Bog People - Hollie Starling

Bog People est une « Working-class anthology of folk horror » , éditée par Hollie Starling.   Working-class anthology car, dixit Starling en préface, les textes rassemblés dans ce volume parlent de cette classe populaire britannique qui est l’objet d’une attention ambivalente de la part des CSP+, dans une société où le système des classes est bien plus évident et prégnant qu’en France. Working-class anthology encore, car dixit toujours Starling, les auteurs réunis ici ont montré patte blanche sur leur appartenance présente ou passée à la classe populaire. Une forme de #OwnVoices donc. Fidèle à l’assertion de Max Weber selon laquelle il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César, je suis toujours aussi peu fan de cette approche ; nous verrons bien, rien ne dit que ça nuise.   Folk horror ensuite car c’est du peuple tel qu’en lui-même que veulent nous parler ces textes, de ce peuple britannique qui continue à exister loin de la modernité mo...

Ce matin Maman a été téléchargée - Gabriel Naëj - Retour de Bifrost 95


France, 2050 environ. Une technique nouvelle permet de numériser la conscience individuelle des mourants. Largement illégale, la procédure est néanmoins pratiquée par une discrète clinique proche d'un mouvement sectaire : la Voie du futur. Se faire numériser, c'est la décision qu'a pourtant prise Michèle Vidal, une vieille dame qui est incidemment la mère d'un fils unique, Raphaël. Au grand dam de celui-ci.

Cerise sur le gâteau, Michèle, non contente de se faire numériser, organise un download de sa conscience numérique dans le corps d'un robot de service domestique – et pour que ce soit vraiment drôle elle choisit un modèle nommé « pulpeuse », en d'autres termes une « bombasse » robotique. Le but avoué de l'opération est de rester pour l'éternité proche de son fils, de pouvoir continuer à l'aider, le conseiller, le soutenir, quoi que ce dernier puisse en penser.

Elle va alors lui pourrir la vie, nuire à sa relation sentimentale, et provoquer un bordel sans nom en intervenant sur les réseaux comme un virus intrusif jusqu'à être perçue comme une menace par les services secrets. Car à sa présence physique, Michèle va ajouter la traque numérique de son fils, par le biais des lifelogs qui enregistrent tout ce que fait une personne, et quelques modifications manipulatrices de la réalité augmentée du pauvre garçon et de son entourage.

Que ce livre est mauvais !

Style appliqué et consciencieux, futur si proche de nous qu'il n'a guère d'intérêt, banalité du contexte (un vaudeville quelconque comme seule illustration envisagée par l'auteur des questions posées par la numérisation des consciences), délires scientifiques censés être amusants (la puce porteuse de la conscience qui peut provoquer une explosion atomique si on essaie de la forcer), situations qui se veulent drôles et cocasses sans jamais l'être (la mère « pulpeuse » dont l'auteur ne fait rien du physique), personnages taillés à la hache – l'épitomé de la caricature étant atteint avec Michèle, sorte de mère juive abusive entre Madame Sarfati et la Marthe Villalonga d'Un éléphant ça trompe énormément. Et puis des services secrets qui apparaissent par flashes et semblent, dans leur ton et leurs résultats, devoir plus aux Tontons Flingueurs qu'à Matrix. S'y ajoutent un sexisme bon enfant à bas bruit qui aurait été normal seulement dans un roman écrit il y a cinquante ans, une marchande de fleurs, des phrases involontairement drôlatiques « Parée par toi, je me sens digne d’affronter le monde », et un lexique vieux, même les prénoms sont vieux.

J'arrête là, je ne voudrais pas tirer plus sur l'ambulance qui, un jour, emporta Michèle. "Ce matin, maman a été téléchargée" est un roman pour vieilles gens qui veulent s'initier aux dangers d'une modernité bien mystérieuse sans perdre pour autant leur bonne humeur. Ils pourront l'acheter pour la bibliothèque de l'Ehpad, ou se le faire lire par le facteur de Veiller sur mes parents lorsqu'il passera prendre le café.

Ce matin Maman a été téléchargée, Gabriel Naëj

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