La Nuit ravagée - Jean-Baptiste Del Amo

Milieu des années 90, Saint-Auch (une petite ville résidentielle non loin de Toulouse) , entre les lotissements des Acacias et des Genêts. Alex, Max, Mehdi et Tom sont quatre copains d'enfance auxquels vient de s'adjoindre Léna, qui arrive de Montauban. Les cinq vivent la vie des lycéens de l'époque, et même si Léna, nouvelle venue, est à la fois plus proche de Mehdi que des trois autres et de surcroît une fille, la bande s'entend bien et partage à peu près tout. Ils traînent leurs espérances – qui à défaut d'être grandes ont au moins le mérite d'exister – entre les pavillons de leurs parents, le lycée Melville, et les serres désaffectées dont ils ont fait leur base. Une vie sans originalité ni aspérité, c'est ce qui caractérise le quotidien des cinq amis, de leurs familles et de leur voisinage. Mais à Saint-Auch, un lycéen est mort récemment dans des conditions qu'on dit étranges, et il y a, aux Genêts, cette maison abandonnée au bout de l’impasse des O...

Monstrueuse parade


"Le Dieu Vampire" de Jean Christophe Chaumette est doté d'un titre trompeur. En effet, aucun vampire traditionnel dans ce roman. Désolé pour les jeunes filles fraichement nubiles.
Les vampires dont il est question ici sont de simples humains qui se sont illustrés par leur goût du sang et leur extrême cruauté. Tortionnaires, dictateurs, auteurs de génocides, ou dirigeants de camps de la mort, certains connus (Gengis Khan, Vlad Tepes) et d'autres anonymes, ils communient tous au culte d'un "dieu" antédiluvien qui se repait de souffrance. En contrepartie de leurs offrandes, ils obtiennent une grande longévité et une félicité incommensurable. Après des millénaires de secret absolu, une défection va révéler l'existence du culte à un psychiatre suisse qui va dès lors enquêter pour en apprendre plus. Au même moment, des fouilles archéologiques mettent à jour le tombeau de Gengis Khan, ainsi que ce qu'il contient. Mais la secte ne se laisse pas approcher sans danger, et elle protège ses mystères.
Construit comme un thriller, "Le Dieu Vampire" est palpitant de bout en bout ; c'est une sorte d'Echiquier du mal en beaucoup moins verbeux et beaucoup plus nerveux. Le récit est fluide et va à l'essentiel. L'enquête progresse à un rythme soutenu, les explications surviennent à intervalles réguliers (et elles ne sont pas complètement absconses ou incohérentes comme c'est malheureusement souvent le cas dans ce genre d'ouvrage), les atrocités commises par les membres du culte aussi. "Le Dieu Vampire" est très graphique dans sa violence, et ce roman n'est pas fait pour les lecteurs sensibles. Les "mauvais" le sont sans aucune limite ni retenue, drogués qu'ils sont à l'extase de la souffrance de l'Autre ; aucune rédemption n'est possible, sauf de manière très détournée. Ils sont fascinants et attirent irrésistiblement l'oeil, car l'Homme ne peut pas plus détourner son regard de la monstruosité que Baudelaire ne le pouvait de sa charogne. Hypnotisé, captivé comme par un serpent venimeux, on tourne frénétiquement les pages et on termine le livre en une soirée, essoufflé mais content.
Alors, "Le Dieu Vampire" est-il le thriller fantastique parfait ? La réponse est "non" à cause de deux éléments. D'une part, l'écriture est très plate, sans style notable, parfois très explicative, et l'auteur nous inflige même ces "yeux malicieux" que je ne peux plus supporter dans aucun livre. D'autre part, il faut accepter de faire abstraction d'une galerie de héros totalement invraisemblables. Entre le mathématicien paraplégique fort d'en haut, la grosse dondon indienne équipée comme James Bond, l'acupuncteur roi de la boxe chinoise, et la métisse frigido-midinette, il faut beaucoup d'indulgence pour ne pas se croire dans Freaks ; je n'en ai pas assez en moi. Ces amabilités posées, je veux redire que "Le Dieu Vampire" est un roman très agréable à lire, inspiré par les théories du sociologue allemand Wolfgang Sofsky ce qui ne gâche rien, que je recommande aux amateurs de thrillers fantastiques un peu musclés.
Le Dieu Vampire, Jean Christophe Chaumette

Commentaires