Horizons obliques - Richard Blake

Sortie demain de Horizons obliques , un one-shot SF de Richard Blake. Il y a des années que Jacob et Elena Armlen se sont perdus dans une dimension parallèle qu'ils tentaient de cartographier. Depuis aussi longtemps Adley, leur fille, veut les retrouver. Après un long entrainement elle part donc en quête de parents depuis trop longtemps absents, à travers des mondes incroyables, avec l'aide de ses grands-parents, d'un impressionnant appareillage technologique de voyage transdimensionnel, de ses dons de prescience, et d'un robot humanoïde nommé Staden. Si le scénario, plutôt contemplatif, pourra désarçonner certains lecteurs, on ne peut qu'être impressionné par la beauté envoutante des planches réalisées intégralement par un auteur qui est peintre avant d'être bédéaste (et dont c'est le premier album) . Dès la première page représentant un rêve d'Adley portant un ours polaire sur son dos on est saisi par le style et la qualité graphique de l'album. L&

The Lesser Dead - Buehlman - Lumpenvampirat


"The Lesser Dead" est un roman de vampire de Christopher 'Ceux de l'autre rive' Buehlman, et c'est un livre aussi bon qu'original.

New York 1978. La ville n'est pas à son meilleur. Sale, dangereuse, percluse d'inégalités, elle est en train de devenir cette ville où des homeless nombreux s'abritent pour (sur)vivre dans les souterrains de la ville, où les industries du porno et du sexe fleurissent, où déambuler dans Central Park la nuit est quasi suicidaire, où punk et disco coexistent entre Studio 54 et CBGB. Nightclubbing pour les uns, cardboard shelters pour les autres.

Dans ce New York-là, inconnus de tous, vivent des vampires, notamment le petit gang « familial » auquel appartient Joey. Joey a soixante ans et l'apparence du garçon de quatorze ans qu'il était lorsque Margaret, par vengeance, le changea en créature de la nuit. Depuis, du temps est passé, et Joey vit au sein de la petite « famille » de Margaret. On y trouve, arrivés d'ici ou de là, Old Boy, Billy, Luna, ou encore Cvetko, entre autres.

A contre-courant d'une tradition vampirique établie par le cinéma classique, les vampires de Buelhman ne sont pas des aristocrates élégants, en tout cas pas ceux de la « famille » de Joey. Cachés dans les stations abandonnées du métro new-yorkais, plus bas encore que les homeless, ils forment un lumpenprolétariat vampirique qui survit dans les marges, les franges, les interstices, y rampent, y grimpent, y crapahutent. Dirigés par Margaret, qui fait respecter à tous certaines règles de loyauté et de sécurité, ils vivent en parasites, charmant les humains pour satisfaire leurs besoins. Ils peuvent ainsi s'en nourrir sans les tuer (par discrétion), les voler pour se procurer de l'argent, obtenir des relations sexuelles, voire se créer de petites familles de substitution auprès desquelles ils aiment parfois passer un moment presque normal.
Dans la ville vivent aussi, ailleurs, des vampires plus anciens et plus fortunés, mais Margaret et son gang, tout en bas de l'échelle, n'ont que peu de contacts avec ces « nantis ». Eux sont plutôt, géographiquement autant que symboliquement, quelque part entre les rats et les poux.

"The Lesser Dead" est le journal à la première personne de Joey. Il s'y raconte, avec le ton casual de quelqu'un à qui sa vie ne déplaît pas et qui y trouve même bien des avantages. Joey n'est ni un vampire maléfique (il est, de fait, plutôt décent), ni un non-mort torturé à la Louis. Il est un vampire, depuis bientôt 45 ans, et comme quiconque il essaie de tirer le meilleur partie de ce qu'il est et de vivre une vie agréable. Entouré de sa petite « famille », très proche de l'Européen cultivé Cvetko qui voit en lui un fils putatif, le petit con gâté qu'il fut a cédé la place à un « adulte » correct, amical, compatissant, qui ne fait que vivre en conformité avec sa nature ; il a besoin de sang pour vivre et il le prend là où il se trouve. Au fil des pages, on découvre son histoire, ses petits secrets, ses rêves et ses espoirs, ainsi que ce qu'il sait de la biologie vampirique ou des règles de comportement qui s'imposent aux non-morts, qu'elles aient été édictées par Margaret ou qu'elles soient communes au sein des communautés vampiriques. On entre ainsi dans son intimité, celle d'un exclus objectif qui s'est trouvé un petit groupe cohésif qui compte pour lui et pour qui il compte.

Et voilà qu’apparaissent, dans ce petit monde organisé, quelques très jeunes enfants vampires qui vont bouleverser la donne. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Qui les a changés - en dépit de toutes les règles réprimant la transformation d'enfants ? Quand cela s'est-il produit ? Et surtout, sachant que ces petits violent toutes les règles de sécurité de Margaret, que faire d'eux ? De là, tout va basculer dans l'horreur, d'abord et surtout pour les vampires eux-mêmes.

Avec "The Lesser Dead", Buehlman livre un ouvrage aussi innovant qu'agréable. Il montre des vampires au sort objectivement peu enviable qui se cachent comme des rats d'égout et vivent de ce qu'ils agrippent en cachette. Il en fait les victimes potentielles d'une adversité incontrôlable. Il les montre en dissimulation permanente, en recherche d'amour ou d'affection, en quête de sécurité. Celui qui nous introduit à eux, Joey, est un personnage attachant qui s'ouvre complètement au lecteur et lui exprime tant sa complexité que ses ambiguïtés. Son destin et son histoire ne laissent pas indifférent, son ton enjoint à se prendre d'amitié pour lui.

IMPORTANT : le roman se termine sur un twist bouleversant, ne rien lire dessus (en particulier pas le résumé de Wikipedia), on y perdrait beaucoup.

The Lesser Dead, Christopher Buelhman

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