The Nice House by the Sea - Tynion - Bueno - Bellaire

Sortie de The Nice House by the Sea , le premier volume du second cycle de la série Nice House . Le chef d’œuvre (encore un) de James Tynion IV assisté de Alvaro Martinez Bueno et Jordie Bellaire aux pinceaux, le tout traduit par Maxime Le Dain, se poursuit donc, comme annoncé. Cette chronique sera courte car il ne faut spoiler ni ce nouvel album ni la duologie précédente. Que puis-je dire, lecteur, sans lever le voile plus que ne le fait le site de l'éditeur ? Sache d'abord, lecteur, qu'il ne fait pas commencer ce nouveau cycle sans avoir lu le précédent. Il est clairement une suite et donc, sans avoir lu ou relu, tu ne comprendrais sûrement pas grand chose aux enjeux du récit – au mieux tu comprendrais peut-être certains points mais sans toucher du doigt les tensions internes qui existent entre les personnages impliqués. Ceci posé, sache, lecteur, que de nouveaux personnages entrent en scène, dans un nouveau lieu, une luxueuse maison « à la grecque » au bord de la mer....

Eclosion


Voici une intégrale qui me faisait de l’œil depuis un moment et que je n’aurais peut-être pas achetée si je ne venais pas de lire La loi des mages. Même espace-temps ou presque, même illustrateur, il fallait que j’en ai le cœur net.
Russie, 1894, octobre sans doute. Mais pas la Russie que nous connaissons. Une Russie uchronique, magique et féérique. L’empereur est un dragon très âgé ; il est devenu fou. Il fait tuer, piller, asservir, sans limite ni vergogne. A son service une garde prétorienne de vierges combattantes qui le protègent et accomplissent ses basses besognes (qui sont nombreuses). Quand l’histoire commence, la révolution vient de gagner, elle a pris le pouvoir dans la capitale, et l’empereur est mort. Une guerrière drakh a réussi à fuir avec le dernier des œufs du dragon. Celui-ci devient l’enjeu d’une traque opposant révolutionnaires et fidèles de l’empereur, tous à la poursuite d’un trésor qui peut changer l’issue de la révolution et que sa voleuse/protectrice ne veut plus abandonner. De surprises en rebondissements, le lecteur est balloté dans un pays magique en plein tourment, vers une conclusion qui laissera les acteurs de l’histoire désarçonnés, pour le moins.
Nicolas Pona, le scénariste, livre au lecteur une version revisitée de la révolution de 1917 ainsi qu’un joli hommage à l’imaginaire russe. Il y a donc dans les pages du Cycle des elkins (dont le nom rappelle vaguement les elfes, mais qui peuvent aussi évoquer les métamorphes leshii, les esprits russes de la forêt), une lamia, un mage sibérien et sa magie de glace, un vaisseau-sorcière, avec sa figure de proue vivante comme sur les liveships des romans de Robin Hobb, des fées, des sylvains (qui pourraient eux aussi être des leshii), des streggas (sorcières), des « affamés », une voleuse devineresse, des pénates, etc. Mais il y a aussi des révolutionnaires (des rouges et des noirs), qui s’aiment autant que dans la vraie vie et s’entretuent donc allègrement, des dirigeants cyniques et obscènes, des contre-révolutionnaires, fidèles de l’empereur espérant relancer la dynastie grâce à l’œuf, des assassins amoraux, un asile psychiatrique (spécialité russe) dans lequel avait lieu des expériences atroces, des soldats sacrifiés sans une pensée (comme dans tous les conflits, et en particulier dans les conflits révolutionnaires tant l’enjeu vaut tous les sacrifices, ou pas ; on pourra relire utilement Leur morale et la nôtre, court essai de Trotski que feraient bien de se remettre en mémoire beaucoup de gens aujourd’hui), et enfin un ogre qui mettra fin à la révolution (de la manière dont ce genre de chose finit en général, c’est à dire peu aimable, et c’est un ogre : chacun pourra imaginer qui il représente).
Nouvelle Russie et Russie traditionnelle voire légendaire se mêlent donc pour le mieux dans cette série de BD, chacune interagissant avec l’autre. Le dessin de Christophe Dubois illustre magnifiquement cette épopée, avec des villes grandioses, des paysages immenses, et neige, brouillard, forêt. Dubois donne à voir une Russie légèrement steampunkisée, superbe entre tradition et modernité. Les couleurs ainsi que les lumières sont également très réussies. Je ne formulerais qu’un petit reproche graphique. Il concerne les visages, que j’ai trouvés assez laids dans la première moitié de l’intégrale, avant de devenir de très bonne qualité dans la seconde moitié. Mystère du pinceau.
Cette intégrale est belle, construite, palpitante, et ne coûte que 25 €. Vous êtes toujours là ?
Le cycle d’Ostruce, Intégrale, Pona, Dubois

Commentaires