1915, Californie. Adelaide Henry quitte pour la dernière fois la ferme familiale de la Lucerne Valley. Cette jeune femme noire d’une trentaine d’années y vivait jusque-là avec ses parents Glenville et Eleanor, deux pionniers qui avaient choisi de suivre l’appel de l’African Society à « coloniser » le sud de la Californie et donc accepté d’occuper les terres californiennes que le gouvernement fédéral mettait à disposition des volontaires, fussent-ils noirs. Mais ceci, c’était il y a longtemps. Aujourd’hui, des décennies de dur labeur plus tard, Adelaide part, laissant derrière elle une ferme à laquelle elle met le feu et deux cadavres qui brûleront dedans. Il n’y aura plus que vingt-six familles noires dans la Lucerne Valley. C’est vers le Montana que la jeune femme se dirige, décidée à profiter de l’Homestead Act de 1862 (révisé en 1912) qui permettait à toute personne, quelles que soient ses caractéristiques, de revendiquer la propriété d’un terrain de 130 hectares qu’elle ...
La vidéo ci-dessous suffirait à dire mon affliction, mais je vais écrire quelques mots sur l'assassinat de Shakespeare auquel j'ai assisté hier soir. "La tragédie du roi Richard II", du grand Will donc, a été malheureusement mis en scène par Jean-Baptiste Sastre. Que dire ? Une histoire tragique, celle d'un roi qui refuse de n'être que l'oint du Seigneur, qui refuse les dilemmes du pouvoir, et qui abdique face à une rébellion, avant de mourir en captivité. Un texte superbe à lire dans la langue du barde. Tout metteur en scène qui se frotte à cette oeuvre se voit remettre ce matériau de qualité. Qu'y ajoute le regrettable Sastre ? Aucun décor, si ce n'est une poutre de plusieurs mètres et une table à laquelle est assis le mannequin d'un enfant blond. Des costumes improbables, in-signifiants, dont certains passent allègrement les limites du ridicule (la robe rose parishilton de la reine, la robe à paillette de de Gand, et, clou du spectacle, la tenue de bohémienne à anorak d'Aumerle). Une scénographie réduite à des éclairages plutôt réussis et à une sonorisation ponctuant de bang sonores les évènements, comme le font les rires dans les sitcoms US. Une traduction (nouvelle) trop moderne et trop simple, dans laquelle ne restait rien de la poésie de Shakespeare. Enfin, pour ce qui est du jeu, on aura vu des acteurs qui déclament en hurlant, la voix chevrotante, comme on ne l'a plus entendu au théâtre depuis des lustres, des acteurs qui souvent se parlent sans se regarder en en fixant le public, des mouvements excessifs et spasmodiques, le duc de Norfolk joué par une femme, et surtout, les intermissions à la Monty Python durant lesquelles le roi danse, par exemple, sur l'air du Beau Danube Bleu. Tout ce foutoir m'a mis en déroute et conduit à fuir au bout d'une heure vingt ; la mise en scène m'isolait tellement de l'oeuvre que je ne la percevais presque plus. Et là, sortant du théâtre, je suis accueilli par un homme hilare, debout sur le trottoir, attendant visiblement un ami, qui me dit qu'il est là depuis un quart d'heure et qu'il a déjà vu sortir beaucoup de monde. Pour la petite histoire, sachez que dans quatre jours d'aujourd'hui, une conférence-débat aura lieu au théâtre du Gymnase même, avec un prof d'esthétique de la fac d'Aix, sur la mise en scène. Je crois que rien ne dit mieux qu'il y a un problème. Quand l'art contemporain nécessite un sous-titrage, il devient trop auto-référentiel pour pouvoir m'intéresser encore. Mais après tout, comme l'expliquait Bourdieu dans "Les règles de l'art", si je n'ai pas compris c'est que n'étant pas dans le champ de lutte ça ne m'était pas destiné (PS : Fascinant d'ailleurs de constater comme la SFFF française est un champ de lutte conforme aux analyses de Bourdieu).
Bon eh bien au moins, je ne regrette pas de ne pas pouvoir la voir :-) J'ai aussi des gros problèmes avec les mises en scène modernes "à la française". C'est pour ça que je me ruine en voyages vers l'Angleterre.
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J'ai aussi des gros problèmes avec les mises en scène modernes "à la française". C'est pour ça que je me ruine en voyages vers l'Angleterre.