Les Morts bizarres - Jean Richepin

Les Morts bizarres est un recueil de très courtes nouvelles de Jean Richepin , initialement publié en 1877 et réédité chez L'arbre vengeur amputé d'un texte – Une histoire de l'autre monde – jugé par l'éditeur trop long pour l'esprit du recueil. Aventurier, franc-tireur, romancier, poète, dramaturge, Richepin conjugua naturalisme et provocation dans une œuvre amusante et très caractéristique d'une certaine pensée de la seconde moitié du XIXe siècle. A lui, Léon Bloy dit : « En réalité, vous vous foutez de tout, excepté de deux choses : jouir le plus possible et faire du bruit dans le monde. Vous êtes naturellement un cabotin, comme d'autres sont naturellement des magnanimes et des héros. Vous avez ça dans le sang. Votre rôle est d'épater le bourgeois. L'applaudissement, l'ignoble claque du public imbécile, voilà le pain quotidien qu'il faut à votre âme fière. » . De lui, il dit qu'il était « la chrysalide du bourgeois vertueux » . Son

Déranger le nid de vipères


Tome 3 de la série Urban. Ca reste excellent.
Ce volume, intitulé "Que la lumière soit…", permet au lecteur de plonger plus avant dans la psychologie des personnages principaux en mettant en lumière leur passé. Alors que l’histoire avance, de nombreux flashbacks éclairent le lecteur sur les destinées des protagonistes du récit. C’est bienvenu.

Après l’attentat de masse qui a causé le chaos à Montplaisir, le parc d’attraction géant panse ses plaies. Rongé par le remords, Zach ne peut plus fermer les yeux sur la manière étrange dont sont gérées police et justice dans la ville de loisir. Il entame, difficilement, une enquête personnelle sur les tenants et aboutissants de l’affaire de meurtres en série qui endeuille Montplaisir, alors que la direction du parc envoie ses intercepteurs dans une mission de ratissage de grande envergure. Il ignore qu’au même moment sa famille, à l’extérieur, est en très grand danger.
La femme qu’il aime, la malheureuse Ishrat, trouve, semble-t-il, une porte de sortie à sa situation d’esclavage sexuel. Vérité ou illusion ?
Le jeune Niels Colton, le fugueur du tome 2, semble être l’enjeu d’une lutte qui le dépasse et qui est encore obscure pour l’instant. Sa mère, absente jusqu’alors, entre dans le jeu pour découvrir la vérité.

On découvre enfin l’intimité de Springy Fool, le maitre omnipotent de Montplaisir, un homme bien peu respectable doublé d’un inadapté social, alors qu’on suit, en parallèle, les premiers pas d’un émouvant couple, l’inspecteur Gunnar Christiansen et sa femme Pernilla, qui portent haut la dignité et la décence des dominés.

Une histoire riche, complexe, poignante. Une critique sociale percutante sans être jamais lourdingue car tout s’enchaine logiquement et que chacun avance sur les rails auxquels sa position lui donne accès. Des personnages développés dont aucun ne laisse indifférent. Une intrigue qui met la sagacité du lecteur à la torture. Un dessin, enfin, superbe, détaillé, rempli de détails, qui exprime la folie du lieu, l’obscénité de l’indifférence hilare, et la violence sous-jacente de la domination (à l'heure des débats sur le sexisme dans le dessin de BD, la manière dont Ricci dessine une femme d'âge mur et en surpoids qui reste une femme désirante et digne dans son désir est un manifeste à soi seul qui prouve qu'en BD on ne dessine pas que des bimbos spread-eagled).
Il faut lire, il faut attendre la suite, il faut se réjouir que ce cycle existe.

Urban t3, Que la lumière soit…, Brunschwig, Ricci

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