Le Monde et vice versa - James Morrow

James Morrow est un auteur américain de romans aussi caustiques qu'irrévérencieux . Après son drolatique Lazare attend , il revient, encore Au Diable Vauvert, avec Le monde et vice versa , traduit par Sara Doke. Ici et maintenant, sans doute. La planète qu'habite Eamon Keen est la nôtre, avec ses inégalités et son réchauffement climatique. Eamon fut longtemps porte-plume pour des politiques de tous bords. Un exemple de ses œuvres : « il travailla à rendre le jeune sénateur d'Ohio, un républicain intelligent et cultivé nommé Dudley Prong, suffisamment rustre et bibliophobe pour être réélu à une large majorité » . Finalement, dégoûté de n'être qu'un mercenaire sans idéologie comme son père avant lui, Keen lâcha tout. Il tente depuis d'écrire un roman de fantasy épistémologique (de la fantasy qui se la pète, comme on en voit hélas tant) et à son grand dépit n'arrive à convaincre aucun éditeur de publier un texte sans doute aussi chiant que pompeux. Un soir de ...

Les arbres ne montent jamais jusqu'au ciel


Nouveau petit opuscule du Cepremap. Un peu ardu pour le grand public dans sa deuxième partie (quoique...), mais de très grande qualité.
Chef de file de l'école des conventions, André Orléan livre ici son analyse de la crise financière de 2007-08. Dans "Neuromancien", William Gibson décrit la Matrice comme "une hallucination consensuelle". Pour Orléan, la valeur des actifs financiers est aussi une hallucination consensuelle. A l'opposé des tenants de l'orthodoxie pour qui la valeur des actifs reflète toujours plus ou moins les fondamentaux des entreprises et de l'économie, les conventionnalistes considèrent qu'elle n'est que le résultat d'un accord implicite et quasi-inconscient entre intervenants (comme dans le célèbre exemple du Concours de beauté de Keynes). Plus précisément, les oscillations de prix autour d'hypothétiques valeurs fondamentales sont d'une extrême intensité, comme l'affirmait déjà Dornbush il y a quelques années. Alors Orléan développe la thèse, minoritaire dans le monde économique, suivant laquelle les marchés financiers ne sont pas efficients. Il explique comment, sur les marchés spéculatifs, la demande augmente avec le prix et baisse avec lui, à l'opposé de ce qui se passe normalement sur les marchés de biens. Ce phénomène a deux conséquences liées : l'apparition spontanée de bulles spéculatives et la grande difficulté à sortir de la spirale dépressive quand elle est enclenchée, forçant alors l'Etat à intervenir à grand renfort d'argent public. En d'autres termes, les marchés ne sont pas efficients et bulles et dépression sont normales. Se pose alors la nécessité de contrôler étroitement le secteur financier afin d'éviter les crises globales comme celle qui vient d'avoir lieu. A l'opposé de la doxa propagée par le banque centrale US, il importe, pour l'auteur, de recloisonner les marchés afin de circonscrire les crises. La finance globalisée, théorisée et mise en œuvre notamment par Alan Greenspan, ne souffre pas d'une régulation insuffisante, elle est, pour Orléan, impossible à réguler. Décloisonnée pour favoriser la liquidité, et ainsi une meilleure allocation mondiale des ressources financières, la finance se retrouve aujourd'hui hors de tout contrôle, notamment à cause du hors-bilan et des produits structurés, au risque impossible à évaluer. Après la crise de 1929, le secteur financier avait été corseté pour éviter d'autres crises ; il s'est libéré de ce corset durant les années 80 ; il est urgent de remettre le corset en place et de serrer fort, même au prix d'un léger ralentissement de la croissance mondiale.
De l'euphorie à la panique, penser la crise financière, André Orléan

Commentaires