La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

L'homme qui valait moins qu'un kopek


"Le dernier de son espèce" est un roman d'Andréas Eschbach, le génial auteur de "Des milliards de tapis de cheveux". Dans un genre complètement différent c'était une véritable réussite. Qu'en est-il du "Dernier de son espèce" ?
Tout le monde se souvient je pense de "L'homme qui valait 3 milliards", série culte des années 70 dans laquelle Steve Austin, astronaute (joué par l'inénarrable Lee Majors), devenait le premier homme bionique et travaillait pour les services secrets ; dans "Le dernier de son espèce", le programme a vraiment existé. Des cyborgs ont été créées en ajoutant des parties bioniques à des soldats pour en faire des surhommes. Ils y ont gagné une énorme puissance physique, mais y ont énormément perdu en terme de qualité de vie. Puis le programme a été abandonné et tous se sont dispersés. Ils ont vieillis, leurs implants ont vieilli aussi. Ces surhommes déchus connaissent simultanément un vieillissement organique et un vieillissement mécanique, après avoir fait le deuil de leurs illusions (il y a du Faust et de l'Icare dans ces hommes). Et pour couronner le tout, après dix ans de retraite anticipée, le passé les rattrape.
"Le dernier de son espèce" est un superbe roman. Il parle de manière très émouvante de la vieillesse et de la désillusion. Il est une interrogation sur la "vie bonne", et sur l'utilisation qu'on doit faire du temps si on ne veut pas le gaspiller alors qu'il est la seule chose précieuse et la seule vraie propriété de l'homme. Il est un éloge du stoïcisme comme moyen de supporter la vie et son adversité (le héros du livre est tellement convaincant que j'ai commencé, comme lui, à lire Sénèque, dont les pensées servent d'exergue à chaque chapitre). C'est aussi une histoire de trahison et de dissimulation, de celles dans laquelle la moindre information fait l'objet de rétention, car après avoir passé une vie à mentir il est impossible de traiter la vérité d'une manière simple.
Le personnage principal est magnifiquement développé et il est impossible de ne pas compatir à ce qu'il subit, tout en admirant la sérénité que la philosophie a fini par lui apporter (la fin est à cet égard exemplaire). Dans le huis-clos extérieur que constitue le petit village irlandais où se déroule l'action, ce vieux soldat déchu met en application la sagesse stoïcienne dans un détachement progressif qui l'amène à accepter ce que les stoïciens appellent "les choses sur lesquelles l'homme n'a pas de prise".
Voici donc un beau livre, émouvant et intelligent (et très lisible par quelqu'un qui n'est pas un lecteur habituel de SF, pensez à vos jeunes amies).
Le dernier de son espèce, Andréas Eschbach

La critique d'Efelle

Commentaires

Anonyme a dit…
Ca fait un bon moment que je lorgne sur celui ci... Va bien falloir que j'y vienne.
Gromovar a dit…
Viens-y. La couverture m'a longtemps retenu, j'ai eu tort.
Munin a dit…
J'ai un excellent souvenir des milliards de tapis de cheveux, mais aussi de Station Solaire, au thème plus classique mais parfaitement maîtrisé. Je vais donc également récupérer celui-ci pour l'insérer dans ma pile. Merci du billet !
Efelle a dit…
Vraiment chouette !
Merci !