Chasseurs de sève - Ristorcelli - Genefort - Sauvetre

Juste quelques mots pour dire qu'est sortie l'adaptation BD du roman Chasseurs de sève de Laurent Genefort. Publié pour le première fois en 1994 au Fleuve, puis ressorti - dans une version revue et corrigée - en 2019 chez Citric, ce court texte se situe dans l'univers des Portes de Vangk (même si ici des portes on n'aura ni vue ni connaissance) . L'Arche est un arbre-monde. Dans ses branches et frondaisons vivent des humains divisés en tribus nommées famil , ainsi que des quasi-humains, les Antropes. Tout ce monde a un niveau technologique faible, proche de celui des sociétés lignagères terrestres. Piérig est le sourcier du famil des Arpenteurs de gouffre. Il est de ces rares élus capables de comprendre la sève qui irrigue l'arbre et d'en utiliser les vertus. Alors qu'il rentre d'une expédition d'étude qui lui a permis de vérifier que l'arbre (le seul habitat des humains) était malade, il tombe sur une scène de cauchemar. Son clan est atta

Sine Deo


"La voix du feu" est une création d'Alan Moore. Pour ceux à qui ce nom ne dirait rien (puisse leur vît noircir et tomber), le monsieur est celui qui a écrit les monuments de la BD que sont, en vrac, Watchmen, V for Vendetta, La ligue des gentlement extraordinaires, From Hell ou encore Lost Girls.
Dans "La voix du feu" il utilise une forme originale. L'ouvrage se présente comme un recueil de nouvelles, 12 textes qui chroniquent sur 6000 ans la vie de Northampton, la ville dont l'auteur est originaire. Mélant éléments historiques et oeuvre d'imagination, réel et fantastique, Moore crée un recueil de textes liés par des savoirs et des légendes qui se transmettent d'une époque à une autre. Ainsi c'est une sorte de roman fragmenté qu'on lit plutôt qu'un ensemble de textes indépendants. Northampton est filmée sur 6000 ans par l'auteur qui extrait 12 instantanés de son film pour nous les montrer ; le décor est toujours le même, les acteurs changent.
Que se passe-t-il donc à Northampton durant ces 6000 ans ? On est en terre païenne et les traditions ne se perdront jamais. On allume des feux pour apaiser les dieux ou obtenir la fertilité agricole. On décapite chaque fois que c'est nécessaire. On vole. On assassine. On copule. Des créatures anciennes et maléfiques parviennent à se glisser par les interstices entre chien et loup pour courir dans les marécages, les morts ne vont pas dans un Paradis inexistant mais ils restent à monologuer à Northampton, etc... Les histoires sont fantastiques, effrayantes, amusantes, jamais banales.
Chaque nouvelle a un style écrit parfaitement adapté à son époque et à son narrateur. La plus impressionnante est sûrement la première, écrite en ce qu'on peut supposer le langage infra-conceptuel d'un idiot du néolithique. Ces 60 pages écrites au présent avec 50 mots de vocabulaire sont passionnantes. On adhère au personnage, on espère avec lui puis on souffre avec lui. C'est un véritable tour de force d'écrire une vraie histoire avec de telles contraintes. A elle seule elle justifie de lire le recueil. Les onze suivantes sont toutes aussi plaisantes (comme toujours dans un recueil, on en aime certaines plus que d'autres), avec comme dans la première un style parfaitement adapté au contexte, ce qui constitue l'un des grands plaisirs ressentis à la lecture de cet ouvrage (le traducteur a du se régaler).
Alan Moore est un païen et il nous livre une oeuvre achristianisée. Ses textes regorgent de mort, de feu, de pisse, de désir sexuel, d'imprécations contre Dieu. le ciel est vide, seul le sous-sol recèle une vie surnaturelle, toujours connue, jamais vue. Je l'ai lu par hasard en français mais je pense, pour les anglophones, que la version anglaise doit être exquise.
La voix du feu, Alan Moore

L'avis de Lelf

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