Mariana Enriquez - Un lieu ensoleillé pour personnes sombres

Des voix magnétiques, pour la plupart féminines, nous racontent le mal qui rôde partout et les monstres qui surgissent au beau milieu de l’ordinaire. L’une semble tant bien que mal tenir à distance les esprits errant dans son quartier bordé de bidonvilles. L’autre voit son visage s’effacer inexorablement, comme celui de sa mère avant elle. Certaines, qu’on a assassinées, reviennent hanter les lieux et les personnes qui les ont torturées. D’autres, maudites, se métamorphosent en oiseaux. Les légendes urbaines côtoient le folklore local et la superstition dans ces douze nouvelles bouleversantes et brillamment composées, qui, de cauchemars en apparitions, nous surprennent par leur lyrisme nostalgique et leur beauté noire, selon un art savant qui permet à Mariana Enriquez de porter, une fois de plus, l’horreur aux plus hauts niveaux littéraires. Un lieu ensoleillé pour personnes sombres , le dernier recueil de nouvelles de Mariana Enriquez, sort en VF aux Editions du Sous-Sol dans une trad...

Fragments de rose en hologramme


William Gibson est (était ?) un grand homme. Il a révolutionné la SF avec son premier roman "Neuromancien" qui créa le genre Cyberpunk. La "matrice", représentation sensorielle du réseau de données directement envoyée dans le cerveau humain via une interface neurale, dans laquelle se plongent les pirates informatiques pour des hacks qui peuvent leur couter la vie, est une superbe invention de science-fiction. Il a développé les concepts d'Intelligence artificielle autonome et de constructs (copie d'une personnalité humaine dans un système informatique) - Greg Egan fera, 10 ans plus tard, de la notion de constructs le coeur de son roman "La cité des permutants". Il a enfin imaginé le monde actuel avec une impressionnante clairvoyance alors qu'il a écrit au milieu des années 80. Dans Neuromancien et ses suites il y a les connections mobiles au réseau informatique, l'omniprésence des marques, l'omnipotence de multinationales plus puissantes que des Etats, la banalisation de la pornographie et de ceux qui en font profession, la montée en puissance de l'Asie, l'ultra-violence des gangs, l'innovation permanente en terme de drogues. C'est alors logiquement qu'il a reçu pour ce roman les trois prix les plus prestigieux de la SF : le Hugo, le Nébula, le Philip K. Dick award.
William Gibson est donc un auteur capital dans l'évolution du genre. Aussi il faut saluer l'initiative de "J'ai Lu" qui publie en un seul volume "Neuromancien" et ses deux suites "Mona Lisa s'éclate" et "Comte Zéro", le recueil de nouvelles "Gravé sur chrome" (qui contient la belle histoire d'amour trahi "Fragments de rose en hologramme"), ainsi que des éléments d'analyse. Pour ceux qui n'auraient pas encore lu, c'est une superbe occasion.
Neuromancien et autres dérives du réseau, William Gibson

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