Frankenstein - Michael Walsh

  Avant de donner vie à sa créature, le docteur Henry Frankenstein a profané bien des tombes, exhumé bien des cadavres, rassemblé bien des membres. De ces dépouilles est né un nouvel être, mais celui-ci est-il véritablement nouveau ? Se pourrait-il que ces jambes, ces bras, ces mains se souviennent de leur ancien propriétaire, des individus qui ont, sans le vouloir, contribué à la création du monstre de Frankenstein ? Bon, maintenant, pour ces chroniques BD, je fais court. Je suis las de passer du temps à juste te prévenir, lecteur, du caractère clairement optionnel de tel ou tel album. J’adore Frankenstein depuis des décennies. J’adore le roman, j’adore le film de 1931. Je pense qu’ils font partie des grandes œuvres du patrimoine humain. J’attendais donc avec grande impatience la sortie de cette adaptation par Michael Walsh chez Urban, surtout après la choc que fut l’adaptation de Dracula par James Tynion IV (et en dépit de la déception que fut celle de L’Etrange créature du lac ...

Dieu reconnaitra les siens


"Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens" est la phrase mémorable (mais non attestée de manière fiable) qu'Arnaud Amaury, légat du pape Innocent (!?!) III, aurait prononcée à la fin du siège de Béziers en réponse à un soldat qui demandait comment choisir entre cathares et catholiques. C'est aussi le titre du premier tome de la nouvelle série d'Arnaud Delalande et Eric Lambert, "Le dernier cathare".
Loin des histoires de templiers auxquelles il pourrait faire penser, cet album aborde un évènement historique assez peu traité dans la BD, la croisade des Albigeois qui, de 1208 à 1249, annihila le catharisme (jugé hérétique), et l'indépendance occitane par la même occasion. Ne pas crier, donc, à la DaVinciconnerie, "Le dernier cathare" n'a rien à voir avec l'épuisante mode des histoires de chevalerie ésotérique. On est ici bien plus près du "Trône d'argile", l'excellente série de Jarry et Caneschi sur la dernière partie de la guerre de 100 ans, c'est à dire dans le récit historique crédible. Et cette histoire étant peu reluisante, on y voit le cynisme de l'Eglise, la faible valeur morale de nombreux chevaliers, l'absurdité d'une croisade en terre chrétienne, l'assassinat de masse commis par le fanatique religieux Arnaud Amaury.
Originalité du thème, scénario fouillé et documenté, apports culturels, équilibre savamment réalisé entre didactisme et aventure, dessins et couleurs réalistes de bonne facture, cet album fait plaisir à lire autant qu'il cultive. On en sort diverti et enrichi. Vivement la suite !
Le dernier cathare, t1 Tuez-les tous, Delalande, Lambert

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