La Fille qui sauva Hiroshima - Stéphane Desienne

9 août 1945. Comme chacun le sait, c'est la date du premier (et unique) bombardement atomique de l'histoire du monde. Sur Nagasaki . Quatre mois après la cataclysmique Bataille d'Okinawa  qui tua environ 100000 Japonais combattants et sans doute autant de civils. La bombe atomique au plutonium, surnommée Fat Man , fut lâchée sur la ville à partir du bombardier B-29 Bockscar piloté par le major Sweeney . Ce dernier avait choisi Nagasaki, une cible secondaire, à la place de Kokura, sa destination initiale. La bombe fit au moins 40000 victimes civiles. Huit jours plus tard le Japon capitulait. La Fille qui sauva Hiroshima est un petit roman de Stéphane Desienne. Le dernier en date. C'est une uchronie dans laquelle – tu l'auras noté, lecteur – le bombardement d'Hiroshima, historiquement le premier, fut un échec dont le monde n'eut jamais connaissance. Un échec sur lequel enquête, quinze ans plus tard et à la demande du Président des Etats-Unis, un historien a...

Les arbres ne montent jamais jusqu'au ciel


Nouveau petit opuscule du Cepremap. Un peu ardu pour le grand public dans sa deuxième partie (quoique...), mais de très grande qualité.
Chef de file de l'école des conventions, André Orléan livre ici son analyse de la crise financière de 2007-08. Dans "Neuromancien", William Gibson décrit la Matrice comme "une hallucination consensuelle". Pour Orléan, la valeur des actifs financiers est aussi une hallucination consensuelle. A l'opposé des tenants de l'orthodoxie pour qui la valeur des actifs reflète toujours plus ou moins les fondamentaux des entreprises et de l'économie, les conventionnalistes considèrent qu'elle n'est que le résultat d'un accord implicite et quasi-inconscient entre intervenants (comme dans le célèbre exemple du Concours de beauté de Keynes). Plus précisément, les oscillations de prix autour d'hypothétiques valeurs fondamentales sont d'une extrême intensité, comme l'affirmait déjà Dornbush il y a quelques années. Alors Orléan développe la thèse, minoritaire dans le monde économique, suivant laquelle les marchés financiers ne sont pas efficients. Il explique comment, sur les marchés spéculatifs, la demande augmente avec le prix et baisse avec lui, à l'opposé de ce qui se passe normalement sur les marchés de biens. Ce phénomène a deux conséquences liées : l'apparition spontanée de bulles spéculatives et la grande difficulté à sortir de la spirale dépressive quand elle est enclenchée, forçant alors l'Etat à intervenir à grand renfort d'argent public. En d'autres termes, les marchés ne sont pas efficients et bulles et dépression sont normales. Se pose alors la nécessité de contrôler étroitement le secteur financier afin d'éviter les crises globales comme celle qui vient d'avoir lieu. A l'opposé de la doxa propagée par le banque centrale US, il importe, pour l'auteur, de recloisonner les marchés afin de circonscrire les crises. La finance globalisée, théorisée et mise en œuvre notamment par Alan Greenspan, ne souffre pas d'une régulation insuffisante, elle est, pour Orléan, impossible à réguler. Décloisonnée pour favoriser la liquidité, et ainsi une meilleure allocation mondiale des ressources financières, la finance se retrouve aujourd'hui hors de tout contrôle, notamment à cause du hors-bilan et des produits structurés, au risque impossible à évaluer. Après la crise de 1929, le secteur financier avait été corseté pour éviter d'autres crises ; il s'est libéré de ce corset durant les années 80 ; il est urgent de remettre le corset en place et de serrer fort, même au prix d'un léger ralentissement de la croissance mondiale.
De l'euphorie à la panique, penser la crise financière, André Orléan

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