"
Pump six" est le premier recueil de nouvelles de Paolo Bacigalupi. Il installe sans discussion son auteur comme une voix forte et innovante de la SF contemporaine. Je l'avais, il y a peu, rapidement
présenté ici après avoir lu deux nouvelles téléchargées, j'ai découvert dans "
Pump six", avec un grand plaisir, de nombreux autres aspects, toujours aussi passionnants, de son oeuvre ; empoisonnement chimique à bas bruit, modification de la fertilité, mutations, dégénérescence du cheptel humain, s'ajoutent aux thèmes précédemment évoqués. L'avenir que décrit Bacigalupi est terriblement sombre, et les hommes y vivent comme dans un Moyen-Age saupoudrés de technologie. Et, contrairement à ce qui advient dans les romans post-apocalyptiques, nul besoin d'un cataclysme pour ça ; l'humanité, minée par son incurie et sa gloutonnerie, s'effondre sous sa propre complexité.
C'est du bon, du très bon, et Bacigalupi est décidément un auteur à suivre et à ne pas lâcher.
Aucune nouvelle n'est mauvaise dans "
Pump six", je vais donc les citer toutes :
Pocketful of Dharma, peut-être la plus faible (ennuyeux pour un début), misère, inégalités, constructs, mouais...
The fluted girl, pourrait être une nouvelle de fantasy tant elle est merveilleuse. Mais ici c'est la génétique qui crée le merveilleux et l'inégalité abyssale qui le change en monstruosité. Noir, très noir.
The peuple of sand and slag, que faire d'un chien quand on est un groupe de post-humains se nourrissant de silice sur un monde dévasté ? A quoi peut-il servir et comment peut-il survivre dès lors qu'il est dépourvu d'augmentations génétiques ?
The pasho, belle nouvelle sur la préservation et la circulation du savoir qui évoque "
Un cantique pour Leibowitz" dans un style western.
The calorie man, dans un monde où chaque graine est copyrightée par les géants céréaliers, comment se libérer du joug de l'appropriation ?
The tamarisk hunter, comment la guerre de l'eau surviendra, à l'intérieur même des pays riches.
Pop squad, dans un style de roman noir avec flic à chapeau, les conséquences inévitables de l'immortalité et l'étrange survie d'un atavisme incompréhensible.
Yellow card man, noire et dure, grandeur et décadence, réfugiés politiques, vie et mort se succèdent sans rime ni raison (c'est beau comme un haïku ;-)
Softer, un instant de vie dans une vie insupportablement monotone, ses conséquences irréparables, comme il est facile de tuer quelqu'un.
Pump six, terrifiante nouvelle décrivant la chute ushérienne de New-York congestionnée par les déchets, la merde, les toxiques. Plus personne ne sait entretenir le legs du passé et la civilisation s'effondre paisiblement comme un soufflet dans l'indifférence générale. C'est la trajectoire de l'
urbs romaine après l'Empire. Peut-être la meilleure nouvelle du recueil.
Small offerings, étonnante et dure nouvelle sur les mutations embryologiques et les bébés médicaments. Un twist inattendu.
Pump six and other stories, Paolo BacigalupiL'avis de Cédric Jeanneret
Commentaires
Merci de m'avoir fait découvrir cet auteur.