Le Geôlier - Florian Quittard

Lieu indéterminé, date indéterminée. Un de ces espaces-temps incertains qui m’évoquent immanquablement Kafka. Qu’on peut attribuer aussi à Olga Tokarczuk ou à Karin Tidbeck , pour ne citer qu’elles. Saul Geôlier est gardien de prison. Oui, Saul Geôlier est geôlier, ce qui n’est pas absurde tant il ne fait qu’un avec un emploi et une fonction qui semblent être ses seules occupations. Il vit seul dans une petite cabane non loin de la prison où il officie. Il fait chaque soir le chemin qui relie sa cabane à la prison. Il prend son tour de garde nocturne auprès de prisonniers avec lesquels il a peu de contacts et de collègues qu’il fréquente à peine, sous les ordres d’un directeur qu’il n’a jamais rencontré. Au matin, sa garde accomplie, il rentre à la cabane. Il y collectionne les yeux des prisonniers (il faut lire pour comprendre) . Tous les jours, tous les soirs, tous les matins. Sans changement, sans promotion, sans perspective. Mais ce soir, le premier du livre, est spécial. Ce soir,...

Archéopolitique islandaise


Suite de la saga "Northlanders" avec ce second volume intitulé "Le livre islandais". Rappelons qu’Urban Comics a décidé de publier en France la série en regroupant les épisodes par zone géographique.
Une présentation détaillée de la série a été faite ici.

Ce tome 2 est plus court que le premier (312 pages seulement). Il est aussi moins intense. Dommage.

Quatre récits dans le volume :

Sur aucune carte, en 760, imagine une première visite, avortée, des vikings en Islande. Dispensable.

Sven l’immortel, suite du Sven le revenant du premier tome, est l’occasion de rencontrer un Sven vieilli, espérant la paix et le calme pour ses dernières années et les premières de ses enfants. L’attaque d’un groupe de jeunes hommes ambitieux oblige le vieux héros à reprendre les armes pour défendre, dans le sang, sa tranquillité et l’avenir des siens.

La jeune fille dans la glace nous montre encore un vieux viking. Découvrant un mystérieux cadavre, il décide de le « protéger ». En des temps troublés par les guerres entre clans, il finira par le payer très cher.

Enfin arrive la vraie saga de l’ouvrage, La trilogie islandaise.
Passionnant récit dans lequel le lecteur voit se construire une dynastie régnante ; on s’y rappelle que le premier roi fut un guerrier heureux. De 871 à 1260, on assiste à l’ascension des Hauksson et à celle, parallèle, de leurs ennemis héréditaires, les Belgarsson. A travers les aventures de plusieurs membres successifs de la famille Hauksson dont il contemple grandeur et décadence, le lecteur entre dans la réalité de la politique viking entre guerres de conquête, raids, et commerce. On y voit fonctionner l’althing, l’assemblée des clans où sont prises démocratiquement les décisions pour la grande communauté. On y voit les pressions norvégiennes pour mettre l’Islande en coupe réglée. On y voit aussi, encore, l’avancée inexorable du christianisme, gagnant le peuple sans oublier de forcer les puissants à la conversion. Si les missionnaires chrétiens n’apportent jamais avec eux la paix qu’ils prêchent, ils procèdent à une mise en coupe réglée des régions qu’ils investissent, jouant autant sur les alliances guerrières que sur le développement du commerce entre territoires chrétiens. Le résultat est inévitablement l’ethnocide et la soumission plus ou moins complète à la politique des prélats.
Après la fin du récit, en 1262, le Vieux Pacte est signé. L’Islande indépendante s’unit, à son corps défendant, au Royaume de Norvège et à lui prête allégeance. Elle ne recouvrera son indépendance qu’au XXème siècle.

Northlanders t2, Le livre islandais, Wood et al.

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