Rich Larson - The Sky Didn’t Load Today and Other Glitches

Quelques mots sur The Sky Didn’t Load Today and Other Glitches , le tout récent recueil de micro-nouvelles de Rich ‘ Fabrique des lendemains ’ Larson . 30 textes, chacun lisible en une à six minutes, grand maximum  (une ou deux déjà traduites en français dans le recueil susnommé) . Du court, du court, du court, du bon, du bon, du bon. De la SF, du post-apo (voire très post-apo) , du cyber, du body-horror/weird, du genemod. Je ne peux pas raconter, même un peu car, les nouvelles étant courtes et parfois à chute, ça spoilerait trop. Qu’on sache juste que c’est globalement très bon, que lorsque ça l’est moins c’est court, et que, même si le background n’est pas toujours cyber, ça forme, par la noirceur et l’inventivité technologique de l’ensemble, ce qui se rapproche le plus aujourd’hui d’un très bon recueil cyberpunk/SF. Pour donner un peu envie (si ce qui précède ne te suffit pas, ingrat de lecteur) , je liste ci-dessous, en vrac, quelques-uns des tropes que tu croiseras dans les pages

Nouveaux droits civiques


Rappelons très brièvement que Brunschwig et Hirn commencèrent, il y a bientôt vingt ans, une excellente série de BD d’anticipation politique en 5 tomes intitulée « Le pouvoir des innocents ». Presque dix ans après la fin de la série, ils revinrent avec deux séries suites : « Car l’enfer est ici », immédiatement après les évènements du Pouvoir des Innocents et l’arrivée à la mairie de New York de la très sociale Jessica Ruppert, et « Les Enfants de Jessica » qui démarrent dix ans après, alors que Ruppert est entrée au gouvernement américain et qu’elle va tenter d’y mener la même politique qu’à NY, mélange de Care et d’Empowerment, inspirée par les nécessités d’une nation ravagée par les effets d’une crise économique autant due aux effets de la globalisation combinée à la perte du leadership technologique qu’aux dépenses exorbitantes de plusieurs interventions extérieures au Moyen-Orient.

Dans le tome 2 des Enfants, "Jours de deuil", Jessica propose un plan de révolution institutionnelle en 200 réformes. D'occultes groupes de pression travaillent avec énergie pour l’empêcher d’y parvenir, y compris en l’éjectant de la vie politique, manipulant sans vergogne groupes paramilitaires et dirigeants politiques.
La violence règne dans les rues d’une Amérique de plus en plus divisée entre ceux qui ont et ceux qui n’ont rien, et une nouvelle forme de « lutte des classes » a remplacé la « lutte des races » (avec un choix de personnages fort judicieux). Et la violence politique, plus policée, n’est pas moindre. Une nouvelle marche vers Washington permettra-t-elle de forcer la transformation d’une société de plus en plus inégalitaire ?

Le récit de Brunschwig, solidement charpenté, est aussi dur qu’il le faut pour faire appréhender au lecteur l’urgence du moment et la division qui fracture les USA. Peu amateur des œuvres trop ouvertement militantes, je suis d’abord tenté de trouver que l’histoire est outrée et que l’auteur en fait un peu trop dans le souci de démontrer. Puis je me souviens de l’opposition violente et haineuse à laquelle se heurte Obama depuis sa prise de fonction, de l’accusation de « communisme » à laquelle il fait régulièrement face, des affadissements qu’il a dû apporter à son projet de « Sécurité Sociale » sous les coups de boutoir d’une opposition vent debout. Et je me dis qu’après tout… J’apprécie donc.
On oubliera juste la première scène, très peu crédible sur le plan économique. Parfois le désir de démontrer conduit à dire des bétises.

Le dessin de Hirn, pastel, est agréable. Très bien encré, il donne des traits expressifs et reconnaissables même aux personnages au second plan ce qui est toujours appréciable. La couverture, superbe, cercueil des victimes d’attentat sur fond de bidonville géant aux portes de New-York, résume parfaitement l’album et ses enjeux.

Brunschwig, Hirn, Les enfants de Jessica, t2, Jours de deuil

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