La Nuit ravagée - Jean-Baptiste Del Amo

Milieu des années 90, Saint-Auch (une petite ville résidentielle non loin de Toulouse) , entre les lotissements des Acacias et des Genêts. Alex, Max, Mehdi et Tom sont quatre copains d'enfance auxquels vient de s'adjoindre Léna, qui arrive de Montauban. Les cinq vivent la vie des lycéens de l'époque, et même si Léna, nouvelle venue, est à la fois plus proche de Mehdi que des trois autres et de surcroît une fille, la bande s'entend bien et partage à peu près tout. Ils traînent leurs espérances – qui à défaut d'être grandes ont au moins le mérite d'exister – entre les pavillons de leurs parents, le lycée Melville, et les serres désaffectées dont ils ont fait leur base. Une vie sans originalité ni aspérité, c'est ce qui caractérise le quotidien des cinq amis, de leurs familles et de leur voisinage. Mais à Saint-Auch, un lycéen est mort récemment dans des conditions qu'on dit étranges, et il y a, aux Genêts, cette maison abandonnée au bout de l’impasse des O...

Jusqu'ici, tout va bien


Sortie du tome 2 de la série fleuve "14-18" par Corbeyran et Le Roux. Après la mobilisation et les premiers jours de la guerre, c’est à l’automne 1914 que s’intéressent les auteurs.

Les huit amis partis au front avec enthousiasme ou résignation commencent à comprendre que la guerre risque d’être plus longue qu’imaginée et que beaucoup n’en reviendront pas. La « fessée aux boches » se transforme lentement en calvaire pour tous. D’autant que l’armée française, mal préparée, est mal équipée, tant en matériel militaire que pour les objets du quotidien.

Le désespoir envahi certains des héros. Le fanatisme guerrier, d’autres. Les premiers hommes tués d’assez près pour avoir vu leurs yeux sont durs à avaler. Sans parler des hommes si déchiquetés par un obus qu’on se retrouve avec des morceaux sur soi ? Tous les objectifs se fondent en un : survivre.

A l’arrière, les femmes commencent à souffrir de l’absence des hommes qu’elles aiment. On réalisera bientôt qu’ils constituaient aussi le gros de la force productive du pays et que les indispensables réorganisations vont être colossales.

Au front, outre la bataille de la Marne, entrevue de loin, et son mythe des taxis, c’est aux premiers soupçons de blessures autoinfligées que s’attaque Corbeyran ; elle mèneront beaucoup d'hommes au peloton d'exécution. La série étant bien plus légère que le très documenté one-shot La faute au Midi – même si le mot « léger » ne paraît guère approprié – le biffin accusé de blessure volontaire s’en sortira comme une fleur (qui plus est, il était innocent).
Après la guerre, il brulera les dessins de guerre qu'un ami lui avait confié et ne voudra plus parler de son expérience. Trop d’horreur, trop de malheur. Rien ne sera transmis aux générations suivantes. Une des causes sans doute du bis repetita vingt ans plus tard.

14-18 t2, Les chemins de l'enfer, Corbeyran, Le Roux

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