Daredevil Redemption - Hine - Gaydos

Redemption, Alabama. Un enfant du coin est retrouvé tué et mutilé. Après une enquête expéditive le shérif et ses hommes mettent la main sur trois suspects qui font des coupables idéals. Deux garçons et une fille du coin, se disant satanistes tous les trois. Dans le contexte explosif de la mort d’un enfant dans une petite communauté l’affaire est pliée, c’est la chaise électrique qui attend les trois jeunes en dépit de leurs protestations d’innocence. Cette affaire désespérée, pourtant, c’est le brillant Matt Murdoch, plus connu sous le nom de Daredevil, qui la prend en charge en défense de l’accusé principal, sur l’insistance d’une mère sure de l’innocence de son fils. En terrain hostile, l’avocat new-yorkais mettra toute son énergie à disculper son client et à découvrir le vrai coupable. Car, dans une ville où le fanatisme religieux règne et où de sombres secrets obscurcissent la vue, seul l'aveugle qu'il est peut espérer y voir clair. Daredevil Redemption est un one-shot réé

Souveraineté moribonde


"Serenitas" est un thriller d’anticipation de Philippe Nicholson. Thriller. C’est sa force, c’est aussi sa faiblesse imho.

Paris, dans un futur proche, un attentat à la bombe est commis dans une pizzéria fréquentée par de nombreux narco trafiquants. Contre la thèse officielle de la guerre des gangs, un journaliste seul enquête pour dévoiler une vérité bien plus inquiétante. Il se retrouve au cœur d’un complot dont il devient rapidement (ou pas, le lecteur comprendra) le bouc émissaire.

Dans L’Ancien Régime et la Révolution, Alexis de Tocqueville expliquait que la Révolution française visible ne débutait que lorsque la révolution véritable était achevée. Elle n’était que l’actualisation convulsive d’un changement social qui s’était opéré progressivement sur le long terme, combinant perte de pouvoir de la noblesse, rupture du contrat social de protection, et montée de la nouvelle classe bourgeoise. Ce que raconte "Serenitas", c’est la même situation de déréliction et de frustration, avec les mêmes conséquences. Face à un Etat qui ne contrôle plus grand chose, du fait de son endettement écrasant et des effets délétères d’une mondialisation incontrôlée, se dressent deux nouveaux pouvoirs : celui de multinationales plus riches que des Etats, et celui, plus local mais non moins politique, de trafiquants qui se mettent à recréer du lien social (et presque de l’administration) car la stabilité politique est nécessaire au développement des affaires. Serenitas raconte donc la lutte entre un pouvoir finissant et deux groupes protopolitiques en ascension, une lutte inquiétante pour le lecteur car il peut la sentir approcher dans le réel, ou du moins craindre que ça n’arrive.
C'est au spectacle de la fin d'une conception étatique de la souveraineté bâtie au Moyen-Age contre l'existence de pouvoirs concurrents, tant extérieurs qu'intérieurs, que Nicholson nous convie.

Et "Serenitas" le fait bien, dans les clous de ce qu’est le genre du thriller. Chapitres courts, écriture nerveuse, temps bref de l’action (on dirait presque le script d’un épisode de 24 heures chrono). Mystère, enquête, révélations, résolution. "Serenitas" est efficace, il se lit très vite car il y pousse le lecteur. Quand au monde qu’il décrit, inégalitaire et rude, peuplé de journalistes aux ordres des pouvoirs financiers, de cadres exécutifs brutaux vivant dans des enclaves protégées, de chômeurs, de drogués, de trafiquants, de jeunes mendiants en bande, il ressemble trop à une extension crédible du nôtre pour ne pas interpeller le lecteur.

Néanmoins "Serenitas" a aussi les défauts presque caricaturaux du thriller. Personnages taillés à la hache, inévitable héros en état de dérive, coïncidences « heureuses » qui permettent d’avancer résolution ou compréhension, et je ne parle pas des deux émoticons faciles que sont la maladie de l’enfant et le secret sur la naissance du héros.

De plus, le complotisme qui préside au récit, indispensable pour qu’il y ait un mystère à dévoiler, m’agrée toujours aussi peu. Dans le monde réel, de Louis XIV à Pinochet en passant par Nicolas II ou Lumumba, les forces qui veulent le pouvoir et ont les moyens de le prendre ne s’embarrassent pas de constructions intellectuelles aussi complexes. La force brute est moins couteuse en ressources pour le même résultat.

Même si les deux romans ne sont pas vraiment comparables, et étant posé que "Serenitas" est bien meilleur, je me retrouve avec les mêmes balancements, en partie pour les mêmes raisons, qu’à la lecture du Syndrome [E].

Ceci dit, la lecture de "Serenitas", roman efficace, percutant, et parfois inquiétant par le futur qu’il laisse entrevoir, ne m’a pas déplu, loin de là. Il séduira sûrement d’autant mieux les amateurs de thriller que tous n’ont pas mes préventions anticomplotistes.

Serenitas, Philippe Nicholson

Commentaires

Efelle a dit…
Pas convaincant en effet.
Dans le genre, j'ai beaucoup aimé Citoyens clandestins de DOA et je te le conseille si tu ne l'as pas déjà lu.
http://efelle.canalblog.com/archives/2007/07/25/5712861.html

Gromovar a dit…
OK. Je le note.