Bog People - Hollie Starling

Bog People est une « Working-class anthology of folk horror » , éditée par Hollie Starling.   Working-class anthology car, dixit Starling en préface, les textes rassemblés dans ce volume parlent de cette classe populaire britannique qui est l’objet d’une attention ambivalente de la part des CSP+, dans une société où le système des classes est bien plus évident et prégnant qu’en France. Working-class anthology encore, car dixit toujours Starling, les auteurs réunis ici ont montré patte blanche sur leur appartenance présente ou passée à la classe populaire. Une forme de #OwnVoices donc. Fidèle à l’assertion de Max Weber selon laquelle il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César, je suis toujours aussi peu fan de cette approche ; nous verrons bien, rien ne dit que ça nuise.   Folk horror ensuite car c’est du peuple tel qu’en lui-même que veulent nous parler ces textes, de ce peuple britannique qui continue à exister loin de la modernité mo...

La peau sur les os - Stephen King - Retour de Bifrost 80


"La peau sur les os" est l’un des sept romans publiés par King sous le pseudo Richard Bachman.

On y côtoie, sur plus de 300 pages, William Haleck, riche avocat de 114 kilos (au début), nanti d’une femme et d’une fille respectivement nommées Heidi et Linda. Meurtrier involontaire d’une vieille gitane qu’il a écrasé en voiture, William, bien en cour à Fairview, la localité aisée où il vit, est acquitté par son ami le juge Rossington, après une enquête bâclée par la police locale qui, pour faire bonne mesure, expulse les gitans de la ville. Entre affaires gagnées et parties de golf, la vie pourrait reprendre son cour pour ce gagnant du rêve américain. Mais, à la sortie du tribunal, un vieux membre du clan, excédé, l’a touché et lui a dit un seul mot : « Maigris ! ». Quand William commence à perdre du poids, beaucoup de poids, sans raison médicale aucune, il doit se rendre à l’évidence : le gitan l’a maudit. Il lui fait maintenant retrouver le vieux et faire lever le sort avant d’en mourir, sans oublier de se cacher de son entourage qui le prend pour un fou.

Il y a de bonnes choses dans "La peau sur les os". King décrit avec une justesse impressionnante les affres du malade qui visite le déni avant de s’avouer son infortune. Son William met en œuvre quantité de petites stratégies puériles pour modifier ou dissimuler les symptômes, leur cherche une explication aussi logique que rassurante, veut éviter son médecin (car seuls les malades voient un médecin), avant d’être obligé de lâcher l’affaire et d’admettre l’abjecte vérité. King oppose aussi avec pertinence la vie aussi vide de sens qu’indifférente aux autres de la upper-middle class et l’existence difficile de gitans traités comme des untermenschen par la population des braves gens, sans oublier de décrire avec drôlerie la « faune » qui hante les stations balnéaires du Maine. Il tricote enfin une histoire rapide et rythmée, un vrai thriller d’horreur qui agrippe le lecteur et ne le lâche plus tant il veut savoir comment tout ça va finir.

Mais tout n’est pas bon. L’amitié à la vie à la mort de William avec le mafieux italien Richard Ginelli, si importante pour le récit, n’est guère crédible. La haine qu’il développe pour sa femme non plus, même si la lâcheté intellectuelle de celle-ci est en effet difficile à supporter. Quant au final, on peut trouver que King y cède à la facilité d’un effet de manche surprenant.

Pour apprécier "La peau sur les os" – c’est vraiment possible – il faut débrancher quelques temps son cerveau, voir le bon et passer à coté du moins bon, se comporter en somme comme un malade qui, pour sa tranquillité d’esprit, ne voit que ce qui l’arrange.

La peau sur les os,  Richard Bachman, Stephen King

Commentaires

Efelle a dit…
Sous son pseudo de Bachman, je conseillerais plutôt Chantier.
Cela dit on y trouve une des ficelles déjà présente dans La peau sur les os.
Gromovar a dit…
Jamais lu Chantier. Je le mets en liste pour un été prochain.