Mariana Enriquez - Un lieu ensoleillé pour personnes sombres

Des voix magnétiques, pour la plupart féminines, nous racontent le mal qui rôde partout et les monstres qui surgissent au beau milieu de l’ordinaire. L’une semble tant bien que mal tenir à distance les esprits errant dans son quartier bordé de bidonvilles. L’autre voit son visage s’effacer inexorablement, comme celui de sa mère avant elle. Certaines, qu’on a assassinées, reviennent hanter les lieux et les personnes qui les ont torturées. D’autres, maudites, se métamorphosent en oiseaux. Les légendes urbaines côtoient le folklore local et la superstition dans ces douze nouvelles bouleversantes et brillamment composées, qui, de cauchemars en apparitions, nous surprennent par leur lyrisme nostalgique et leur beauté noire, selon un art savant qui permet à Mariana Enriquez de porter, une fois de plus, l’horreur aux plus hauts niveaux littéraires. Un lieu ensoleillé pour personnes sombres , le dernier recueil de nouvelles de Mariana Enriquez, sort en VF aux Editions du Sous-Sol dans une trad...

Déranger le nid de vipères


Tome 3 de la série Urban. Ca reste excellent.
Ce volume, intitulé "Que la lumière soit…", permet au lecteur de plonger plus avant dans la psychologie des personnages principaux en mettant en lumière leur passé. Alors que l’histoire avance, de nombreux flashbacks éclairent le lecteur sur les destinées des protagonistes du récit. C’est bienvenu.

Après l’attentat de masse qui a causé le chaos à Montplaisir, le parc d’attraction géant panse ses plaies. Rongé par le remords, Zach ne peut plus fermer les yeux sur la manière étrange dont sont gérées police et justice dans la ville de loisir. Il entame, difficilement, une enquête personnelle sur les tenants et aboutissants de l’affaire de meurtres en série qui endeuille Montplaisir, alors que la direction du parc envoie ses intercepteurs dans une mission de ratissage de grande envergure. Il ignore qu’au même moment sa famille, à l’extérieur, est en très grand danger.
La femme qu’il aime, la malheureuse Ishrat, trouve, semble-t-il, une porte de sortie à sa situation d’esclavage sexuel. Vérité ou illusion ?
Le jeune Niels Colton, le fugueur du tome 2, semble être l’enjeu d’une lutte qui le dépasse et qui est encore obscure pour l’instant. Sa mère, absente jusqu’alors, entre dans le jeu pour découvrir la vérité.

On découvre enfin l’intimité de Springy Fool, le maitre omnipotent de Montplaisir, un homme bien peu respectable doublé d’un inadapté social, alors qu’on suit, en parallèle, les premiers pas d’un émouvant couple, l’inspecteur Gunnar Christiansen et sa femme Pernilla, qui portent haut la dignité et la décence des dominés.

Une histoire riche, complexe, poignante. Une critique sociale percutante sans être jamais lourdingue car tout s’enchaine logiquement et que chacun avance sur les rails auxquels sa position lui donne accès. Des personnages développés dont aucun ne laisse indifférent. Une intrigue qui met la sagacité du lecteur à la torture. Un dessin, enfin, superbe, détaillé, rempli de détails, qui exprime la folie du lieu, l’obscénité de l’indifférence hilare, et la violence sous-jacente de la domination (à l'heure des débats sur le sexisme dans le dessin de BD, la manière dont Ricci dessine une femme d'âge mur et en surpoids qui reste une femme désirante et digne dans son désir est un manifeste à soi seul qui prouve qu'en BD on ne dessine pas que des bimbos spread-eagled).
Il faut lire, il faut attendre la suite, il faut se réjouir que ce cycle existe.

Urban t3, Que la lumière soit…, Brunschwig, Ricci

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