Frankenstein - Michael Walsh

  Avant de donner vie à sa créature, le docteur Henry Frankenstein a profané bien des tombes, exhumé bien des cadavres, rassemblé bien des membres. De ces dépouilles est né un nouvel être, mais celui-ci est-il véritablement nouveau ? Se pourrait-il que ces jambes, ces bras, ces mains se souviennent de leur ancien propriétaire, des individus qui ont, sans le vouloir, contribué à la création du monstre de Frankenstein ? Bon, maintenant, pour ces chroniques BD, je fais court. Je suis las de passer du temps à juste te prévenir, lecteur, du caractère clairement optionnel de tel ou tel album. J’adore Frankenstein depuis des décennies. J’adore le roman, j’adore le film de 1931. Je pense qu’ils font partie des grandes œuvres du patrimoine humain. J’attendais donc avec grande impatience la sortie de cette adaptation par Michael Walsh chez Urban, surtout après la choc que fut l’adaptation de Dracula par James Tynion IV (et en dépit de la déception que fut celle de L’Etrange créature du lac ...

The Weird anthology (note 9)


Acheté il y a peu la colossale anthologie "The Weird", dirigée par les Vandermeer (on peut trouver pire comme anthologistes). 1152 pages, 110 nouvelles et autant d’auteurs, un siècle d’envergure, 1,4 kilo (on comprend mieux l’exquis dessin de Karl Lagerfeld ci-dessous). Et, last but not least, British Fantasy Award 2012 de la meilleure anthologie.

Deux belles introductions de Moorcok et de Jeff Vandermeeer définissant le Weird, comme (je résume de nombreuses page en deux mots, c’est donc réducteur) du « fantastique étrange ».

Quelques noms d’invités : Kafka, Lovecraft, Gibson, Miéville, Borges, Walpole, Leiber, Link, Tuttle, Gaiman, etc… (il y en a 100 de plus dans l'ouvrage).

Je la lirai au fil de l’eau, une ou deux nouvelles entre chaque gros livre, comme on mange du gingembre entre deux sushis différents. Et parfois, j’en dirai un (bref) mot ici, car on peut se procurer certains de ces textes, même sans acheter l’anthologie.


Family, de la grande auteur américaine d'horreur Joyce Carol Oates, est un texte inquiétant qui décrit une situation objectivement fantastique comme « naturelle » ; de fait, personne dans la « famille » ne semble s’émouvoir du caractère étrange de sa vie et de son environnement. Mais n’est ce pas le cas de toutes les familles, chacune certaine de sa normalité et de celle de sa vie ?

Dans un texte au glissement vers le Weird superbement maîtrisé, Oates utilise les souvenirs de son enfance dans une famille rurale pauvre, et donne de ce monde isolé et en rémission de crise économique une vision qui se déforme progressivement comme à travers un verre de lampe jusqu’à devenir un huis clos monstrueux, dans une ferme en déliquescence habitée par une famille entre "Eraserhead" et les rednecks tarés de "Massacre à la tronçonneuse". Rien de spectaculaire. Mais beaucoup de dérangeant. C’était le but. Il est atteint.

Family, Joyce Carol Oates

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