La Nuit ravagée - Jean-Baptiste Del Amo

Milieu des années 90, Saint-Auch (une petite ville résidentielle non loin de Toulouse) , entre les lotissements des Acacias et des Genêts. Alex, Max, Mehdi et Tom sont quatre copains d'enfance auxquels vient de s'adjoindre Léna, qui arrive de Montauban. Les cinq vivent la vie des lycéens de l'époque, et même si Léna, nouvelle venue, est à la fois plus proche de Mehdi que des trois autres et de surcroît une fille, la bande s'entend bien et partage à peu près tout. Ils traînent leurs espérances – qui à défaut d'être grandes ont au moins le mérite d'exister – entre les pavillons de leurs parents, le lycée Melville, et les serres désaffectées dont ils ont fait leur base. Une vie sans originalité ni aspérité, c'est ce qui caractérise le quotidien des cinq amis, de leurs familles et de leur voisinage. Mais à Saint-Auch, un lycéen est mort récemment dans des conditions qu'on dit étranges, et il y a, aux Genêts, cette maison abandonnée au bout de l’impasse des O...

Le cycle de Linn - A.E. Van Vogt - Retour de Bifrost 88


A. E. Van Vogt est l'un des maîtres incontestés de la SF américaine classique, connu en France pour ce Monde du A que traduisit Boris Vian, comme Baudelaire Poe en son temps. "Le cycle de Linn" (L'empire de l'atome et sa suite directe Le sorcier de Linn) est moins notoire. A juste titre imho.

Fix-up rassemblant cinq histoires publiées dans Astounding, le premier roman se passe en 12000 environ, sur Terre. Relevée d'une apocalypse nucléaire passée qu'on devine, l'humanité a fondé une société impériale qui vénère les dieux de l'atome (uranium, etc.). Politiquement c'est un empire calqué sur l'empire romain d'avant les empereurs fous. Patriciens, chevaliers, plébéiens, esclaves, intrigues de cour, assassinats politiques, rebelles aux marches (Mars et Vénus), armée organisée en légions commandées par des généraux plénipotentiaires, c'est transparent au point d'en être gênant. A fortiori quand on réalise que, techniquement, cette race spatiopérégrine ignore l'électricité, communique par pigeons, combat avec épées, lances, et flèches, après être descendue de vaisseaux spatiaux qui ne sont que de grosses barges de débarquement. La transcription que fait Van Vogt du I, Claudius de Robert Graves (de l'assassinat de César à celui de Caligula) sautera aux yeux de qui connaît un peu l'histoire romaine même s'il n'a jamais ouvert le Graves.

Le cycle raconte les luttes pour le pouvoir à la cour impériale de Linn, sur Terre d'abord, puis dans l'espace (Le sorcier de Linn) quand l'empire doit survivre à une brutale invasion étrangère. Son héros est Clane, petit-fils de l'empereur régnant et, hélas pour lui, mutant difforme. Protégé par un savant débonnaire du sort funeste réservé aux mutants, Clane devient un jeune puis un adulte d'une intelligence stupéfiante qui conseille les princes, dirige des armées, redécouvre la science ancienne, et se fait nombre d'ennemis qui rêvent de l'éliminer. Il trouvera son meilleur allié en la personne d'un général barbare vaincu et finira par diriger l'empire après l'avoir sauvé. Honnête et honorable, Clane, s'il se méfie des mouvements de la foule autant que Tarde et Le Bon réunis et doit parfois sacrifier à contrecœur aux intrigues politiques, veut néanmoins abolir l'esclavage et changer la forme autocratique du régime. Lors de la guerre contre les Riss ('Russes'), il cherche à éviter l’extermination mutuelle en prônant une coexistence pacifique garantie par une forme locale de dissuasion. Empire romain mâtiné de Guerre froide et de course aux armements.

Ces deux romans expriment donc l'inquiétude atomique de l'époque plus quelques valeurs et idées politiques. Hélas, elles sont bien mal servies par un texte discutable : invraisemblances scientifiques et techniques, développements sociopolitiques basiques, personnages fantomatiques mis à part les deux ou trois principaux, motivations des acteurs pas toujours compréhensibles, comportements parfois petit-bourgeois, et ne parlons pas de la bulle contenant l'univers en réduction ou des paysans téléporteurs, entre autres. On n'excusera que l'approche assez machiste, caractéristique de l'époque plutôt que de l'auteur. Et puis aussi il y a cette écriture, scolaire, où distance, effectifs, termes des alternatives ou motivation des choix sont listés et décrits comme par un élève consciencieux. Rapide à lire mais impossible à prendre vraiment au sérieux.

PS : Les points communs entre Clane et le Mulet d'Asimov sont troublantes, d'autant que les dates coïncident.

Le cycle de Linn, A.E. Van Vogt

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