La Nuit ravagée - Jean-Baptiste Del Amo

Milieu des années 90, Saint-Auch (une petite ville résidentielle non loin de Toulouse) , entre les lotissements des Acacias et des Genêts. Alex, Max, Mehdi et Tom sont quatre copains d'enfance auxquels vient de s'adjoindre Léna, qui arrive de Montauban. Les cinq vivent la vie des lycéens de l'époque, et même si Léna, nouvelle venue, est à la fois plus proche de Mehdi que des trois autres et de surcroît une fille, la bande s'entend bien et partage à peu près tout. Ils traînent leurs espérances – qui à défaut d'être grandes ont au moins le mérite d'exister – entre les pavillons de leurs parents, le lycée Melville, et les serres désaffectées dont ils ont fait leur base. Une vie sans originalité ni aspérité, c'est ce qui caractérise le quotidien des cinq amis, de leurs familles et de leur voisinage. Mais à Saint-Auch, un lycéen est mort récemment dans des conditions qu'on dit étranges, et il y a, aux Genêts, cette maison abandonnée au bout de l’impasse des O...

Luminary 2 - Black Power - Brunschwig - Perger


Bon, parfois il faut prendre des décisions des décisions radicales, comme par exemple de faire une brève revue de BD, parce qu'on vient d'en lire quatre et qu'on n'a pas vraiment le temps de faire de tout ça une recension détaillée (restent plein de fraises à cueillir, Sibeth comprendra).

Sortie du tome 2 de la nouvelle série Photonik revisitée par Brunschwig et Perger, titrée "Black Power". 

Ce pouvoir noir dont parle le titre c'est celui, pense-t-on d'abord, des Black Panthers, injustement accusés dans le tome 1 d'avoir causé la catastrophe new-yorkaise et ses centaines de morts. Black Panthers forcés depuis de défendre les armes à la main la communauté noire attaquée dans tout le pays sous les yeux d'une police complice qui laisse faire émeutes, lynchages, pogroms, alors que les médias chantent la chanson de la Maison Blanche qui fait des Panthers les responsables de l'attentat.

Mais, de fait, c'est du pouvoir noir qui se dissimule au cœur de la Maison Blanche qu'il s'agit vraiment. Pouvoir nourri dans le sein d'un président Carter trop confiant pour imaginer ce qui se trame sous ses yeux et à quel niveau de vilenie sont capables d'aller certains politiques ou militaires convaincus qu'il leur faut rendre aux USA une « grandeur » perdue lors de l'abandon de Saïgon causée par « l'influence pernicieuse des gauchistes ». Et qu'ils peuvent pour cela violer tant les principes que la légalité.

Dans le chaos politique et sociétal causé par les événements en cours, au cœur d'une conflagration raciale, Darby – le bossu transformé en super-héros – est une victime (comme durant toute sa vie jusqu'ici), un pion, un enjeu, et un enemi of state bien commode à offrir à la vindicte populaire sans oublier d'ajouter une cerise sur le gâteau en affirmant qu'il travaille (bien sûr) avec les Black Panthers.

Toujours aussi désorienté, et perdu par un contexte qui le dépasse, le jeune homme devenu surpuissant – mais dont les pouvoirs son encore très capricieux – rencontre enfin le jeune Billy, le petit garçon noir du tome 1 qui avait fui un Sud devenu trop dangereux pour lui et tombe à New-York de Charybde en Scylla car les émeutes raciales l'y rattrapent. Billy, un garçon doté d'un pouvoir très particulier, un garçon bon aussi, avec qui Darcy s'associe tout à la fin de l'album.

A coté de l'action pure (et il y en a quantité), Brunschwig, comme toujours, développe avec grande empathie des personnages attachants, y compris pour des seconds rôles comme la prostituée droguée Pao ou les divers salopards qui gravitent autour des personnages principaux.

C'est donc un bien plaisant album que celui-ci. Ses auteurs conservent assez du Photonik originel pour permettre une forme de nostalgie et apportent bien plus qu'une touche personnelle à une histoire qui est définitivement la leur. Et, last bot not least, c'est visuellement très beau.

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