The Dagger in Vichy - Alastair Reynolds

France, non loin de Bourges, autour du ??? Autour de quel siècle au fait ? C’est une bonne question. Car si dès le début de The Dagger in Vichy nous marchons dans les traces d’une troupe de théâtre itinérante comme il y en avait tant entre Moyen-Age et Renaissance, des indices transparents nous disent vite (à nous, peuple de la SF) que l’époque n’est pas celle que nous croyions au départ. Nous comprenons vite que Maître Guillaume, le dramaturge, Maître Bernard, le soldat, et le reste de la troupe, y compris celui qui nous narre l’histoire tragique et navrante de la petite équipe, vivent en des temps qui suivent les nôtres, après maints désastres et tribulations (décidément l’un de mes mots préférés de la langue française) , alors que barbarie et sauvagerie ont repris possession du monde comme elles le firent après la chute de l’Empire romain. Caprice des temps, il y a dans la France du texte un Imperator qui siège à Avignon, comme le firent les papes en d’autres temps. Époque incerta...

De mal en pis


1194, Paris. Le Royaume de France. Encore médiéval. La féodalité, elle, n’a plus longtemps à vivre. Philippe Auguste est en train de signer son arrêt de mort.

Tristan, guerrier puissant et roublard, est le premier Roy des Ribauds. Milicien officieux au service du Roi de France, chargé de la protection du souverain, des basses besognes d’enquête ou d’élimination, ainsi que du contrôle des filles publiques, Tristan est aussi, merveille des synergies professionnelles, tenancier de bordel et chef du conseil des corporations plus ou moins criminelles de la ville. Il travaille avec deux hommes de confiance, emploie des espions, et maintient sous sa tutelle les chefs des autres bandes cryptocriminelles de Paris. Un genre de mélange entre Vidocq et Littlefinger.

1194, pour les férus d’histoire, c’est aussi l’année où Richard Cœur de Lion est libéré de son emprisonnement par l’empereur Henri VI « le Cruel », en échange d’une énorme rançon versée à l’initiative d'Aliénor d’Aquitaine, sa mère. De son côté, le frère « aimant » de Richard, Jean sans Terre, avait fait tout ce qu’il pouvait pour ne pas réunir la somme, à la grande satisfaction de Philippe Auguste qui, de la sorte, était débarrassé d’un ennemi puissant sans compter que le Sans Terre lui vendait généreusement ses possessions françaises.

Au début de cette année 1194 donc, Philippe Auguste recevait en grande pompe un envoyé d'Henri VI pour discuter de la situation internationale, rencontre qu’il savait placée sous de bien noirs auspices. Hélas, c’est aussi le moment que choisit Tristan pour venger l’honneur de sa fille chérie. Mauvaise idée. Les deux affaires, que rien n’auraient dû relier, vont l’être par malchance, plaçant Tristan dans une situation terriblement inconfortable.

Brodant de l’imaginé sur de l'historique, Brugeas tisse une intrigue captivante et haletante, un vrai thriller placé dans un Moyen-Âge ras du sol, violent et bien éloigné des fastes des palais ou des ors de la chevalerie. Toulhoat dessine comme il sait le faire, tout en ellipse descriptive et lavis de couleur. Ce que le dessin, stylisé, perd en précision historique est plus que compensé par le dynamisme de ses planches dont chaque morceau raconte une partie de l’action, attirant l’œil comme le ferait un aimant.

Le lecteur de BD aura reconnu le duo à l’origine de la perle uchronique Block 109. Qu’il sache que, tant pour le scénario que pour le graphisme, dans un genre complètement différent la même qualité est au rendez-vous.
Peu de BD font vraiment accélérer le pouls, c’est le cas de celle-ci. Attendons avec impatience la suite.

Le Roy des Ribauds, Livre 1, Brugeas, Toulhoat

Sur le roi des Ribauds, une note extraite des Considérations sur le célibat de Poncet de la Grave :

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