The Dagger in Vichy - Alastair Reynolds

France, non loin de Bourges, autour du ??? Autour de quel siècle au fait ? C’est une bonne question. Car si dès le début de The Dagger in Vichy nous marchons dans les traces d’une troupe de théâtre itinérante comme il y en avait tant entre Moyen-Age et Renaissance, des indices transparents nous disent vite (à nous, peuple de la SF) que l’époque n’est pas celle que nous croyions au départ. Nous comprenons vite que Maître Guillaume, le dramaturge, Maître Bernard, le soldat, et le reste de la troupe, y compris celui qui nous narre l’histoire tragique et navrante de la petite équipe, vivent en des temps qui suivent les nôtres, après maints désastres et tribulations (décidément l’un de mes mots préférés de la langue française) , alors que barbarie et sauvagerie ont repris possession du monde comme elles le firent après la chute de l’Empire romain. Caprice des temps, il y a dans la France du texte un Imperator qui siège à Avignon, comme le firent les papes en d’autres temps. Époque incerta...

Vers la terre des dinosaures


Sortie récente du premier volume de l’adaptation du "Monde Perdu" d’Arthur Conan Doyle (publié en 1912), par le très prolifique Christophe Bec. Maintes fois adapté, notamment à la télévision et au cinéma, ce roman a aussi inspiré Jurassic Park ou King Kong. C’est au tour de Bec d’y venir.

Il faut dire que l’idée qu’existeraient encore des dinosaures vivants, quelque part sur Terre dans une vallée cachée ou en son cœur creux, n’a cessé de faire rêver les contemporains de Conan Doyle (ou ses prédécesseurs tels Jules Verne avec son « Voyage au Centre de la Terre »). La puissance presque inimaginable des anciens reptiles, leur extinction incompréhensible, les traces de leur présence retrouvées en grand nombre par des paléontologues partis tout autour du globe à la chasse au trésor, tous les ingrédients étaient réunis pour que les défunts lézards géants fascinent ce monde de la fin du XIXème qui partait à la découverte de ses limes, tant géographiques que temporels.

La volonté d’explorer, de connaître, et de maîtriser de l’Occident bénéficie alors des avancées technologiques de la Révolution Industrielle ainsi que de la richesse qu’elle génère. Les nouveaux moyens de transport, de plus en plus rapides et fiables, comme les nouveaux outils de communication, rétrécissent le monde, d’autant que l’opulence nouvelle permet de divertir une partie des ressources humaines et capitalistiques à l’exploration du monde.
Et si le monde devient plus petit, plus ramassé, il est encore largement inexploré. De vastes pans des cartes mondiales sont vierges. On n’y écrit plus « Here be dragons », mais c’est tout comme. Le cœur de l’Afrique est mal connu, ceux de l’Amérique du Sud ou de l’Asie aussi ; quand à l’Antarctique…
C’est sur ce grand Inconnu que fleuriront les romans d’exploration fantastique, tant il était impossible à quiconque d’affirmer qu’il ne pouvait y avoir de « Monde Perdu », sous une forme ou sous une autre, faute d’y être allé voir. Lovecraft est l’un de ceux qui fermeront le bal, avec ses « Montagnes Hallucinées » incompréhensibles pour un lecteur actuel qui aurait oublié que, dans les années 30, on ne savait pas ce qu’il pouvait bien y avoir au cœur de l’Antarctique.

Reprenant assez fidèlement l’histoire de Conan Doyle, l’album présente les personnages, les rivalités qui les opposent, et leur long périple vers la terre des dinosaures. Si ce premier tome, qui se termine à l’instant où l’expédition du professeur Challenger voit ses premiers spécimens vivants, fait figure d’exposition, il n’en est pas moins utile et, dirais-je, nécessaire. La longueur du voyage fait ressentir au lecteur combien il faut partir loin des routes balisées et des terres cartographiées, loin de la civilisation, pour espérer trouver du nouveau et de l’inconnu.

Dessin et couleurs soutiennent convenablement l’action dans le style de l’époque. Disons simplement qu’ils font bien le boulot.
A noter que la première édition contient un très beau cahier graphique.

Le monde perdu, tome 1, Bec, Salvatori, Faina

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