise.   Folk horror ensuite car c’est du peuple tel qu’en lui-même que veulent nous parler ces textes, de ce peuple britannique qui continue à exister loin de la modernité mo...

Bons baisers de la Maison des Idées


Lire l’imposant album "Marvels" de Panini Comics le jour de Pâques, c’est d’abord s’offrir une belle quantité d’Easter Eggs. En effet, les quatre tomes de la mini-série complète de Kurt Busiek et Alex Ross, publiée en 1994 et récompensée par trois Eisner Awards et cinq Harvey Awards, sont truffés de références visuelles. L’intégrale Panini récente, dans ses imposantes 200 page de bonus (autant de pages que la série elle-même) avec scripts originaux et pré-projets successifs, a le bon goût d’en faire la liste détaillée, ce qui permet de confirmer les quelques-unes qu’on avait vues et de rougir de honte en voyant toutes celles qu’on avait ratées.

Ceci dit, venons enfin à l’important, le récit. "Marvels", c’est l’histoire des super-héros Marvel vu par Phil Sheldon, un homme de la rue, photographe de presse de son état, qui n’est ni un héros ni même un ami des héros. Sous un angle inédit, Sheldon transmet au lecteur ce que peut ressentir un homme ordinaire confronté sa vie durant à l’extraordinaire. Certes, Sheldon n’est pas tout à fait l’américain lambda. Son métier le met souvent au cœur des évènements, son ami de jeunesse est J. Jonah Jameson, et il croise fréquemment le jeune photographe Peter Parker pour qui il n’a guère d’amitié - en raison de l'attitude de Parker à l’égard de Spiderman, qu'il juge ambiguë et injuste - mais Sheldon est aussi un citoyen ordinaire, marié, père de famille, qui vit en banlieue la vie d’un homme normal et travaille pour payer ses factures, alors qu’autour de lui des héros surhumains combattent les nazis, des astronautes en perdition deviennent une équipe aux pouvoirs incroyables, des mutants « apparaissent » et terrifient une humanité qui entrevoit son remplacement. N’oublions pas des Vengeurs dont on ne sait trop s’il faut les aimer, les contrôler, ou les craindre, et une multitude d’autres surhommes, hélas entourés d’autant de super-vilains, dont le pire est sans conteste ce Galactus qui veut dévorer la Terre pour se sustenter. Diantre !

Confrontés à ces bouleversements sans précédent, les hommes, Sheldon en tête, oscillent entre admiration et crainte, gratitude et jalousie. On traite les Marvels comme des people dont la vie est fascinante mais aussi comme des menaces car souvent leurs sorties se soldent par des destructions à grande échelle. Comment des nains peuvent-ils vivre au milieu des géants ? Que pensent les fourmis des pique-niqueurs qui les nourrissent ou les écrasent indifféremment ? C’est le point de "Marvels", c’est l’occasion pour le lecteur de comics de se voir enfin lui-même au lieu de regarder les héros.
"Marvels" est donc un bel hommage de Kurt Busiek à Marvel, superbement dessiné par Alex Ross. Un comic de super-héros écrit par des fans pour des fans. L’histoire du gars qui se demande ce que ça ferait d’y être en vrai, de voir vraiment Giant Man enjamber la rue, Namor chevaucher le tsunami, ou Galactus s’apprêter à détruire la Terre et à anéantir l’humanité.

On déduira de ce qui précède que l’album est à réserver aux initiés qui connaissent très bien les personnages, mais surtout la continuité. En effet, le traitement est elliptique, et, soit on connaît la continuité par ailleurs et on peut relier entre eux les différents évènements qui ne sont qu’effleurés par le récit (on ne voit que ce que voit Sheldon et de la manière dont il le voit), soit on ne la connaît pas et le tout risque d’être très cryptique. "Marvels" n’est pas un album pour entrer en Marvel. En revanche, c’est une belle friandise pour initiés.

Marvels, Busiek, Ross

Commentaires

Xapur a dit…
Un très bon moment pour les fans, et cette édition a l'air somptueuse.
Gromovar a dit…
Je n'ai pas trouvé de chronique à toi sur cette série. Ca m'a étonné.
Lorhkan a dit…
Quand j'ai vu l'épaisseur des bonus par rapport au récit en lui-même, j'ai halluciné !
Comme j'ai déjà cette série en version Hachette-Marvel, je ne vais pas la racheter, mais n'étant pas un fin connaisseur de la continuité Marvel, je vais sans doute passer à côté de pas mal de détails... Tant pis...
Gromovar a dit…
Ya pas tant de trucs que ça (quoique...) mais chaque truc part du principe que tu sais de quoi il s'agit.