Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Postal Volume 1 - Hill Hawkins Goodhart - Asperger rulez !


"Postal" est un comic thriller horrifique de Bryan Edward Hill et Matt Hawkins.

Eden est une toute petite ville du Wyoming (pop : 2198), un lieu fondé par des criminels, où ne vivent que des criminels. La communauté est dirigée d’une main de fer par sa maire, Dana, en étroite collaboration avec Atticus, le pasteur, et Rory, le shérif, deux costauds guère plus amènes que leur édile.

Peuplée de criminels, Eden est un havre pour eux à une seule condition : on ne viole pas la loi. Toute transgression est punie de mort, il s’y exerce une justice aussi impitoyable qu’expéditive.

Au-delà du trio, Eden héberge quelques autres résidents notables. « Chef », un cuistot français bien mal embouché, Maggy, une serveuse douce et humaine, Robert, un indien taciturne, et surtout Mark, le postier local, atteint d’un syndrome d’Asperger, et accessoirement fils de Dana.

C’est Mark qui lance le récit, quand il remarque des actes délictueux qui entrainent l’exécution rapide d’un des membres de la communauté. Mais le vrai déclencheur, c’est la découverte au cœur de la ville du cadavre d’une femme inconnue, nue et torturée, le ventre marqué d’un message en latin (que ne comprendraient donc pas nos néo-collégiens). L’apparition brutale met en mouvement une série d’évènements qui font ressurgir un passé que les résidents auraient préféré laissé enfoui. Les turpitudes passées reviennent en lumière, lourdes de menaces pour la communauté, et Mark sera transformé définitivement par  une vengeance dont il est le centre.

Violence, secret, autoritarisme, c’est dans une bien sinistre communauté que le lecteur est convié à pénétrer. Il le fait pourtant, irrésistiblement attiré par l’étrangeté des lieux et la certitude de révélations à venir, il y reste avec plaisir au contact des personnages.
Il y a bien sûr l’attrait pour les freaks, le frisson du bizarre, bien connu de vous, lecteurs, mais, surtout, "Postal" est l’occasion d’assister à l’émancipation de deux personnes dominées. Sous-estimé par tous, sans cesse en dialogue interne et slalomant entre les faux pas sociaux, Mark fera de son syndrome, de son attention aux détails, à tous les détails, une force (qu’il acquiert néanmoins the hard way) comparable à celle de Sherlock Holmes, contre une ville qui ne l’aime pas et une mère qui ne l’apprécie guère. Maggy, sous la coupe d’un salopard extérieur à la ville, prendra aussi, grâce à l’aide d’un Mark qui l’aime mais n’ose pas le lui dire, son destin en main, à la manière d’Eden, brutale et déterminée.

Mystère, tension, rapidité, sont des points forts du comic, mais c’est surtout la transformation en papillon de la chenille Mark qui fascine ainsi que ses adresses au lecteur à qui il explique sa particularité. Première plongée en profondeur dans l’illustration d’un syndrome d’Asperger dans le monde du comic à ma connaissance, "Postal" a la bonne idée de le faire à partir d’une histoire horrifique située dans le wilderness US plutôt qu’au travers des aventures en noir et blanc d’un CSP+ parisien. Tant mieux. Les graphismes sont plaisants et réalistes, mis à part un ou deux bugs évidents de placements de caractères ou de dessins sur des corps, un peu ratés, et des proportions pas toujours nickels.

Postal, Volume 1, Hill, Hawkins, Goodhart

Commentaires